Trente-sept. Confiance.

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Objectif de la semaine ? Finir la semaine.

J'ai une migraine si forte que j'ai la sensation que les sept nains creusent une galerie en dessous de ma boite crânienne .

Je m'étoufferai bien avec une pomme ...

Lincoln me tend une tasse de café chaude en me souriant chaleureusement.

- Toujours pas de nouvelles?

J'arrive à peine à esquisser un "non" fatigué de la tête.

Lior m'a envoyé un message hier soir en me disant qu'on devait absolument parler avant le gala de charité du Lycée.

Qui aura lieu ce soir.

Tous les ans, les riches parents des élèves d'Henry IV s'achètent une conscience en faisant de gros chèques pour une asso de nécessiteux.

Soirée somme toute importante, car c'est aussi l'occasion pour notre directeur de gratter quelques milliers d'euros pour son établissement.

Depuis, mon cerveau en roue libre a établi une liste d'environ soixante-huit scénarios possibles de ce qu'il a à m'annoncer.

Je tente de trouver des éléments de réponses, des indices dans notre dernière conversation. Je sais qu'il ne va pas bien ... mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus!

Alors je reste là, bloqué dans mes cotes.

Depuis, je n'ai plus de nouvelles.

Sandro dort paisiblement, étalé de tout son long, dans mon lit.

J'ai bien essayé de me faire une place à trois heures du matin quand je suis revenu dans ma chambre ... mais c'est comme vouloir dégager un bulldog français du canapé...

Recroquevillée sur ma balançoire, je me berce lentement et me délecte de mon café.

Il grogne et s'installe par terre, adossé à mon lit. Sa tête chavirant dans mes draps.

Du majeur, il imprime des cercles lents sur ses tempes.

Je ne suis pas la seule à avoir abusé du champagne hier. Et vue comment ronfle mon bulldog de frangin, lui aussi.

Lincoln avale une grande gorgée de café, puis pousse un profond soupir.

- Tu veux en parler?

Hier pendant la soirée, je l'ai vu s'engueuler avec son père. Ce qui je pense, explique grandement son envie de vider le bar dans la foulée ....

- Non.

- Link ... parle moi.

Sa tête roule vers moi, et il daigne enfin ouvrir les yeux.

- Oz' j'ai tellement la gueule de bois que je pourrais me pendre pour un cyprès ... dit-il dans un demi-sourire, avant de reprend son massage facial.

Il a les traits tirés par la lassitude. Des cernes grises soulignent ses yeux et un début de barbe assombrit le reste de son visage.

- Je t'ai vue te prendre la tête avec ton père hier soir.

- Un grand classique.

Je suis le sujet. Je le sais.

Je reste un instant silencieuse. J'aimerais qu'il soit en colère contre moi. Tout simplement parce que sa résilience me dépasse. Depuis le début, il gère, affronte les autres et me défend ... sans jamais rien demander en retour.

- T'as le droit de m'en vouloir, tu sais?

- Ouais, mais j'en ai pas envie.

- On peut tout arrêter, maintenant.

Viens on s'haine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant