Vingt et un. À ton image.

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(Ozanne oct 2016)

Je ne déteste pas particulièrement mon lycée. Non.

J'en déteste "juste", chaque être humain qui le compose à une dizaine près.

Pas plus.

Eva m'attend pour manger, et je suis à la bourre. Le cours de natation a débordé sur la pause. Je ne sais pas pourquoi j'ai voulu continuer ce truc après les vacances d'été. Enfin si je sais, mais ça ne va pas m'aider à alléger mon emploi du temps.

C'est même carrément l'inverse. Eva est la seule dans la confidence, pour Lior.  Elle le connaît  depuis la maternelle, un truc du genre, et je n'ai pas pu m'empêcher de lui en parler.

Ce n'est pas que je cherchais à soutien ou autre. Mais plutôt ... par défaut.

Le jour de la rentrée, je me suis retrouvé dans leur classe à tous les deux. Et lui comme moi, on s'est senti comme deux con à ne pas savoir comment agir, ni même se parler. Tellement habitué à se voir en cachette que c'est devenu une façon de faire entre nous. 

En public, nous ne sommes personnes. Et je crois que ce n'est pas plus mal.

Puis merde... c'est qu'un plan cul après tout. Non ?

Mais, à la soirée chez Lorenzo, il m'a carrément snobé... j'avais besoin de parler, Eva était là, bref, c'est sorti tout seul entre deux bières.

Il a le droit de ne pas me calculer en vrai. C'est pas ça le problème. Le souci, c'est que ça m'a blessé. Alors que je n'attends rien de lui.

Je "croyais" ne rien attendre.

Et là, ça coince. Fort.

Le pire dans tout ça, c'est que sans ça, je n'aurais même pas capté que mes sentiments envers lui avaient changé. Depuis quand ?

J'ai beau retourner ça dans tous les sens, je ne trouve pas le début... de cette histoire.

Un truc a changé le soir où il s'est pointé chez moi pour la première fois. Je n'avais qu'une idée en tête, le démarrer. Mais quand je l'ai vue... un truc s'est coincé dans mes poumons. Son visage était abîmé, le teint gris, et il puait l'alcool à plein nez.

Comme Emmett quand il fuit ses problèmes. Il a tendance à vouloir se taper avec le premier venu, esquive à la con pour extérioriser tout ce qui ne va pas.

C'est pour ça que je ne l'ai pas foutu dehors.

Parce que dans le fond... j'espère que, quand mon frère va mal, il trouve toujours une porte ouverte.

Je crois que c'est là que tout a changé. Avant, quand on se retrouvait, c'était pour du cul. Depuis, on se parle comme des potes. Dans la mesure de la découverte bien sûr, je ne le connais pas encore assez pour me confier complètement.

J'aime bien nos rendez-vous nocturnes.

La veille, je passais une nuit blanche en pyjama dans la bagnole de mon père à lui raconter des conneries. Le lendemain, il me snobait. Pire... il a embrassé une meuf de terminale devant tout le monde.

Et... je le vis très mal.

Je le fuis depuis une semaine, et ne réponds à aucun de ces messages. Même là, pendant le cours de natation, j'ai réussi à l'éviter.

Je ne sais pas quoi lui dire, ni comment réagir quand on se croisera. Ce que j'ai ressenti ce soir-là me dérange. Et le verbaliser, m'est insupportable.

Je me gave toute seule. C'est moi qui ai voulu partir sur un plan sans prise de tête avec lui, et c'est moi qui m'y attache.

Bouffonne. 

Viens on s'haine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant