CHAPITRE 71

279 17 0
                                    

Seona

C'est la rentrée.
Ce qui me faisait peur est en train de devenir réalité : Gabriel ne m'adresse presque plus la parole depuis quelques jours. En effet, après sa super discussion avec Leslie, je pensais le retrouver le soir-même à l'appart'. Mais il m'a envoyé un message après ma photo, qui disait :
« je rentre chez mes parents, petit soucis familial ». J'ai compris, en prenant le soin de ne pas paraître trop curieuse en lui posant des questions indiscrètes, de le laisser tranquille avec sa famille.
Sauf que voilà. Plusieurs jours viennent de passer, et quand il m'envoie un message, c'est pour lâcher des « ok », « très bien », et « je ne vais encore pas pouvoir venir ce soir, désolé ». Qu'est-il arrivé à mon Gabriel ? Celui qui est apparu derrière son côté méchant ?

Je m'efforce de garder la face : je me coiffe en deux tresses collées, vu que ma cicatrice s'est bien refermée, puis j'ajuste les traits de mon visage avec du maquillage. Pour atténuer ma solitude, j'ai fais une petite commande sur internet. Et je crois que j'ai un peu abusée, puisque vu l'état du tour du lavabo, on pourrai croire que je les ai volés, tellement les tubes et les poudres sont nombreux. Mais tant pis, au moins, je m'amuse à m'utiliser comme cobaye. Sauf aujourd'hui, car j'ai une petite idée en tête sur ce que je vais faire de ma journée.

Leslie m'a prévenue qu'on ne se verrai sûrement pas de la semaine, et que je ne recevrai possiblement aucun message de sa part : elle s'en va une semaine dans le sud avec sa cousine, crécher chez sa famille pour l'anniversaire d'une de ses tantes qui fête ses 50 ans. J'ai forcément pensé à lui demander pourquoi sa mère ne se joindrai pas à elle, puis je me suis souvenue qu'elle a eu une discussion avec son meilleur ami, et qu'elle ne doit pas forcément être très heureuse de découvrir que sa mère sort avec mon père, un homme qui se fait passer pour mort depuis des années. Je n'ai en aucun cas amené le sujet sur le tapis avec elle, car je sais comment elle est : avec elle, on ne parle jamais de sujet qui gêne !

D'ailleurs, je n'ai toujours rien répondu à mon père. Il m'a appelé, hier, et j'ai décrochée. Il a tenté de prendre de mes nouvelles, puis après deux mots sortis de ma gorge, les larmes me sont montées. J'ai immédiatement coupé court à la discussion, prétextant que je recevais du monde chez moi et que par conséquent, malheureusement pour lui, je devrais raccrocher. Il n'a pas bronché, m'a souhaité une bonne soirée puis je n'ai rien dit. Bordel, est ce que quelqu'un saurait me dire comment je suis censée me comporter avec lui ?
Et le plus frustrant dans toute cette histoire, c'est que je ne sais même pas si je suis finalement heureuse de le savoir vivant. Nous avons tout fait pour le découvrir, quitte à cambrioler la maison de ma propre mère, tout ça pour que je sois déçue de ses révélations, et incapable de revenir vers lui. Il a toujours été tout pour moi, le sang de ma chair, le premier homme de ma vie, mais pourquoi est-ce si difficile pour moi de l'aimer encore après son retour ?
Alors je m'exécute à ce que je fais de mieux : ignorer.

Cependant, il y'a quelqu'un dont je ne compte pas me désintéresser, et cette personne, c'est Gabriel.
Je lui avait promis quelque chose en contrepartie d'une faveur que je lui avais omis. Alors c'est pourquoi je me retrouve sur le pallier de ses parents. Les Eminno.

- Bonjour, dis-je en voyant la porte s'ouvrir devant mes yeux.

L'homme en face de moi ne semble pas me reconnaître, alors j'explique :

- Je suis Seona, une amie de Gabriel.

Mieux vaux ne pas trop en dire, puisque je ne sais pas si ses parents sont.. au courant, pour nous deux.
Les traits du visage de ce monsieur m'interpelle, car je me rend compte que Gabriel lui ressemble pas mal. Le nez, les cheveux courts, la façon de se tenir droit. Il me fait vraiment pensé à lui, en plus vieux. Si plus tard son fils lui ressemble toujours, je serai heureuse de le trouver bel homme. Du moins, si il possède un jour la barbe de son père.

À la nuit tombée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant