CHAPITRE 4

742 45 11
                                    

Je reste choquée, les yeux dans les siens, à la recherche d'une explication.

- Tiens ! S'élève Adam. Gabriel, je te présente ma cousine, Seona. Même si tu la connais déjà.

Quoi ? Vous n'allez pas me dire que le seul mec que j'ai croisé pendant ma seule nuit en tant que SDF n'est autre que le colocataire de mon cousin ? Est ce qu'il m'a reconnu ? Mais oui ! Puisqu'en plus, apparemment il lui a déjà tout dit. Mais pourquoi Adam ne m'en as pas parlé alors ?

- Pourquoi tu fais cette tête ? Me demande mon cousin alors que je suis dans mes pensées.

- Pour rien. Marmotté-je. Comment ça « il me connais déjà » ?

Il souffle et secoue les épaules de Monsieur Casquette :

- Bah, il m'a dit que vous étiez dans le même collège avant, m'apprend t-il.

C'est vrai que maintenant qu'il le dit, je le reconnais. Bordel, c'est Gabriel Eminno ! On était dans la même classe en 5ème, mais il me semble qu'il a déménagé à la fin de l'année. Du coup, je ne l'avais jamais revu. C'est fou comme il a changé. Je me disais bien que sa tête me disait quelque chose !

- Ah oui, bafouillé-je. T'as bien changé en tout cas.

Il enlève sa casquette pour pouvoir la poser sur la table derrière moi. Mais comme je suis appuyée contre celle-ci, il frôle mon bras gauche en l'installant sur le meuble. Son parfum boisé et sucré mélangé à l'odeur du tabac transperce mes narines.

- Toi aussi. Finit-il par avouer en se repositionnant au côté de mon cousin.

Je ne sais pas pourquoi, mais sa réponse ressemble à une insulte. Je mettrais ma main à couper qu'il fait référence à ce qu'il a vu de moi, hier soir.

- Ouais, rapplique Adam. Bon, ce n'est pas que vous m'emmerdez, mais je crois que je vais aller prendre une douche.

Il tourne les talons et quitte mon champ de vision.
Mes iris défient alors ceux de Gabriel, qui semble figé devant mes valises. Je n'ai aucun doute sur le fait qu'il m'ai reconnu, c'est une certitude maintenant.

Je le vois rejoindre le balcon, et sortir de sa poche un paquet de cigarette. Il en porte une à ses lèvres, et l'allume. Je me résout à le rejoindre.

- Gabriel, dis-je en me postant devant lui.

Je suis plus petite que lui, alors il regarde au dessus de ma tête, comme s'il ne m'avait pas vu.

- Gabriel ! M'énervé-je.

- Quoi ? Répond t-il en baissant enfin les yeux sur moi.

- Ne dis rien.

- Dire quoi ? Rajoute t-il après avoir tirer une taffe sur sa clope.

- Tu le sais très bien, chuchoté-je.

Il sourit un peu, et je m'en veux de le trouver attirant.

- Je te conseille surtout de ne pas trop faire la maligne, me provoque t-il.

- C'est des menaces ?

- Non, ricane t-il. C'est un avertissement.

- Promet-moi juste que tu ne dira rien, s'il te plaît.

Je tente une mine de chien battu, dans l'espoir qu'il prenne pitié de moi, mais il termine sa cigarette et l'écrase dans le cendrier bleu posé sur le rebord du banc.

- Effectivement, t'a bien changé, me lâche t-il en rejoignant le salon.

Je reste stupéfaite de ses réponses. Il cherche quoi, au juste ? Je me demande si hier il m'a reconnu, ce qui expliquerai pourquoi il a voulu me donner de l'argent. Ou si au contraire il n'a pas fais le rapprochement, et a été surpris autant que moi que je me pointe ici. En tout cas, ils ont déjà parlés de moi tout les deux. Et il faut que je sache ce qu'ils se sont dit.

*****

Adam vient de sortir de la douche et il est à peine apparu dans le salon que je lui saute dessus :

- On peut parler ?

Il m'emmène alors dans sa chambre, où je remarque que rien a changé : ses posters Star Wars, sa bibliothèque noire ou même sa vitrine remplies de figurines pop sont toujours là. Je m'installe sur son lit, et il me rejoint :

- Comment tu l'a rencontré ? Commencé-je.

- Je te l'ai dis.. Marmonne t-il. J'ai fais une annonce sur internet car je cherchais un coloc. C'est le seul qui m'a répondu. On s'est rencontré pour la visite de l'appart et ça a matché tout de suite.

Il me fixe, peu sûr de lui.

- Je te jure Seona qu'il ne me plaît pas ! C'est juste devenu un bon ami, vraiment.

- Mais comment vous en êtes venus à parler de moi ? Je l'interroge.

- C'était vraiment par hasard..

- Raconte ! Lui ordonné-je.

- Une fois on mangeait devant la télé, et il me racontait ses années de lycée. Je lui ai demandé dans quelles écoles il avait été dans toute sa vie, puis il m'a cité le nom de ton collège. Je lui ai alors dit que je connaissais quelqu'un qui y avait été aussi, et de là j'ai sorti ton nom. Il m'a tout de suite expliqué qu'il se rappelait beaucoup de toi, mais que vous n'étiez même pas amis. Seulement camarades de classe quoi.

D'accord. Je comprend mieux alors. Déjà, je suis rassurée. Il ne lui a pas parlé de ce qu'il a vu hier soir.

- Oui, c'est ça, affirmé-je.

Adam réfléchit un instant, puis se lève.

- Il te plaît ! Hurle t-il.

- Arrête ! Murmuré-je. Il va t'entendre ! Et non, pas du tout !

- Soso, ne me ment pas !

Si il savait que je ne faisais que ça..

- Tu me pose pleins de questions sur lui, et puis tu crois que j'ai pas remarqué ta tête quand il a débarqué tout à l'heure ?

- Je te jure que non, déclaré-je. J'étais juste surprise.

- Mouais, dit-il sur un ton arrogant. Viens faire à manger avec moi, au lieu de me mentir.

Il quitte sa chambre et je presse le pas pour le retrouver. Gabriel regarde la télévision, les deux bras derrière la tête, les pieds sur la table basse, avec ses baskets Nike aussi blanche que si elles venaient de sortir du magasin. Je n'arrive pas à m'enlever de la tête qu'il va forcément tout raconter à mon cousin. Et j'en ai peur.

À la nuit tombée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant