Soraya: Qui l'aurait cru?

Illusion

Cela faisait presque trois heures que j'étais là à aller et venir saluer les gens avec Selim. Il fallait que je l'accompagne partout pour montrer à quel point notre couple est solide. À quel point on est complice. Et surtout à quel point on s'aime.

Tout ceci était faux bien sûr, mais comme il me la répété souvent, je devais respecter notre accord. Donc je souriais, je m'accrochais à son bras et je lui tenais la main. Quant à lui, il affichait un visage radieux durant tout l'événement et était tactile avec moi. Plus que je l'étais avec lui. Un moment, il m'a même présenté à un ancien collaborateur à lui en lui montrant ma bague et en passant sa main sur ma taille.

Pendant que les donateurs principaux prenaient la parole, j'étais assez mal à l'aise face à toute cette richesse. Ils donnaient tous des sommes dépassant le million d'euro. J'ai jamais manqué de rien el hamdouliLah mais cette vie là, je ne l'avais jamais connu. Et je m'en rends compte maintenant en étant mariée à Selim. Je n'était pas habitué à autant d'argent que je ne savais pas quoi faire. C'est comme quand Selim m'avait forcé à me payer des affaires de luxe. J'étais trop mal à l'aise, mais pour lui, c'est devenu normal.

Quelques minutes plus tard, il a pris la parole. Et je mentirais si je disais que je n'ai pas aimé son discours. Il a parlé du fait qu'il ai connu la misère à la cité et qu'il était tellement reconnaissant de pouvoir maintenant offrir un meilleur avenir à des jeunes en difficultés. J'étais fière de lui et de ce qu'il était devenu. On a grandi ensemble à l'époque où c'était la hess. Un jour, on avait créé des faux tickets de tombola pour récolter de l'argent. Un autre jour, on avait trouvé cinq euros par terre et on était parti au grec. Et le plus drôle c'était quand on devait expliquer aux mamans où était passé l'argent d'action contre la faim.

Donc quand je me rends compte de ce qu'il est devenu, je ne peux que être fière de lui. Qu'il ai réussi à s'en sortir malgré les difficultés. Et surtout qu'il ai écouté son cœur et sa passion pour le foot qui la emmené jusque ici.

Il avait maintenant fini son discours et c'était le tour de quelqu'un d'autre de prendre la parole. Il vient donc se rassoir à côté de moi. On était dans une table assez isolé au fond avec quelques autres personnes que nous connaissons pas.

Moi: C'est beau ce que tu as dit Selim.

Selim: Merci. J'me dis que si je peux aider, je préfère me rendre utile tu vois? Et comme maintenant on fait tout à deux, alors toi aussi tu vas participer à ce genre d'événement.

Tout à deux? C'est pas ce qu'il disait quand il est parti en soirée hier soir. Mais bon on va faire comme si de rien était.

Moi: Oui je vois ce que tu veux dire. C'est vraiment bien wAllah.

Selim: J'ai toujours voulu rendre fière ma daronne j'te jure. Et là, j'ai l'impression d'y arriver. En plus elle t'a toujours adoré sah donc maintenant qu'on est marié, elle est grave farhana (heureuse).

Oh. C'était la seule chose qui me venait à l'esprit. Je savais qu'elle m'aimait bien parce que moi aussi je l'aimais comme ma tante et elle m'appelait souvent « ma fille », donc je voyais l'affection qu'elle me portait. Mais à ce point? Non j'étais pas au courant.

Je savais pas quoi répondre. En même temps je pouvais dire quoi? Moi aussi dans un sens j'étais contente d'être mariée à Selim. Parce que en vrai j'aurai pu tomber sur bien plus pire. Et comme je le connais déjà, ça facilite grave les chose. Et surtout, il fallait que je l'avoue, mais je l'aimais encore un peu. C'était dur de l'admettre après tout ce qui s'était passé, mais c'était la vérité. Je ne pouvais plus me voiler la face.

Pile quand je m'apprêtais à parler, le discours d'une belle femme se termine et tout le monde applaudit. Étant nous meme dans le « public » nous nous devons d'applaudir également. Donc je suppose que la discussion est terminée?