CHAPITRE 67

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Gabriel

- Leslie ? Nous disons , en chœur.

- Pas totalement elle, mais en partie, oui.

Je ne comprends rien !

- Laissez-moi vous expliquer, nous oblige t-il à nous calmer.

- Dépêche-toi, alors ! Hurle presque Seona qui s'est relevée de sa chaise, excédée par toutes ces révélations.

Son père essuie ses cheveux sans raison avant de lâcher :

- J'ai rencontré sa mère, Émilie. Quand je suis revenu dans cette ville, je me suis rendu à un bar pour prendre le café, puisqu'il me restait deux petites heures à tuer avant de récupérer un appartement que j'avais louer en amont. J'ai acheté ce chapeau, indique t-il en pointant son couvre-chef en paille rouge, pour qu'on ne puisse pas me reconnaître, et j'ai bu dans ma tasse tranquillement. Une jolie blonde est entrée, a commandé un thé à la menthe et s'est installé en face de moi, sans raison apparente. De là, nous avons discutés. Elle avait la fâcheuse tendance à me mettre à l'aise, à ne pas me poser de questions indiscrètes, et à me laisser dire ce que je voulais ou non.

Ça me fait penser à quelqu'un, tient.

- Elle était adorable, et pleine de charme.

Non, ne me dîtes pas que.. ?

- Vous sortez ensemble ? Pense Seona à ma place, à voix haute.

Seona couvre sa bouche avec sa main, et moi je me gratte la tempe, signe de gêne et d'incompréhension.
Bordel, ça ne s'arrête jamais !

- Oui, marmonne t-il tout timidement. Mais à la base, c'était un pur hasard, les enfants !

Seona n'en croit pas ses oreilles, et moi aussi. Elle se met à tourner en rond autour de la table, et se frotte les yeux systématiquement.

- Ce n'est pas possible ! Crie t-elle.

- Désolé, arrive seulement à répondre son père.

Pour la première fois depuis le début de cet « entretien », j'ose prendre la parole :

- Depuis tout ce temps, vous étiez si proche de nous, et nous n'avons rien vu.

Il me regarde, et ses iris électrocutent les miens.

Je déteste croiser son regard.

- Désolé, répète t-il.

- Putain, papa ! Tu aurais pu me trouver bien plus tôt, tu aurais pu faire tellement autrement que.. Te faire passer pour mort !

- Je sais, et c'est pour cette raison que je suis revenu ! Raconte t-il sur le même ton que sa fille.

- Mais ça ne suffit pas ! Hurle t-elle en revenant à sa place initiale, en se positionnant derrière la chaise, toujours debout. Tu n'as pas pensé à moi ? À ce que je ressentirais ? À ce que maman pouvait me faire ?

Une larme s'échappe soudainement d'une de ses paupières, et elle l'essuie d'un revers de main.

- Si, je te le jure, mais..

- Non, laisse-moi parler ! Aboie t-elle encore plus fort. Tu reviens comme une fleur, alors que je n'avais jamais fait mon deuil, tu me laisse des indices à la con pour que ce soit à MOI de te retrouver, pendant que ce temps-là tu baises avec la mère de Leslie ?

J'ai envie de me faire tout petit, de m'éclipser de la pièce pour ne pas faire parti de la discussion, mais Seona s'énerve tellement que je n'ose pas bouger un petit doigt de peur qu'elle m'engueule, moi aussi.

À la nuit tombée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant