Trente. Demain

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(Lior aujourd'hui)

Il aura fallu qu'elle sonne à ma porte, pour que je réalise l'étendue de ce que ç'a impliqué.

- Tu vas me laisser ici? Non pas que la déco de votre palier ne soit pas accueillante, mais ...

C'est quoi déjà les premiers signes d'un accident vasculo-cérébral?

Je ravale ma salive et ferme ma bouche avant de bégayer un pauvre;

- Non, non bien sûr que non. Entre, je t'en pris.

Son odeur emplit déjà tout l'espace, et ça sonne comme une douce erreur. Je la débarrasse de son sac et l'invite à s'installer au salon, elle se hisse presque à quatre pattes sur le canapé king size.

- Je meurs de faim !!! dis-je en déposant devant elle le plateau de sushi bien chargé.

Je suis affamé depuis la fin de la session.

Je sais qu'elle aussi, à moins qu'elle ait mangé entre temps ... mais la scène de cette après-midi me fait largement douter.

Elle grignote du bout de ses baguettes. Innocemment, elle donne le change en tapant aléatoirement dans le plateau, alors que je creuse de mon côté une tranchée bien franche dans les sashimis.

Je m'attendais à quoi, en lui proposant de passe le weekend avec moi?

Dans les grandes lignes, j'avais la première esquisse, mais visiblement, j'étais loin du dessin final.

La simple idée de pouvoir passer du temps avec elle, loin des yeux et des oreilles de tout le monde. Ne pas avoir la peur au bide qu'on nous surprenne ...


Mais, parce qu'il y a toujours un putain de "mais" ... Elle est chez moi, avec moi. Juste nous deux, ici, sans personne, sans nos potes, sans Lincoln ...

Chez moi...


À l'instant même où elle a franchi la porte, je me suis sentie aussi euphorique qu'en danger. Mes parents ne reviendront pas avant mardi, ça, je m'en suis assuré. Ma mère m'a promis de me prévenir en cas de changement.

Je me suis cru malin à l'inviter, maintenant qu'elle est là ... Je réalise l'entièreté de la situation.

Nous n'avons jamais était seul.

Jamais.

Je suis un parfait mélange de stress et d'excitation. Impeccable, ce n'est pas comme si je manqué de stabilité de base.

Mais quand elle a posé ses lèvres sur les miennes, tout le bordel de mon monde s'est évanouit. Pour laisser place à un calme confortable. Serein.

Je retrouve pied, dans notre équilibre bancal.

Elle semble tout aussi impressionnée ou mal à l'aise que moi, et ça réaligne le reste. Je garde ma bouche contre la sienne et chuchote sur le ton de la confidence.

- J'ai cru que tu ne viendrais pas.

- Je l'ai cru aussi.

Je l'ai laissé choisir le programme ... et je n'aurais pas dû. Cela fait maintenant une heure que je tape mes sushis tout en matant "enquête criminelle" ...

Je sens une goutte de sueur dévaler mon dos.

- Il a ... découpé la main de sa femme ... et l'a caché derrière une bouteille de vin rouge? m'insurgeai-je, horrifié par la voix off qui explique la découverte macabre de la femme de ménage dans le frigo de son client.

Viens on s'haine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant