Dix neuf. Ombre(s).

82 7 45
                                    


Trois jours.

Trois jours que le temps tourne à l'envers, et que mon cœur pompe de l'eau.

Il m'aimait, et il m'aime toujours...

Est-ce que cette révélation suffit à effacer le mal fait ?

On se cherche, se taquine, se provoque. Sans jamais laisser rien paraître devant le reste du groupe. Seulement jusqu'à la nuit tombée. Là, nous nous retrouvons dans sa chambre.

On passe nos nuits à discuter, comme avant. Rattrapant un temps, qu'on n'avait pas conscience d'avoir perdu.

La nostalgie. 

Je suis prête à lui laisser une seconde chance? Rien que d'y penser, je pourrais me coller des grandes claques dans la gueule.

Oui, je crois que... Oui. J'ai vraiment envie d'offrir une chance à Lior de se racheter.

Je le veux, et je déteste ça. Je "me" déteste pour ça.

Elle est ou la limite du " t'en as pas assez chié?". Je tente de me rassurer comme je peux. Par ses mots, sa présence. Depuis la soirée sur la plage, les choses sont... plus simples en surface. 

On se parle plus facilement. Même si, de toute évidence, nous gardons chacun une zone d'ombres.

Je ne lui en tiens pas rigueur, je ne suis pas prête à tout lui révéler non plus.

J'ai l'impression d'avoir essayé de le fuir pendant des mois. Tout en regardant en arrière, pour m'assurer qu'il me suivait quand même...

Nous repartons demain matin, et cette fois-ci, tous ensemble.

Je boucle nerveusement mes affaires. Mon cerveau ne cesse de faire des noeuds, et moi... moi et bien... Je suis paumée.

Dans le fond, je me demande si ça ne serait pas une bonne idée de rester ici. Planqué entre la plage et un bon litre de mojito, jusqu'à voir apparaître mes premières rides dans le reflet de la piscine.

J'angoisse à l'idée de rentrer chez moi. Rentrer sur Paris. Tout court. 

Pas que je déteste cette ville, loin de là. C'est plutôt la fanfare qui va avec.

Parents, lycée, paparazzi.

De la merde, de A à Z. Je n'ai reçu AUCUN message de leur part, même pas pour Noël. Ça prône la famille en façade des magazines politiques, mais dans les faits, ils vivent leur meilleure vie sans nous.

Ils sont capables de nous oublier avec une telle facilité... que j'en suis jalouse. À quoi ressemblerait ma vie si j'étais capable d'en faire de même les concernant? 

En revanche, leur comportement blesse mon petit frère. Quand il m'a demandé si j'avais reçu un message de leur part le lendemain de Noël. Il était prêt à accepter un message groupé, ma réponse négative l'a affecté comme rarement...

Il s'est renfermé sur lui-même, déprimé. Heureusement, Otto a compris ce qui se passait, et à grand renfort d'activité en tout genre. Il a réussi, là, où j'ai moi-même échoué.

Redonner des couleurs à sa vie.

Mon Sandr-illon ...

Ici, et avec l'aide de mes amis, lui faire oublier notre quotidien n'est pas compliqué. Je redoute plus notre retour, notre solitude va résonner dans toutes les pièces.

Même si je reste persuader que... juste nous deux, c'est mieux qu'un faux quatre.

Plus jamais cinq. 

Viens on s'haine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant