Quinze. Impossible.

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Le réveil est brutal.

Inconfortable et froid.

Lior n'est plus là...

Je pensais me réveiller avant qu'il ne se rende compte de ma présence.

Merde ...

Il n'est nulle part autour de moi. Le vide. Dans la chambre et dans mes cotes.

Dans la nuit, j'ai eu besoin de lui, de sa présence. De sa protection. Le sommeil me fuyait au point de m'emmener trop loin dans mes souvenirs. Ceux qui étouffent. Ceux qui ... asphyxient.

Je me suis glissé en loosdé dans son lit. Je ne me l'explique pas moi-même, je ne l'avais encore jamais fait. Même quand nous étions en "couple", nous n'avons jamais eu l'occasion de dormir ensemble.

Impossible.

Mais quand je me suis retrouvé, en panique dans la salle de bain, scié par mes cauchemars ... va savoir pourquoi j'ai ouvert sa porte plutôt que la mienne.

J'avais juste besoin de réconfort. Comme pendant la tempête. Et son étreinte avait suffi à monter une muraille entre moi et le reste du monde. J'avais besoin de lui prendre un bout de mur.

Juste un petit bout.

Il s'est réveillait, quand je me suis glissé sous ses draps. Je m'attendais à me faire éjecter. Mais non.

Il m'a regardait, droit des les yeux et a murmurer "sors de mes rêves" avant de retomber dans un sommeil profond. Calme.

J'en ai eu le souffle rompu, douloureux. Est-ce qu'il ... rêvait de moi? Au point de ne pas se rendre compte ... que j'étais vraiment là?

Instinctivement, il m'a prise contre lui. Me serrant contre son torse, m'enroulant de ses bras protecteurs.

J'ai fermé les yeux une simple seconde pour profiter de son odeur, et du réconfort naturel qu'il m'offrait à son insu... et me voilà, là, maintenant. Seule, au milieu de son lit, en plein jour.

Le lien que nous avions me manque cruellement. Je ne peux plus le nier, c'est mort. Ce que j'ai ressenti en le voyant débarquer à l'aéroport ne ment pas. Et je ne suis plus en mesure de me voiler la face.

En revanche, ça ne change rien à la situation, ni à notre passé.

J'ai perdu la capacité de rêver les yeux grands ouverts. J'ai écouté mon cœur, mes envies. Et le résultat est celui qu'on connait. Je suis effrayée par ce qu'il est encore capable de réveiller chez moi, de provoquer ... de creuser.

Je ne suis pas parfaite, ni même en capacités de connaitre mes propres limites. Et je suis visiblement capable de prendre une décision débile sur un coup de cafard.

Vulnérable.

Je cours me glisser dans mon propre lit. Réveiller moi, qu'en décembre sera écoulé. Et janvier aussi... jusqu'à mars. Ou jamais.

La solitude qui m'étreint est étouffante. Je n'oublie rien de ce que j'ai perdu. Et j'ai l'impression de me traîner une dette que je ne suis pas capable de solder.

Une douche. Tout se lave avec l'eau des enfers.

Je prends mon temps, redoute le moment où je vais devoir me justifier quant à ma venue dans son lit cette nuit.

Et je n'ai rien à lui dire.

Je flotte dans cette forme de dépression depuis des mois. C'est parfois moins dur à vivre certains jours. Puis, souvent... ça me tacle derrière les genoux, me colle au sol. Et tout le monde me regarde de travers, ne comprenant pas pourquoi il est si difficile pour moi de me relever.

Viens on s'haine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant