Dix-Sept. Miroir, miroir ...

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Le calme de ma chambre est proportionnel au bordel qui règne dans le huis clos de mon crâne.

Je fais des cauchemars qui durent des semaines, des angoisses qui étouffent toutes mes journées. Je me sens à l'ouest, dans une chronologie de temps qui m'échappe.

Que je ne comprends plus.

J'ai trop de questions dans le cœur, trop de doutes, qui n'ont pas de réponse. Tous ces non dit qui me pourrissent l'existence.

J'ai besoin de savoir.

J'ai besoin de connaître la vérité.

Avec un courage qui n'est pas complètement le mien, je traverse la salle de bains, ouvre la porte de sa chambre et la referme à clé derrière moi. Avant de la jeter au loin.

Elle glisse sur le sol dans un chuintement métallique, avant de s'immobiliser à côté de la baie vitrée.

Je plaque mon dos contre le battant, et réalise où je suis, ce que je viens d'initier.

Je ne peux plus faire marche arrière.

" La prochaine fois que tu viens dans ma chambre, assume"

Il est étalé de tout son long sur le lit, seulement vêtu d'un caleçon. Il se relève sur les coudes et me toise, dans un demi-sommeil

Il ne réagit pas tout de suite, ne comprenant pas ce que je fais là de toute évidence.

T'inquiète, on est deux !

Je réprime mon envie de m'enfuir, voire même de vomir. Calme ma respiration et me lance.

- J'ai besoin de savoir.

On va sûrement voter à main levée sur qui est le plus surpris par ma question.

- J'ai besoin de comprendre...

Nonchalamment, il se redresse complètement, et se traîne sur le bord du lit. La pénombre roule sur sa musculature. Comme si une vague d'ombres, dévalait sur son corps.

- Tu crois vraiment que j'aurais attendu que tu me détestes, si je pouvais répondre à tes questions ? Comme s'il avait hurlé pendant des heures, sa voix est cassée, éraillée;

Ou comme s'il n'avait prononcé aucun mot, depuis des années.

- Je ne sais plus rien, Lior... j'en ai marre.

Pas plus sûre de moi, je m'approche. Je m'attends à ce qu'il pète un plomb. Au lieu de quoi, il se décale légèrement, m'invitant sans rien dire, à m'assoir à côté de lui.

Je me sens vulnérable. Dans mes émotions, mes sentiments. Dans tout ce que je ressens, ce mélange n'est constitué que de nœuds. Avant, on savait se parler... les règles n'ont peut-être pas  changé ...

- Qu'est-ce que tu veux savoir ? Me demande t'il à demi-voix.

Il fuit délibérément mon regard. Assis à bonne distance, il frotte nerveusement ses mains sur ses cuisses nues.

- Tout.

- Je te l'ai déjà dit, c'est impossible.

- On perdrait quoi de plus à se dire la vérité ?

- Le reste.

Sa réponse est franche, nette et triste.

Incontestable.

Il glisse ses coudes sur ses genoux et blottis son visage dans ses mains. Il expire si longuement, qu'on pourrait croire qu'il se dégonfle, dans tous les sens du terme.

Viens on s'haine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant