CHAPITRE 31

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Gabriel

Leslie semble avoir pris les choses un peu trop à cœur : depuis qu'elle est arrivée, elle me bombarde de questions concernant Seona.

- Et tu compte faire quoi, maintenant ? Continue t-elle son interrogatoire.

- Je ne sais pas, conclus-je en sifflant mon verre de coca d'une traite.

Elle marmonne, mais son sourire radieux ne quitte pas son visage. Elle est un soleil sur pattes. Même si elle m'agace à vouloir constamment me faire parler, ça a toujours été comme ça entre nous.
Je l'aimes si fort qu'elle m'énerve. Et elle m'aimes si fort que ça l'amuse de m'énerver.

Je me souviendrais toujours de notre rencontre. J'attendais dans la salle d'attente de l'hôpital, quand une jeune fille blonde aux yeux émeraudes accompagné d'une dame d'une quarantaine d'années qui lui ressemblait fortement se sont pointées à l'accueil. Sa mère y attendait quelqu'un, et Leslie est venu directement à moi.

Sa joie de vivre m'a fait replonger dans le noir. Si bien que sa présence ne me faisait ni chaud ni froid : si elle était la lumière, je me faisais de l'ombre tout seul.

J'étais tout le temps sur les nerfs, à me morfondre sur ce que j'allais vivre, me questionner sur ma sœur, m'accuser pour cet accident que je n'ai même pas causé.
Sa voix m'avait sortir de ma rêverie :

- Quelqu'un est mort dans ta famille ? M'a t-elle demandé en balançant ses pieds sur le siège.

Je m'étais directement dit : « elle viens vraiment de me poser cette question de manière normale ? », puis j'ai simplement lâché un « non ».

Je me rappelle l'avoir examiner à ce moment là. Elle continuais de sourire, puis elle m'a avoué :

- Moi je suis là parce que mon père a un cancer. Mais t'inquiètes, il est en train de s'en sortir.

A vrai dire, à ce moment là, je m'en foutais de ce qu'elle vivait, et je ne m'inquiétais même pas pour son père. Alors je n'ai rien répondu. Elle avait poursuivit sa discussion toute seule, m'expliquant toute sa vie depuis le début. Même son amoureux de primaire est survenu dans son monologue.

Sa mère avait finie par nous rejoindre, mais restait à l'écart, laissant sa fille déblatérer pendant des heures. Plus Leslie parlait, plus elle me changeait les idées. Quand j'ai senti qu'elle allait s'arrêter de parler, je me suis surpris à relancé la discussion. Et là, je n'ai pas d'explication au « pourquoi », mais je lui ai raconté notre accident de voiture, les séquelles que j'en ai gardé, ainsi que la raison de ma présence ici tout les jours : Mélina. Elle continuait de sourire. Je n'avais jamais vu une personne aussi positive qu'elle. Alors tout les jours pendant près d'un mois, on se retrouvait à l'hôpital. Elle pour son père, moi pour ma sœur. On a développé une amitié très fusionnelle, et depuis, elle est encore là. Même alors que tout est rentré dans l'ordre. Voilà pourquoi je parle toujours de lumière avec elle.

Elle est un soleil pour l'obscurité.

- Tu devrais lui dire, lui faire une lettre ! Reprends t-elle.

- Doucement, la calmé-je. C'est un peu tôt peut-être, tu crois pas ?

- Ouais c'est vrai, se ravise t-elle.

Elle avale elle aussi quelques gorgées de sa boisson et je me décide de fumer une clope.

Cela doit faire plus d'une heure que nous sommes dans ce bar et que je n'ai qu'une seule envie : me griller une cigarette.

Je l'allume et la porte à mes lèvres. C'est bête de penser que ça m'aide à respirer, mais c'est le cas. La brûlure dans ma trachée me rappelle ce que j'ai vécu. Et ça fait du bien, de parfois se souvenir d'où l'on vient.

À la nuit tombée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant