CHAPITRE 46

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Gabriel

J'ouvre les yeux, difficilement, mais soulagé.

Mes doigts entrelacés dans ceux de Seona, je me demande si je ne suis pas encore en train de rêver.

Quand je me redresse de son lit, je comprends qu'elle était déjà réveillée avant moi. Et étonnamment, elle n'a pas retirer ma main d'elle.

- Désolé, marmonné-je en me levant.

Elle ne dis rien, ses lèvres ne s'ouvrent pas, son expression du visage est neutre. Je n'arrive plus à savoir ce qu'elle pense. Moi qui lisait en elle comme dans un livre ouvert.

- Je vais aller me dégourdir les jambes, dis-je pour expliquer mon départ.

Personne n'est venu me chercher, pas même une infirmière qui, je pense, est repassée dans la nuit pour lui donner à boire : le pichet d'eau s'est miraculeusement rempli tout seul, alors.

Je sors de cette chambre aux couleurs froides pour retourner du côté de l'accueil, à la salle d'attente. Il y a un distributeur, et c'est mon endroit préféré ici.

Je me commande un Kinder Bueno et une canette de jus d'orange, puis en voulant sortir dehors pour aller fumer ma cigarette, je constate que le monsieur au chapeau est toujours là. Sur la même place, avec un journal.

Je ne m'attardes pas trop dessus, bien que je me demande ce qu'il fout ici après autant de temps, et respire enfin l'air frais.

Je m'installe sur mon banc fétiche, à droite des marches.

Ma bouche engloutit cette nourriture qui fait du bien, et bois un peu. Puis, je m'allume une clope. Mon carnet et mon crayon viennent entre mes mains, et je représente enfin l'homme de la salle d'attente. Je ne sais même pas à quoi ressemble son visage, vu que son chapeau atypique cachait tout, mais j'esquisse la vision que j'ai eu de lui cette nuit : c'est-à-dire, de profil.

Après un instant à m'être perdu dans mon échappatoire, mon téléphone sonne.

C'est Mélina.

- Allô ?

- Gab' ? Demande t-elle, inquiète. Putain, pourquoi tu n'es pas rentré cette nuit ? Et pourquoi tu ne réponds pas à mes messages ?

- Seona est à l'hôpital, expliqué-je simplement.

- Roh.. Soupire t-elle. T'aurai pu me prévenir ! Comment ça se fais que tu sois au courant ?

Je souffle.

- Très longue histoire.

- Je croyais que tu ne lui parlais plus ? Me dit-elle sous forme d'interrogation.

- C'est toujours le cas.

- Tu peux faire des phrases de plus de 10 mots ou pas ? Relève t-elle.

Seona aussi me faisait la réflexion, avant.

- Oui, oui. Mais c'est trop long à expliquer.

- Ok, lâche t-elle. Tu compte rentrer ?

- Peut-être ce soir, pour me doucher et manger. Mais je vais rester ici en attendant qu'elle puisse sortir.

Ma sœur se tait un moment.

- C'est grave ?

Je soupire à mon tour.

- Traumatisme crânien.

Je regarde mon dessin presque fini, attendant une réponse.

- D'accord, exprime t-elle finalement. Je t'aime, grand frère.

Je souris.

- Moi aussi, petite sœur.

Puis elle raccroche.

Mes pieds me ramènent tout seul jusqu'à la chambre de la fille que j'aime, et toque avant de rentrer sans entendre le moindre bruit.

Elle est dans la même position que quand je l'ai laissé, et son regard est rivé sur moi.

- Ça va ? Demandé-je en me réinstallant sur le siège.

- Oui, souffle t-elle.

Jamais elle me dira l'inverse.

- Une infirmière est passée pour changer mon bandage, ajoute t-elle toute seule.

- Oh, super.

Je ne sais même pas quoi lui dire.

Sa chute est arrivée par ma faute, c'est sûr. Je m'en rends compte. Putain, pourquoi je l'ai regardé ?

- Merci, murmure t-elle.

- Merci ?

Elle avale sa salive.

- De m'avoir emmener ici.

Comment sait-elle que je l'ai ramenée ici alors qu'elle était déjà évanouie quand je suis venu à elle ?

- De rien, parviens-je uniquement à placer.

Ses paupières se referment encore une fois, et moi je ne sais plus où me mettre.

Je la regarde, tout bonnement. Elle est magnifique. On ne voit plus ses cheveux mais son visage angélique me charme. Il est tout de même fermé, aussi blanc que la neige dans un hiver glacial.

J'ai fais tout ce qu'elle m'a dis : j'ai confronté Mélina pour qu'on arrête notre vengeance. Je l'ai sorti de ma vie complètement. Je l'ai laisser tranquille, sans lui envoyer un seul message.

Et me voilà là, avec elle. A la surveiller, lui tenir compagnie, la contempler, la soutenir.

Parce que personne ne saura le faire à ma place.

Parce que personne ne l'aime autant que moi.

Mes pensées se tournent vers Adam, avec qui j'ai couper les ponts aussi.

Je ne sais pas s'il est au courant que sa cousine se trouve ici, mais étant donné qu'il n'est pas apparu depuis, je me dois de lui envoyer un message.

Moi – 11h27

Salut Adam, c'est Gab.

Désolé d'avance pour ce message.

Seona a fait une chute hier, et elle se

trouve à l'hôpital actuellement.

Elle a fait un trauma crânien.

Viens au plus vite, je pense que c'est

toi qu'elle aimerai voir à ma place.

Je sursaute quand on toque à la porte.

Seona n'a plus les yeux fermés, et un nouveau médecin rentre dans la pièce.

- Mademoiselle Mariolli, votre mère est là.

À la nuit tombée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant