CHAPITRE 11

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Gabriel

Mes yeux ne se sont pas détachés d'elle, sirotant sa bière qu'elle n'a pas l'air d'aimer.

Pour la première fois depuis qu'elle est chez nous, elle sourit pour de vrai.

Leslie a ce don sur les gens, d'amener de la lumière à de l'ombre, sans pour autant l'éblouir.

C'est ma meilleure amie depuis quelques années, et sans elle, je crois que je me serais éteint.

Alors qu'Esteban me tient la grappe depuis notre arrivée, je remarque que Seona se fige : elle fixe quelque chose, à l'entrée du bar.

Instinctivement, je cherche au même endroit qu'elle. Mais c'est quand je vais pour l'analyser encore qu'elle a disparu. Elle n'est plus sur sa putain de chaise.

- Elle est où ? Demandé-je à Leslie, un peu trop inquiet à mon goût.

- Je crois qu'elle est parti aux toilettes, m'explique t-elle.

Si ce n'était que ça, ça irai. Mais elle a vu quelque chose, et je suis sûr que ce n'est pas bon.

Je me lève donc subitement, coupant le monologue de mon pote, à la recherche des toilettes pour femmes.

Je n'ai pas le droit d'y entrer, mais clairement, j'en ai rien à foutre.

- Excusez-moi, dis-je en interceptant un serveur. C'est où, les toilettes ?

- Au fond à droite, me montre t-il du doigt.

Je le remercie en posant un billet de cinq euros sur son plateau et pars à la recherche de Seona.

Un logo m'indique les toilettes pour femmes, et la porte est bien fermée.

Mon esprit me dit de ne pas le faire, mais pourtant, je colle mon oreille à la porte, espérant entendre quelque chose.

Je n'entends que des chuchotements, des pieds qui claquent le sol, et puis soudain, un bruit sourd, ressemblant à une gifle.

J'ouvre précipitamment la porte, avant d'y retrouver Seona assise par terre, les mains devant les yeux, ainsi qu'une femme, de dos. Grande, au cheveux noirs, portant une robe rouge très courte.

Je cours jusqu'à Seona, qui n'a même pas dû m'entendre venir, et dépose délicatement ma main sur son genou, resserré à sa petite taille.

Elle ne bouge toujours pas, alors je la caresse du bout du pouce afin de la détendre.

Je me retourne et regarde alors la femme, provocante, me reluquant de bas en haut, avec le sale regard d'une personne malveillante, la reconnaissant instantanément. Je ne sais pas si elle aussi m'a reconnu, puisqu'à peine avoir échangé un regard avec moi, elle s'éloigne en claquant la porte derrière elle.

- Seona, c'est moi, déclaré-je, tout en continuant de la masser avec mon pouce.

Toujours aucunes réponses, et mes soupçons viennent de se confirmer : sa mère lui fait du mal. Et peut-être même plus encore.

Je me lève et retire ma peau de la sienne, en allant récupérer du papier pour qu'elle s'essuie le visage. Je ne le vois pas, mais je suis certain que des larmes se cachent derrière ses mains tremblantes.

À la nuit tombée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant