CHAPITRE 2

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Je peine totalement à dormir. Pourtant, de la fatigue, ce n'est pas ce qui me manque. Je regrette un peu mon bon lit moelleux et mes oreillers. Ma mère aurait pu m'en glisser un dans une des valises. Du coup, je me sers d'elles comme coussins. Ce qui explique pourquoi je n'arrive pas à dormir. Autre chose m'en empêche, c'est cette satanée lumière à détecteur de mouvements. Je bouge à peine le petit doigt qu'elle s'allume, et ça a le don de m'agacé. Il est 1h53 quand je prend mon téléphone et que je m'aperçois que ma mère m'a écrit, deux heures plus tôt.

Pas la peine de revenir à

la maison Seona.

Je souris devant mon écran.
Parce qu'elle croit que je vais revenir ? Elle se fout bien ses réflexions là où je pense. Car non, « maman », je ne reviendrai plus jamais. Je suis bien mieux dans cette cage d'escalier que sous ton toit.
Je bloque son numéro, et retourne essayer de m'endormir.

Après quelques minutes, je commence à somnoler. Il faut que je dorme, je commence à 8h demain. Mais c'est sans compter sur la lumière, qui vient de s'allumer alors que je n'ai pas bouger d'un poil. Je me suis installé au dernier étage, imaginant que je maximisais mes chances de croiser du monde. Mais la porte s'ouvre subitement. Je me rassoie, recroquevillant mes jambes sur moi-même. Ça m'emmerde que quelqu'un puisse me voir comme ça, même si dans le fond je sais qu'il serai mieux que je passe au dessus, puisque ces gens, je ne les reverrais plus jamais. C'est juste le temps d'une nuit. Juste une. Car oui, je me suis résigné à prévenir Adam. J'ai bien réfléchi, et j'ai trouvé quelque chose. Je vais lui dire que ma mère est en voyage pendant un mois, avec un de ses nouveaux mecs, et que je n'ai pas envie de rester seule à la maison tout ce temps. Comme ça, je peux squatter chez lui sans que ça paraisse louche.

La personne qui a ouvert la porte marche dans ma direction. Je laisse mes yeux regarder le sol, pour ne pas croiser le regard de celui ou celle qui me voit de cette manière. Mais si je m'attendais à ce que les pas descendent les marches, ils s'arrêtent devant moi. Je lève alors la tête et découvre l'homme à la casquette rouge. Il tient dans une main le sachet en plastique de tout à l'heure, et me tend avec l'autre un billet de 10 euros. Il me prend pour une SDF là ?

- J'en ai pas besoin ! Lâché-je, furieuse.

- Si vous êtes là, si.

Il se paye ma tête ? Je suis à la rue certes, mais je ne suis pas pauvre ! Ou du moins, pas vraiment. Je n'ai juste pas encore reçu ma paye.

- Je le répète, j'en ai pas besoin, rappelé-je calmement.

Il remet son billet dans sa poche, puis part. Au bout de quelques instants, la pièce se plonge dans le noir. Je suis toujours assise, dans la même position que quand je lui ai parlé. Sonnée, énervée et gênée par cette situation. Les pensées en vrac.

******

Mon réveil sonne. Il est 7h. Je n'ai presque pas fermé l'œil de la nuit, mais au moins, je n'ai recroiser personne. Je fouille dans une de mes valises à la recherche d'un vêtement plus chaud. J'arrive à entendre la pluie de là où je suis. J'y trouve un sweat noir et un jean bleu. Ça fera l'affaire. Je me déshabille et me r-habille en vitesse, de peur que quelqu'un ouvre la porte. Heureusement, j'ai pu me changer. Alors je prend mes valises avec moi et descend. Arrivé en bas, il fais toujours un peu nuit, mais le jour se lève. Le temps est comme mon esprit : pluvieux, furieux, et étrangement apaisé. C'est donc sereine que je marche en direction de mon travail. Mais sur la route, je sais que j'ai quelque chose à faire. Je dois avoir une bonne trentaines de minutes de marche avant d'arrivé, alors je vais appeler mon cousin maintenant. Je sais qu'il est debout à cet heure, puisqu'il est mécanicien dans un garage, et que ses horaires sont similaires aux miens. Au bout de deux sonneries, il décroche :

- Allô ?

- Oui Adam ? C'est moi, Seona.

- Merci, je t'avais reconnu, me taquine t-il. Tu m'appelles à cette heure toi, maintenant ?

- Oui. J'ai un truc à te demander.

- J'en étais sûr, marmonne t-il. Dis moi.

- Ma mère pars en vacances ce soir, avec son nouveau mec.

- Encore ? Me coupe t-il.

Oui, encore. Enfin pas tout à fait. Cette fois-ci, c'est faux.

- Oui, reprends-je. Elle part un mois.

- Un mois ? S'étonne t-il.

- Je te jure. Affirmé-je. Du coup, je me demandais si je pouvais pas rester chez toi.. En attendant qu'elle rentre.

- Tu veux squatter chez ton cousin préféré, c'est ça ?

- Bah.. Oui.

- Avoue juste que je te manque !

Je ris doucement, puis il reprend :

- Bah vas-y, viens ce soir, me suggère t-il. Tu termine à quelle heure ?

- 15h, on est vendredi donc je fini plus tôt.

- Niquel, et bien à ce soir ma Soso !

Il a raccroché, et moi je suis soulagée qu'il ai acceptée sans poser plus de questions. Qu'est ce que je l'aime.
À l'époque, son père et le mien se faisait des soirées tout le temps ensemble. Alors, Adam et moi, on passait tout notre temps tout les deux. C'est plus un frère qu'un cousin. Maintenant, on se parle au moins une fois par semaine.
Depuis la mort de mon père, j'ai coupé les ponts avec tout le monde, sauf lui. Son père, mon Oncle, est parti vivre à plus de deux heures d'ici, donc je ne le vois plus beaucoup. C'est Adam qui me donne régulièrement de ses nouvelles.

J'ai hâte d'être ce soir et de le voir. Car c'est vrai qu'il me manque.

À la nuit tombée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant