Vingt-neuf. Âme sœur.

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( Ozanne novembre 2016 )


Une feuille d'automne, au couleur d'un couché de soleil.

Quand nous étions enfants, nous passions les vacances d'automne sur l'ile d'Oléron.

Dans la maison de notre grand-mère maternelle. On adorait s'y rendre. Sandro préférait y aller l'été, plus attractif avec les plages, les vendeurs de glaces et le Luna park pas loin.

Mais avec Emmett, l'automne restait notre saison préférée.

Pendant la période estivale, le climat marin, aussi agréable, soit ils étaient saturés de touristes. Vivant sur paris, nous avions l'habitude de la foule. Mais pas de celle qui se promène en slip de bain, absolument partout.

Marché, plage, supérette, terrasse ... Partout.

L'automne est donc devenu ma saison préférée. Ou plus communément appelé ici, l'été indien.

La météo y est plus douce, les plages sont vides de monde, les rues calment.

Notre grand-mère, Sienna, était une femme douce, affectueuse et aimante. Le parfait opposé de notre mère. À tel point que je me demandais, comment une femme aussi exquise avait pu donner vie à son parfait opposé.

Elle n'était que douceur. J'ai énormément de souvenirs la concernant, mais surtout un en particulier.

Sienna avait de plus en plus de mal dans les tâches du quotidien. Mais c'était une femme qui aimait autant son indépendance que son statut de femme divorcé.

Elle acceptait à peine la présence de son aide à domicile, malgré le fait qu'elle se soit toujours montrée charmante avec elle. Mais le jardin, qui était son endroit préféré, lui était devenu inaccessible en raison des feuilles qui s'amoncelaient sur le sol. Le risque de glisser était trop grand. Alors elle est restée souvent assise dans la véranda, a observé la nature qui changé de couleur sous ses yeux.

Avec Emmett, un matin pendant les vacances de la Toussaint, nous avons ratissé tout le jardin. On avait six ans. Ça nous a pris toute la matinée, mais ça en valait la peine.

Elle était si heureuse, qu'elle n'a même pas attendu avant de s'y rendre, demandant à Mathilde de nous servir le repas du midi sous la pergola au bord du point d'eau.

Pourtant je n'arrivais pas à détacher les yeux de mon frère, qui, aussi fier soit-il de notre surprise, semblait triste. Alors, notre grand-mère lui a demandé ce qui le chagriner.

- C'est dommage de mettre toutes ses couleurs à la poubelle.

Entassés à côté de la terrasse, cinq sacs poubelle remplis des feuilles que nous avions ramassés attendaient d'être collectés par les services de la commune.

- Tu as raison mon crapaud, ça me fend le cœur aussi ... j'aime tellement les nuances de l'automne.

Elle nous a observés tour à tour. Emmett, le visage affaissé par la tristesse, et le mien inquiets de ne pas savoir quoi faire pour changer ses pensées.

Après une minute de réflexions, elle nous dit.

- Et si nous allions les relâcher dans la forêt?

Je me souviens avec une précision exacte de l'éclat dans le regard de mon frère quand il rencontra celui de notre grand-mère.

Une heure après, nous étions dans la forêt des Saumonards à jeter les feuilles mortes au-dessus de nos têtes. Dans un feu d'artifice de couleur. Dans les éclats de rire, à faire des anges d'automne dans les monticules de feuilles au pied des arbres. Dans une vaine tentative de cache-cache.

Viens on s'haine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant