Seize. Heartstopper.

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Sandro dort encore... Moi, en revanche, je n'ai pas fermé l'œil de la nuit.

Je tourne en rond dans ma tête, comme une bête en cage. Ne trouvant ni la sortie, ni l'entrée de mes envies.

Je me déteste, pour beaucoup de choses. Rajoutez à ça la culpabilité de mes sentiments pour Lior, et je pourrais sauter par la fenêtre sur un coup de bluff.

Sauf que la petite voix dans ma tête oublie, trop facilement, que sa survit, dépend aussi de la mienne.

Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ?

Je le déteste, pour ce qu'il m'a fait... pour ce qu'il nous a fait. Si tenté qu'un jour, il y ait bien eu un "nous".

Il m'a menti, il m'a utilisé... quoique sur ce point, le débat reste ouvert.

J'ai aimé chacune de nos entrevues. Chacun de nos instants volés. Cette façon que nous avions de nous cacher de tout, mais de vivre l'un des trucs les plus dingues qui ne me soit jamais arrivé.

En revenant au Lycée, je savais bien que j'allais devoir faire avec sa présence. Et j'ai détesté ça. Parce que ça m'a brisé de l'intérieur. De le voir, là, comme si de rien n'était.

De le voir avec Manelle, et le reste de sa bande de clochards.

De ne plus avoir le droit de l'approcher, de lui envoyer un message pour qu'on se retrouve au vestiaire. De trouver en lui, le réconfort dont j'avais besoin. Il m'a laissé, sans se retourner.

Et pourtant, depuis deux jours, je suis en contradiction avec tout ça. J'ai envie de courir me réfugier dans sa chambre, contre lui. J'ai envie qu'il me fasse oublier mon envie d'en finir. J'ai envie qu'il me sauve. Qu'il enlève de ma tête toutes ces ténèbres. Qu'il ajoute un peu de lumière dans les coins, comme il le faisait si bien avant.

J'ai envie... j'ai envie de lui.

En le regardant faire et agir, j'ai le sentiment qu'il en est de même pour lui...

Et si je me trompais ? Si, en réalité, il n'en était rien... et que je me ridiculisais ? Que... je me faisais un film, encore une fois ?

Oublier, avec lui, c'est facile. Mais l'oublier, lui, ça en revanche, je n'y arrive plus.

Toute la matinée, j'erre comme un zombie. Je mange peu, et ne garde pas le reste. Je suis fatigué, épuisé par mes peurs et mes manques.

L'avantage, c'est qu'ici, les divertissements ne manquent pas. Et Otto nous propose une balade à moto. Ce qui me grise.

Je ne suis pas remonté en selle depuis la mort de mon frère. Pas que la moto en soit responsable. C'est juste que c'est toujours un truc que nous avons fait ensemble. Et j'ai le sentiment de lui être infidèle.

Cependant, je me laisse convaincre par les yeux doux de Sandro qui en meurt d'envie.

Tout compte fait, mon frère et Otto opte pour un quad chacun, Eva elle, monte derrière ce dernier, Lior pour une YAMAHA YZ et moi... mon cœur balance entre la KTM et une Kawasaki KX 450 X...

Mais rapidement, je n'hésite plus et enfourche la Kawasaki.

Otto nous guide sur l'île au rythme de ses envies. Les traces de la tempête sont encore visibles. Mais bien moins que ce à quoi je m'attendais.

Et j'ai l'impression de rêver quand nous arrivons à Chamarel.

"La Terre des Sept Couleurs"

Le paysage est formé par une infinité de dunes, de différentes couleurs, au milieu d'un bois luxuriant. Mes yeux sont saturés de rouge, de marron, de vert et de bleu. Mais surtout par la terre violette et jaune.

Viens on s'haine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant