Dix. L'enfer est au paradis.

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Avec Eva on traine sur le côté de la piste du circuit de Larchant, pendant que mon frère et Otto enchainent les tours de moto-cross.

C'est une des passions que nous partagions avec Emmett, et le voir aussi à l'aise sur le terrain me remplit de fierté et me pince le cœur tout en même temps.

Il porte l'ancien équipement de notre frère, mais aussi son ancienne moto ... si j'éteins mon cerveau, je croirais le voir, lui.

Tout est une première fois sans Emmett, et nous n'étions pas revenus depuis mars. Va savoir pourquoi, on aurait pu, mais on n'y arriverait pas. Alors qu'avant on passait tous nos samedis ici.

Pour l'instant, je ne suis pas prête à remonter sur la mienne. Elle reste au garage à prendre la poussière depuis mars.

Je découpe mon passé en petit morceau, pour mieux réussir à les affronter les uns après les autres.

Noël approche, et je suis d'une humeur exécrable.

Je me suis imaginé que cette fois-ci, nos parents viendraient. Qu'ils feraient l'effort d'être présents. Mais non. Ça me reste en travers de la gorge. Et pire encore, j'ai entendu mon frère en pleureur. Clairement, ça me rend violente.

Je suis intenable, les émotions à fleur de peau, à un coup de fil de demander notre émancipation sur un coup de tête.

C'est notre premier Noël sans notre frère. D'habitude, on allait faire les courses avec Mina, on prenait tout ce qui nous faisait envie dans les rayons, et l'on remplissait le caddie de nos pulsions gustatives aléatoires.

Puis l'on passait notre réveillon à bouffer en pyjama devant de vieux films à la con, du genre "maman j'ai raté l'avion", "chérie j'ai rétréci les gosses". Et le jour de Noël, c'était notre marathon Hunger Games. En mangeant l'équivalent de notre poids en chocolat.

Tout le personnel est en congé pour les fêtes. Et nous nous retrouvions justes nous trois. Seule dans l'appartement, à vivre notre meilleure vit.

C'était notre moment rêvé. Celui qui nous projetait en fusée dans nos idées de vies futures. Celle où l'on s'imaginait partir à la fac en emmenant notre frère avec nous. Prendre un appart et vivre de Pizza. Comme les tortues ninja.

Le plan est mort. Tout comme Emmett.

Eva hurle sur Otto, qui sur un dérapage a presque enterré mon amie sous une pelletée de terre humide. Elle vient se réfugier derrière moi, comme si j'allais pouvoir éviter ce genre d'accident. Ou alors, elle a plus confiance en elle pour me déterrer que l'inverse.

Le rire étouffé d'Otto nous parvient malgré le fait qu'il s'éloigne à toute vitesse.

- Fais le malin petit bâtard! Je vais te faire bouffer ton putain casque! s'agace-t-elle, en époussetant ses bottes.

- Hhooooo Rhea Ripley sort de ce corps ! la taquinai-je, pour faire passer l'orage.

Elle est petite, et pas bien épaisse. Mais du groupe, n'en déplaise aux garçons, c'est elle le danger. D'un point de vue purement perso, à la place d'Otto je ne jouerais pas trop avec la mini Pucca.

Elle finit par se redressait, se recoiffe et tout en regardant son téléphone, elle me demande;

- Vous venez du coup?

- Je n'en sais rien ... je dois en parler avec Sandro d'abord.

Hier, en apprenant que nous n'avions rien de prévu pour les fêtes de fin d'année. Otto nous a invités à les passer avec lui et Eva, qui a déjà dit oui. J'ai envie d'y aller, mais je ne suis pas prête à tout foutre en l'air pour ne pas être chez moi.

Viens on s'haine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant