Quatorze. Merci, au revoir.

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(Ozanne juin 2016)

Emmett me fait chier comme jamais. Il est tellement "coquet" qu'il est en train de littéralement vider son dressing, dans l'espoir débile de trouver un truc qu'il n'a jamais mis.

Les tenus envoyés par les différentes marques avec lesquels il collabore ne lui plaisent pas. Il a tout jeté par terre, et maintenant, il cherche dans "mon" dressing.

Qui lui dit?

Mina va câbler. Quand elle va mettre un pied dans sa chambre ... elle va nous faire une chute d'organe. Je ne suis pas particulièrement fan à l'idée d'aller récupérer son estomac au rez-de-chaussée.

- C'est grave tendance les jupes pour les mecs!

Dit-il simplement, en agitant entre lui et le miroir l'une des miennes.

Lorenzo Nieva, le meilleur ami du charlatan de la mode en face de moi, nous a kidnappés pour la soirée. C'est son anniversaire.

Déso, mais quand le choix n'en est pas un, ce n'est ni plus ni moins qu'un kidnapping. Dans le cas de mon frère, on pousse le délire jusqu'au syndrome de Stockholm.

Ils ne vivent pas l'un sans l'autre ses deux là.

- Oh putain je sais!

Il continue de retourner nos deux chambres, comme si c'était une brocante. Absolument pas gêné par le bordel qu'il sème sur son passage.

Je lévite au-dessus du Bronx. L'élan de mes jambes me suffit pour conserver le rythme lent de ma balançoire. Je redoute le jour où elle craquera sous le poids de mon cul.

C'est un reste de mes caprices de gamines, que je kiff particulièrement. Je devais avoir sept ans quand j'ai réclamé à tort et à cri que je voulais une balançoire. Mais paraît que c'est "interdit" sur les terrasses d'un penthouse. Chiant.

Alors oui, aujourd'hui, avec du recul je le comprends. Mais là moi "enfant" n'entendait pas leur délire d'adulte de la même oreille.

J'ai donc mis en place un plan stratégique, pour faire plier l'ennemie qui détenait l'autorité parentale. Pendant deux ans, pour toute occasion qui offrait la possibilité d'avoir un cadeau, je n'avais qu'un seul mot à la bouche.

" balançoire"

Je pense que le père Noël a rarement reçu un post-it comme liste de souhait.

Si bien qu'un jour en rentrant de l'école, elle était là. Ma balançoire.

Fixé au plafond de ma chambre, en plein milieu, face à la baie vitrée. Avec une vue imprenable sur les toits de Paris.

Aujourd'hui, la vue est tout aussi incroyable, mais la sensation est légèrement plus grisante.

Emmett réapparaît dans une pirouette à la monsieur loyal.

- T'en pense quoi?

Une paire de vieux rangers noirs. Ma jupe longue plissée noire qui lui tombe juste en dessous des genoux. Un tee-shirt Rammstein éclaté. Ainsi qu'une veste en jean délavé et troué à plusieurs endroits.

Je passe sur la multitude de bagues, l'une d'entre elles est la mienne. Ça m'arrache un sourire. Je vais à sa rencontre, et étale de façon plus grossière le khôl qu'il a sur les paupières. Et lui rajoute deux chaines supplémentaires.

- J'adore.

Et c'est vrai.

Emmett a toujours été décalé dans ses gouts vestimentaires. C'est bien pour ça que les grandes marques l'adorent. Ils lui font porter ce qu'ils veulent. L'année dernière, mon père a frisé la syncope, quand il a accepté une campagne publicitaire, où il était entièrement vêtu de scotch noir.

Viens on s'haine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant