Chapitre IV

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La joie de Kunwu n'était pas mal placée, il voulait juste voir Zhongli s'épanouir avec quelqu'un à ses côtés. Il connaissait le bonheur de pouvoir, de temps en temps, se reposer sur quelqu'un, d'aimer et d'être aimé. Mais il connaissait aussi les dégâts irréparables que laissait le temps.

Zhongli avait pourtant essayé de persuader son ami qu'il n'avait besoin de personne, mais tête de mule comme il était, il restait inlassablement campé sur ses positions. Sa femme, une dame aux charmantes rides, une certaine Daifang, en entendant son mari s'exclamer et ayant compris la raison implicite du refus du brun, soupira en compatissant. Elle s'adressa à son mari d'une voix douce :

« Je suis pas sûre que forcer Sieur Morax à nous faire rencontrer cette personne est la meilleure idée...

- Mais ma douce, je veux être sûr que c'est quelqu'un de convenable qui mérite le grand Morax... répondit son mari, qui face à sa femme était impuissant.

- Tu devrais lui laisser un peu de temps, pour prévenir cette personne et en discuter avec lui, continua Daifang sur le même ton doux et sans appel, je n'aurais pas aimé être présentée précipitamment à une bande de presque-dieux par mon conjoint...

- Je... très bien, j'aimerais au moins savoir à quoi ressemble cette personne, comme ça si je le croise, on pourra échanger des politesses ! Finit par s'exclamer Kunwu »

Zhongli, toujours aussi mitigé face à ce compromis, était quand même soulagé, enfin il avait toujours à trouver quelqu'un de poli, beau et intelligent, rien de bien compliqué. Et malheureusement pour lui, ce genre d'homme ne courrait pas les rues. En plusieurs siècles de vie, d'allée et venue d'inconnus, peu étaient resté dans sa mémoire avec ces trois qualités cumulées. Et encore moins étaient encore en vie.

Il se mit à penser que trouver quelqu'un de pas si laid que ça, devrait être la première étape de son plan pour berner son ami.

La personne qui lui vint à l'esprit fut l'inconnu du restaurant Wanmi, celui qui l'avait regardé pendant presque tout son repas, celui qui avait payé son addition en secret.

C'était décidé, il était sa seule carte et ce jeune homme ne semblait pas si indifférant que ça a son charme. Son plan était simple : 1. Aborder le roux 2. Lui proposer un contrat -il ne serait pas le grand dieu des contrats sinon- 3. Le faire rencontrer Kunwu.

Finalement, peut-être qu'il ne passerait pas tous ses jours de congés avec ses vieux amis. Son retour à Liyue s'était avancé à cause de la venue des parents de Yanfei. S'il n'avait pas été aussi idiot en disant que seuls les hommes l'intéressaient, Hu Tao aurait peut-être pu être sa roue de secours, mais non.

La discussion continua de bon train, chaque adeptes ainsi que Daifang prenait plaisir dans ce moment partagé, autour du délicieux thé rapporté des voyages du couple marié et des petits gâteaux que Madame Ping avait confectionné. L'auberge Wangshu était plus animée et cela faisait réconfortait Xiao qui était heureux de voir que son habituelle demeure était plus vivante qu'à l'ordinaire. La bonne humeur du petit groupe chassait ses pensées noires, égayait un peu plus son quotidien d'ordinaire si monotone et sans saveurs.

Plus le jeune homme regardait la dynamique du vieux couple marié, plus il les jalousait. Lui aussi il voulait se trouver quelqu'un qui saurait le comprendre autant que Daifang comprenait Kunwu et autant que Kunwu comprenait Daifang. Il ne voulait pas se l'avouer mais lui aussi rêvait de tenir la main de quelqu'un, de sourire à cette personne -même si ce n'était pas courant pour lui-, peut-être même rire avec elle. Mais, à son plus grand désespoir, personne ne voulait rester aux côtés d'un Yaksha souillé par l'énergie noire des démons, qui pourrait perdre la tête et faire un génocide à tout moment. Alors il pouvait dire adieu aux balades romantiques et aux 'bonne nuit' chuchotés avant de s'endormir. Il était maudit, et personne de sensé et bien équilibré n'accepterai de passer une vie à ses côtés. Il continuait donc de se lever le matin, seul, de chasser les brutocolinus, les pilleurs et autres créatures malveillantes, seul, de rentrer à l'auberge et trouver son étage silencieux, encore et toujours tout seul. La vie n'avait aucun sens et était aussi fade que cette nourriture que mangent les mortels, mais c'était ces petits moments comme ça, entouré de ses amis, de celui qu'il considérait comme son père, qui devenait son tofu aux amandes- une de rares choses qui avaient un intérêt pour lui- et qui faisait légèrement orienter ses coins de bouche vers ses oreilles dans un petit sourire timide. Et puis de toute façon, même s'il ne venait pas souvent, il pouvait toujours compter sur Zhongli pour lui rendre visite, ou pour l'accueillir les rares fois où il se rendait dans la grande ville portuaire.

***

Du coté de Tartaglia, il avait récupéré de la veille, dormir après avoir mis ce malotru dehors lui avait fait le plus grand bien. Rien de mieux que taper quelqu'un pour bien roupiller. C'est donc plein de forme qu'il s'était levé avant de se rendre à son travail de plante verte en espérant recevoir une mission, qui pourrait être ne serait-ce qu'un petit peu dangereuse. Et c'est à sa grande joie, quand il arriva devant son bureau, seulement deux dossiers pas très épais l'attendaient. Alors qu'il s'installait sur son fauteuil bien rembourré et à roulette, il commença à feuilleter, le premier qui était une future mission.

Il avait juste besoin d'éliminer un camp de brutocolinus qui bloquait un convoi de pierre précieuses qui constituaient une commande d'un célèbre artisan de Snezhnaya, rien de bien intéressant ou palpitant. Le deuxième dossier -un peu moins épais que le précédant- était lui aussi une mission, mais un peu plus complexe qu'éliminer de simples brutocolinus.

Ces taches lui avaient délibérément donnée par ses collègues, afin d'évaluer s'il avait la force et la déduction pour siéger au rang d'exécuteur malgré sa grande gueule et son égo surdimensionné connu dans toute l'organisation. Il décida d'expédier la plus simple qui ne lui prendrait, en soi, même pas la moitié de la journée. Seulement, le voyage pour se rendre là-bas durerait un peu plus longtemps.

Après avoir prévenu qu'il s'en allait massacrer des monstres, il commença à se mettre en route pour les plaines Guili ou le camp brutocolinus bloquait la route, après il se rendrait à l'auberge Wangshu où les marchands avaient décidés de rester pour les prévenir de l'élimination de cette menace.

Après deux bonnes heures de marche, il atteignit enfin sa cible qu'il élimina plutôt facilement. Il avait espéré trouver au moins un brutoviandus, avec hache ou bouclier. Il avait certes une préférence pour ceux se battant avec une hache qui étaient plus vindicatif, mais il ne demandait pas la lune. Ses espérances c'étaient effondrées en voyant le simple petit camp composé de deux brutocolinus et de deux archers.

Il arriva à l'auberge avant midi et s'autorisa un repas après avoir prévenu les marchands que la route était libre. Il connaissait Ver Goldet simplement de vue mais elle avait l'air d'une femme charmante et tout à fait sympathique. Après avoir échangé des banalités, elle lui proposa une table en extérieur, à laquelle il s'installa. La vue de la terrasse donnait sur les plaines, le soleil était au zénith et le panorama ne pouvait être qu'appréciable.

L'ambiance calme et détendue, bercée par le son continuellement doux de la nature environnante calmèrent l'appétit de violence qui sommeillait en Tartaglia. Son petit combat l'avait éveillé et de peur d'exploser -et de se retrouver impliqué dans une affaire de meurtre- il faisait son maximum pour rendormir le dragon qui habitait en lui. Se concentrer sur le panorama calme et à couper le souffle qu'offrait la terrasse de l'auberge était le meilleur moyen pour faire redescendre la pression. Il ne voulait pas faire de bêtise pendant ce test que lui faisait passer ses collègues.

Il avait bien conscience de son attitude et du point de vue négatif que lui portait les autres fatuis, il voulait changer, devenir aimé, que ses sous-fifres deviennent des coéquipiers et peut-être même des amis... mais il ne savait pas comment faire, il avait toujours été colérique, vantard et prétentieux avec un penchant pour la violence. Changer ses habitudes une fois qu'on les a c'est compliqué, cela voulait dire sortir d'une confortable routine pour faire quelque chose d'inconnu avec des effets qui pouvait être extrêmement désastreux. Et ça, Tartaglia en avait peur, et si jamais son comportement changeait et causait des effets qui se répercuteraient directement sur lui ? Ou pire encore qui pourrait se répercuter sur son petit frère ?

Et ça, pour rien au monde il ne le risquerait. Il était seul, il en avait conscience. Hormis Teucer, personne ne lui écrivait pour prendre de ses nouvelles, ses grandes sœurs ne lui envoyait de lettre que pour savoir telle ou telle choses, de temps en temps sa mère glissait un petit mot et jamais au grand jamais son père lui écrivait depuis ce jour où il a fugué.

Il se savait seul et il détestait ça, sa passion pour les combats l'éloignait chaque fois un peu plus de ceux -qui étaient assez peu nombreux- qui l'aimaient.

Entre temps, son plat était arrivé, et il commença à manger. Les pensées noires qui l'avaient envahi furent recalées dans un coin de son esprit, pour un moment où il pourrait déprimer en paix.

Mais maintenant, il voulait juste profiter de la nourriture chaude et bonne, de la légère brise qui lui caressait le visage et de l'ambiance détendue de l'auberge Wangshu. Ces moments-là lui donnaient une certaine paix intérieure qui lui permettait de souffler et de prendre une pause de son travail. D'être simplement lui. Plus de questions sur comment agir, plus de collègues rageux, plus d'obligations qui l'étouffaient.

Anyway - zhongchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant