Meute Rainblood: La légende des bêtas

Chapitre 23

Pov Jessie

« L'humour développe notre sens des proportions et nous révèle que l'absurde rôde toujours derrière une gravité exagérée » Charlie Chaplin

Après avoir roulé pendant presque 40 minutes, nous arrivions enfin à la maison de mon frère. La tension avait été palpable dans l'habitacle de la voiture. Il y régnait une chaleur infernale, surtout dû aux deux grands gaillards qui se trouver sur la banquette arrière. Ils n'avaient pas été très heureux de ne pas pouvoir rouler eux-mêmes. Mais bon ils pouvaient déjà s'estimer content que j'accepte qu'ils viennent avec nous.

Chris, mon frère, m'avait refait tous un discours concernant le bien-être que peut m'apporter deux âmes-soeurs, la joie que je devais ressentir, et blablabla. Pendant ce temps-là, je m'étais habillé pour ma sortie de l'hôpital et j'avais réfléchi. Je pouvais bien leur laisser une chance de s'expliquer davantage. On ne dirait pas comme ça, mais je suis quelqu'un de très rationnel, et si on se transforme en loup devant moi, eh bien je ne pouvais pas nier le fait que les loups-garous existaient bel et bien.

Après être tous sortis de la voiture, nous allons nous installer dans le salon. Mon frère s'était mis sur son fauteuil préféré, et je mettais avachis sur le grand canapé. Bien sûr mes deux gardes du corps, TIC et TAC comme je les appelais dorénavant dans ma tête, c'étaient mis de part et d'autre de moi. Je voyais bien qu'ils essayaient de garder leur distance, mais après quelques secondes leurs mains s'accrochèrent à mes genoux. Ne voulant plus me disputer avec personne, je profitais de ce contact, car quoi qu'en dise ma raison, mon coeur et mon instinct me disaient de me laisser faire.

Au moment du premier contact je ressentis un léger courant électrique dans les jambes, pas désagréable du tout. Voyant que je ne leur interdisais pas le contact, les deux frères se détendirent un peu, et s'adossèrent contre le haut du canapé, tout en laissant leurs mains sur mes genoux.

Ma belle-soeur fit alors son entrée en nous servant des boissons chaudes: Thé pour moi, et cafés pour les autres. Je constatais que mes deux voisins foncèrent sur les tasses sans prendre la peine de rajouter ni lait, ni sucre. Apparemment ils aiment leur café bien corsé. Bizarrement, je me sens heureuse de connaître un petit détail sur leur gout. Car même si mon frère m'avait dit ce qu'ils étaient, je ne connaissais pas grand-chose sur eux, à part que mon corps réagissait à leur présence. Après quelques instants de silence assez gênant, je décide de prendre la parole:

- Bon, je suppose qu'il va falloir qu'on s'explique, et qu'on règle quelques détails. Tout d'abord, est-ce que vous pourriez m'expliquer davantage ce que sont les loups-garous? Et ensuite vous me direz ce que vous attendez de moi.

Les deux frères se crispèrent à mes paroles, apparemment ils n'aiment pas recevoir des ordres. Dommage pour eux, car je n'obéissais pas aveuglement, et j'aimais parler franchement. Tyler se décide à répondre:

- D'accord, nous allons tout te raconter. Ton frère t'a déjà expliqué la légende qui raconte la création de notre espèce. Je hoche la tête positivement. Donc je ne vais pas revenir sur cela. Sache que nous sommes mi-humain, mi-loup. Nous nous transformons pour chasser, courir avec notre meute, ou combattre. Notre loup fait partie intégrante de nous. Il ne peut pas nous parler avec des phrases, mais il peut se faire comprendre par, par exemple, ses émotions qui rejaillissent parfois quand nous sommes sous forme humaine. C'est un peu difficile à expliquer, car nous avons ce lien depuis la naissance, donc nous n'avons jamais connu autre chose. D'accord, c'est plus complexe que prévu. Il faudra que je demande à ma belle-soeur, de mieux me l'expliquer plus tard, car il paraît qu'elle est aussi une louve. Les loups sont divisé en meute, avec son chef: l'alpha; les bêtas, puis ses lieutenants, et enfin le reste de la meute qui est considéré comme le 'troupeau'. Les dominants protègent les plus faibles contre les attaques, et s'assurent de leur bien-être. Alors que les soumis nous permettent d'avoir une raison d'exister en les protégeant. Pour information, nous sommes les deux bêtas de la meute. Pour ma part, je suis responsable de la traque, c'est-à-dire quand un intrus s'aventure sur notre territoire, c'est moi qui vais le chasser. J'ai un très bon odorat, et je sais très bien me camoufler, sans vouloir me vanter... Non il ne se vantait absolument pas, mais vraiment pas. Je dois m'empêcher de rigoler, je veux en savoir plus. Mon frère, Damian, est lui responsable de la protection de notre couple d'alpha. Il est le meilleur combattant, et souvent en première ligne pour protéger les plus faibles. Nous faisons partie de meute Rainblood, l'une des plus fortes d'Amérique. Quel nom bizarre... mais attendez il a bien dit Amérique? Est ce que tu me suis jusqu'à présent?

- Je crois oui. Par contre tu as dit que vous venez d'Amérique? Qu'est-ce que vous faites ici?

Pour une fois c'est Damian qui me répond:

- C'est compliqué, disons que nous devions régler des problèmes avec les meutes locales. Sa main se crispe encore davantage, et j'ai un peu peur qu'il me fasse mal, mais voyant ma grimace, il relâche immédiatement la pression et tourne la tête vers la fenêtre, à l'opposé de moi. Je vais avoir du pain sur la planche avec celui-ci, il n'est pas très causant. Attendez pourquoi j'ai cette pensée, je n'ai rien à voir avec eux... Si?

Voyant le mutisme de son frère, Tyler décide de reprendre son récit, pas le moins du monde étonné par la réaction de son jumeau. Ils ont l'air vraiment très proche, Tyler devait savoir comment fonctionner son frère.

- Concernant la deuxième question que tu nous as posé, la réponse est simple: Tu es notre âme-soeur. Ce qu'on attend de toi n'est pas bien compliqué, venir avec nous, et vivre dans notre meute.

Rein que ça... Comment dire que je m'étais plus que braqué quand j'ai entendu ces paroles. Ils croyaient vraiment que j'allais tout abandonner en les suivants comme un gentil toutou. Ma colère grossit à chaque seconde, et je jette un coup d'oeil à mon frère, espérant y trouver du soutien.

- Tu ne peux pas y échapper ma soeur. Être séparé de son âme-soeur est une douleur presque insupportable. Crois-moi j'en ai fait l'expérience. En plus, tu pourras partir loin de notre... tes soucis. Heureusement qu'il s'est rattrapé au dernier moment, je n'ai pas envie de raconter toute ma vie à de parfaits inconnus, encore moins de parler de mon père, peu importe à quel point ils m'attirent.

- Petite âme-soeur, que les choses soient claires, on ne te laisse pas vraiment le choix. Tu dois venir avec nous. On doit prendre l'avion dans 2 heures pour rentrer dans notre meute, et tu vas y déposer tes jolies petites fesses dedans. Ou alors je vais devoir t'y porter pour t'y attacher de force. Damian s'était retourné vers moi en me lançant son discours. Il n'est pas sérieux j'espère? D'abord il parle presque pas et quand il ouvre la bouche c'est pour me sortir ce genre de phrase. S'il croit que je vais me laisser faire...

- Jessie, on doit rentrer, notre Alpha a besoin de nous. On ne peut rester ici plus longtemps. Je comprends bien que tu as ta vie ici, mais on ne PEUT pas te laisser. Cela serait une torture pour chacun d'entre nous. Nous deviendrons fous à cause de la distance, et tu aurais des douleurs de plus en plus fortes, pouvant entrainer ta mort.

Voilà que l'autre s'y met aussi maintenant. Au moins, il a un ton un peu plus calme que son frère. Mais que je n'apprécie pas beaucoup plus, car il essaye de m'amadouer par de belles paroles. C'est là où je me rends compte de leur tactique. D'abord l'un me dit des mots plutôt brutal, utilisant la force. Puis l'autre essaye d'enjoliver le tout par un beau discours. Ils jouaient un peu au bon et méchant flic. Voyant l'expression sur leur visage, je me rends compte que cette tactique doit marcher en temps général. Mais pas sur moi, je les ai démasqué, et il n'est pas question que je vienne avec eux.

- Loupé... Ils me regardent tous les deux un peu bêtement, j'éclate donc de rire, en me levant, enlevant, par la même action, leurs mains de mon corps. Si vous croyez que cela va marcher vous vous tromper. Je n'ai pas envie de venir avec vous, donc vous allez prendre votre avion sans moi.

Sur ces dernières paroles, je me précipite dans ma chambre. J'entends alors deux grondements de rage, et je savais qu'ils n'allaient pas en rester là. Était-ce une bonne idée de les provoquer? Je m'en fiche, j'ai eu au moins mon moment de gloire en voyant leur expression choquée. Quelques instants plus tard, la porte de ma chambre s'ouvre avec violence et je vois deux têtes très, mais alors très en colère devant moi. Ok, ce n'était pas une bonne idée...