CHAPITRE 62

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Seona

Ma vie se résume à ça depuis quelques jours : réveil, manger, films, manger, douche, dormir.

Je me sens comme un lion en cage, je ne vois personne, pas même le couple de retraités de la résidence, non.
Rien de chez rien.

Gabriel m'a fait part de son envie de passer du temps avec sa famille, vu qu'il est resté pas mal de temps avec moi, pour m'aider sur cette pseudo enquête qui ne mène à rien et qui me démoralise. D'après lui, l'homme qu'il a vu était bien mon père. Il a apparemment eu la réaction voulue quant à l'annonce de mon prénom et mon nom, mais moi, je n'étais pas là. Alors disons que je ne crois que ce que je vois. Et puis, au vu du néant qu'il y a en ce moment, je suis presque sûre de moi : ce n'était pas lui, car mon père, lui, n'aurait pas hésité une seule seconde à me contacter.

Trois énormes jours viennent de passer sans trop de nouvelles de personne, à part de Leslie qui de temps en temps m'envoie des photos de maquillage qu'elle essaie le soir sur elle, me demandant mon avis. Je dois avouer que ça me fait du bien, qu'on me parle d'autre chose que de mon père, ma mère, ou ma vie. Avec Leslie, tout paraît plus simple : elle esquive toujours les sujets qui fâchent, et je l'aime pour cette raison. Gabriel m'appelle tous les soirs avant de dormir, et c'est vrai que cet acte me rempli de bonheur : tout les jours, je n'attend que ça. Je ne pensais pas que l'odeur d'une peau pouvait manquer à des narines.

Et enfin, celui qui déserte le plus, c'est Adam. Depuis qu'il m'a ramené chez moi à ma première hospitalisation, je n'ai même pas un message. J'avais eu des nouvelles de lui au début, avant que Gabriel ne débarque et que l'on découvre le dessin qu'il a fait. Mais depuis ça, plus rien.

Tout à coup, mon téléphone se met à sonner. Quand on parle du loup..

- Allô ? Je décroche.

- Oui Soso ? Demande Adam, enjoué.

- C'est bien moi, dis-je sur le même ton.

- Ça va, ta tête ?

- Oui, ça va beaucoup mieux. Et vous, comment vous allez ?

- Nous.. Ça va, barbouille t-il.

Un petit blanc s'installe, alors je le brise immédiatement :

- T'as un truc à me demander, toi.

Je sens son sourire à travers l'appareil.

- Comment t'as deviné ?

- Pouvoir de petite cousine !

Nous rigolons ensemble, et je me sens mieux.

- Bon voilà, je ne sais pas si tu t'en souviens mais c'est bientôt mon anniversaire..

- Oui, le 30 août, me rappelé-je.

- C'est bieeeen, remarque t-il. Mais du coup, on organise une fête chez Simon pour l'occasion.

- Ouais ! Ce sera avec plaisir !

Son hoquet m'arrête :

- Qu'est ce qu'il y a ?

- T'es malade ? Tu vas bien ? S'inquiète t-il.

Je ne comprends pas ce qu'il a.

- Bah.. Oui ? J'ai juste encore un peu mal au crâne mais je peux venir ! Je ne resterai pas trop longtemps, c'est tout.

Il soupire.

- Putain..

- Mais quoi ? Je souris.

- C'est juste que.. Tu as changé.

À la nuit tombée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant