CHAPITRE 56

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Gabriel

Le prénom de son cousin nous saute aux yeux, si bien que Seona a le regard perplexe et incompréhensif. Je la comprend : j'ai le même regard qu'elle.

Adam. Il lui a envoyé des lettres et elles n'ont jamais été ouvertes. Et qui plus est, enfermées dans un tiroir à double tour. On est d'accord pour dire que tout ceci est louche.

- Ouvrons-les, proposé-je à Seona qui les zieutes les unes après les autres.

Elle s'exécute sans sourciller puis débute par ouvrir la première qu'elle a dans les mains, celle qui se positionnait tout au dessus du tas. En l'ouvrant, on remarque une chose : il n'y a pas de date d'inscrit. Seulement, une lettre, un écrit plutôt, signé à la fin par son cousin.

Elle se met à sa lecture, tandis que moi j'en ouvre une autre. A peine ai-je eu le temps de déballer la feuille qu'elle m'interrompt :

- Ce n'est pas lui.

- Quoi ? La fais-je répéter.

- Ce n'est pas Adam qui a écrit ça.

Ne comprenant pas vraiment, je me colle à son épaule et lis la lettre à mon tour par derrière.

- Regarde, pointe t-elle du doigt la première phrase. Ce n'est pas l'écriture d'Adam.

Elle me dit ça comme si je savais par coeur à quoi ressemble son écriture.

- Le texte n'a pas de sens.. Déclare t-elle pendant que je continue de lire.

Et elle a raison. On dirait un poème qui ne veut rien dire. Les phrases ne se suivent pas et la couleur noire du stylo qui a écrit ça est monotone.

Soudainement, Seona se met à prendre toutes les lettres dans ses deux mains, m'arrache la mienne et les compte.

Elle en arrive à la conclusion :

- 22, 23.. 24. 24 lettres.

- Ça va faire beaucoup à lire, signalé-je avec ironie.

- C'est bizarre.

Je la fixe avec interrogation, puis sa main douce vient saisir une des lettres, et la retourne pour la foutre sous mes yeux.

- C'est la seule qui a un symbole.

Effectivement, il y a une sorte d'astérisque sur le côté droit, dessinée au feutre noir, que les autres n'ont pas.

Instinctivement, et malgré le fait qu'il y en ai qu'une seule d'ouverte sur toutes, c'est celle avec la petite étoile qui nous interpelle.

La lettre nous parvient alors, et je me met à la lire à voix haute :

« Seona,

Si je t'écris cette lettre, c'est parce que je tenais à te parler sur un papier.

Les mots sortis d'une bouche ne font que s'envoler, tandis que ceux inscrits à l'encre noir ne peuvent pas être évités.

Cet événement tragique nous a bouleversés, et je sais qu'à toi, beaucoup plus que nous tous réunis.

Tu as sûrement besoin d'aide, de réconfort, mais ce n'est pas dans mes gênes. Tu le sais, je suis plutôt pudique sur mes sentiments, alors c'est assez compliqué pour moi, mais je veux que tu saches que je t'aime et que je suis de tout coeur avec toi.

Les heures qui défilent sans sa présence sont douloureuses, mais bénéfiques pour toi. Je pense qu'il est grand temps que tu ouvres les yeux sur la réelle personne que tu es, et que je souhaite que tu devienne.

À la nuit tombée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant