Chapitre XXXIV

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Tartaglia ouvrit sa bouche dans une grimace de surprise et son regard paniqué jonglait entre Zhongli et Signora qui se tenaient côte à côte, discutant comme si de rien était. Devant le visage indifférant des deux personnes qui se tenait devant lui, il eut envie de vomir, de pleurer et de s'enterrer six pieds sous terre.

« Zhongli... Murmura doucement le 11ème exécuteur des fatuis. Signora... Son regard se fit plus dur et il continua sur un ton agressif : Qu'est-ce que tu fais là ? »

Il fronça les sourcils et pointa du doigt sa pseudo coéquipière.

« C'est ça que t'appelles la collaboration entre exécuteurs ?

- N'es-tu pas satisfait d'avoir mis le pays à feu et à sang ? continua la femme, un air mesquin et presque indifférant collé au visage. Alors pourquoi t'étonnes-tu de ma présence, tu as rempli ton rôle à merveille. »

Elle savourait sa victoire en le voyant si misérable. Si Tartaglia avait eu la force, il l'aurait étranglé avec grand plaisir.

Aether débarqua, ouvrant la porte brusquement, comme si elle ne pesait rien, alors que cela avait demandé un effort colossal aux épaules fatiguées du roux. Signora repris la parole avec le même air de chat fourbe.

« Tiens tiens, un invité-surprise...

- Signora ! Réagit férocement le voyageur. »

Une altercation commença entre la femme et le jeune blond qui visiblement n'avait pas l'air de s'apprécier. L'esprit de Tartaglia était vide, il avait mal aux cotes et il était en train de se vider de son sang, mais cela ne l'importait peu, il n'était focalisé que sur le regard stoïque que Zhongli posait sur lui. Son monde venait d'exploser devant lui et Zhongli le regardait, le visage neutre. Et ça faisait mal, très mal. Une larme faillit glisser hors de ses yeux et il le vit. Il vit le regard de Zhongli changer, ses lèvres tressailler. Et il comprit, si Signora apprenait leur relation il ne savait pas ce qui pouvait leur arriver, à lui et à Zhongli. Alors il soutint le regard presque ardent du brun.

Et cela faisait presque trois semaines qu'il n'avait pas senti la peau du brun sur la sienne. Et bordel, qu'est-ce que le temps paraissait long sans lui, long et ennuyant. Trois interminables semaines de torture.

Et le roux savait qu'il allait être temps de passer aux explications, de déballer son sac et les objectifs de sa mission.

La jeune femme se retourna vers Zhongli et tendit la main d'un air sans appel.

« Morax, nous avons exécuté notre part du contrat, à toi de faire la tienne, les clauses sont strictes.

- Bien évidemment, n'oublie pas mes dernières conditions. »

Sur ces mots, le dieu des contrats sortit une pièce d'échiquier brillant d'une faible lueur. Il la posa dans la paume ouverte de son interlocutrice. Il venait de donner son gnosis à la 8ème exécutrice des fatuis.

Le regard choqué de Tartaglia se posa sur lui. Le voyageur ne comptait même plus dans l'équation, complètement mis à l'écart. Le roux avait presque l'impression d'avoir été trahit. Son cœur se pinça tristement.

Signora saisit quelque chose et lui tendit. Tartaglia affichait un air de merlan frit devant la petite fiole avec un capuchon en forme de fleur qu'il venait de recevoir. Zhongli décida enfin de s'approcher de lui.

« Tartaglia... Souffla le brun tout en posant sa main sur son épaule. »

Il releva son regard vers lui. Les autres personnes présentes se sentirent vite de trop et Signora releva le menton d'un air arrogant.

« Ce n'est pas tout mais on est toujours là, prenez une chambre en fait, Zhongli n'oublie pas le contrat. Alors que le roux se dirigeait d'un air absent vers la porte, elle continua sur le même ton sans appel : Tartaglia d'ailleurs tu es viré, merci pour tes services, tient ta compensation »

Un petit coffre fut projeté à ses pieds, rien que par le bruit, il savait qu'il était rempli de moras à ras bords. La jeune femme quitta la première la salle et le voyageur la suivit. Tartaglia, toujours dans l'incompréhension se retrouva seul avec l'archon geo. Ce dernier enveloppa ses épaules de son bras dans une étreinte réconfortante. Ses larmes coulaient et le roux ne s'était pas rendu compte de ses joues trempées. La voix chaude du brun résonna comme une sentence fatidique.

« Rentrons à la maison »

***

Le lendemain Tartaglia s'était réveillé dans son lit, le lit de leur appart. Dans son lit et dans les bras de Zhongli. Maintenant qu'il pouvait le regarder plus attentivement, Zhongli avait perdu du poids, ses cheveux n'étaient plus aussi brillants et de grosses cernes trônaient sous ses yeux. Il se rallongea et se blottit tout contre lui. Il ne voulait pas encore être déçu en se rendant que tout ceci n'était qu'un rêve.

Il dégagea une mèche brune de son visage, il n'avait pas pris le temps hier d'enlever ni son eye liner rouge au coin de ses yeux ni son unique boucle d'oreille.

Une larme solitaire coula doucement sur la joue de Tartaglia, ses doigts caressèrent tendrement le visage de l'homme assoupit à côté de lui. Il déposa un petit baiser sur son front, prenant le temps de savourer les sensations qui s'offraient à lui.

Zhongli papillonna des yeux et Tartaglia se rendit compte que ce n'était pas un rêve, que Zhongli n'allait pas s'évanouir dans les airs. Il était bel et bien dans la réalité -et dans les bras de Zhongli, aussi.

Son petit-ami -ou ex-petit-ami ?- lui sourit amoureusement et les morceaux de leurs cœurs brisés commencèrent à se recoller doucement. Ils savaient tous les deux qu'il allait falloir reconstruire beaucoup de choses, ils savaient que cela allait prendre du temps et de l'énergie, ils savaient qu'ils allaient devoir en parler, beaucoup, mais tous ces efforts, ils étaient prêts à les faire. Parce qu'ils étaient fous amoureux.

Alors Tartaglia se leva, comme si tout était normal, et se dirigea vers la cuisine pour faire le petit déjeuné. Zhongli le rejoignit, s'assit au comptoir et se contenta de le regarder faire tout en sirotant son thé Darjeeling parfaitement préparé par le roux, juste à peine infusé dans de l'eau frémissante et sans sucre. Le plus vieux brisa le silence protecteur qui les entourait en premier.

Anyway - zhongchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant