Sept . Étoile en Plastique.

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Eva et Otto se déchainent sur la piste de danse.

Le Bloom est ma boîte de nuit préférée sur tout Paname. Une boîte en roof-top, avec piscine, et une vue imprenable sur le Tout-Paris. Aucun autre lieu ne l'égale.

Ce soir, c'est set privé avec DJ et l'ambiance, comme d'habitude est géniale.

Au-delà du fait que j'adore être ici, c'est surtout l'occasion pour moi de me foutre la tête à l'envers. Ma mère n'a pas mis ses menaces à exécution. Pour l'instant en tout cas.

Elle n'a pas jugé bon de m'envoyer le moindre message, et mon père non plus. Parti de ce principe-là, j'en ai rien à foutre.

De toute façon pour eux, je suis "une petite pétasse frivole" comme le dit si bien mon père...

Je vide une énième coupe de champagne, je ne sais même plus ce qu'on fête.

J'ai trop de poison dans le cœur.

La musique me transperce comme un millier de promesses. Une nuance d'amnésie prophétique. Confortablement installé dans notre carré VIP, je me concentre sur les coupettes que j'enchaine.

Le liquide me glisse dans la gorge et me chatouille les amygdales. Dans mon estomac, les bulles éclatent en échos. M'entraine dans une ivresse facile.

Il fait froid, je pense.

Il y a plus de monde sur la piste intérieure qu'en terrasse. Les fumeurs principalement restent dehors, et profitent de l'espace vide.

Otto m'invite à les rejoindre d'un signe de la main. Je décline la proposition, bien trop occupé à ingurgiter le reste de la bouteille.

Ni une ni deux, il perce la foule dans ma direction, ouvrent la cordelette rouge de séparation, me vole mon verre qu'il finit d'une traite, et me hisse sur son épaule.

- Otto, lâche- moi tout de suite!

- Vos désirs sont des ordres, Votre Altesse.

Après m'avoir allègrement claqué le cul, il me dépose en plein milieu des danseurs, fière de lui. Eva, telle une daronne contrariée, lui claque sévèrement la main en lui faisant les gros yeux. Malgré moi, j'explose de rire.

Si elle savait!

Étrangement Otto est plutôt pudique sur sa sexualité. Et je ne sais toujours pas si je trouve ça mignon ou triste. Lui ne semble pas malheureux, et dans le fond, est ce que ce n'est pas ça le plus important?

L'alcool qui reflue dans mes veines m'aide à lâcher la pression. Ce qui ne m'empêche pas de chopper un autre verre sur le plateau de la serveuse qui passe à proximité.

- Tu ne devrais pas autant boire, me glisse Eva à l'oreille.

- Je ne devrais pas être là tout court, lui répondis-je par-dessus mon épaule.

J'engloutis son contenu, et arrive à le reposer sur le même plateau, quel exploit. L'alcool m'est fortement déconseillée. Mais bon ... Je vois les échanges de regards entre mes amis toujours dans mon dos. Depuis qu'il sait que je suis épileptique, il me surveille comme l'eau sur le feu, et j'admets que ça me casse royalement les ovaires.

C'est pour ça que je n'en parle pas, sinon les gens changent, et pas dans le bon sens ... Un pile ou face irréversible.

Mais j'ai bien l'intention d'en profiter, avant que leurs instincts de mère lionne ne prennent le dessus.

J'aime danser, j'ai toujours aimé ça. Mais j'ai plutôt un problème de promiscuité avec les odeurs des autres et leur main baladeuses. L'avantage d'avoir un ami comme Otto à mes côtés, c'est qu'on ne m'approchait pas trop. Autant son visage pouvait être accueillant et chaleureux, sa carrure en revanche était un blocus à lui tout seul.

Viens on s'haine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant