Chapitre XII

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La nuit était déjà bien tombée depuis qu'ils étaient sortis du restaurant et ils décidèrent de se balader un peu sur le port, pour profiter du reflet des constellations sur la mer calme. De temps à autres, ils parlaient, le plus souvent Tartaglia bavardait tout seul, accompagnés de quelques acquiescements discrets de son compagnon de balade. Leurs doigts toujours entrelacés, profitant de la chaleur de l'autre malgré les doigts gantés de Zhongli, une question vint alors à l'esprit du roux :

« Dis Zhongli, t'enlève jamais tes gants »

C'était plus une constatation qu'une question et le brun fut pris de court. Comment dire sans dire qu'en portant ces gants, il cachait son corps qui portait des vestiges du passé. Des vestiges immondes qu'il évitait de regarder chaque jour dans le miroir de la salle de bain. Des marques des guerres Archoniques et de tous ceux qu'il avait perdu. Des marques qui lui rappelait cruellement quotidiennement qu'il ne pourrait jamais oublier et vivre tranquillement. Des marques qui étaient symbole de sa victoire et de son caractère divin. Qui lui rappelait qu'il serrait à jamais souillé de sang, du sang de ceux qu'il avait tué de ses propres mains, du sang de ses amis qui étaient morts dans ses bras parce qu'il n'avait pas su les protéger.

Il évita le regard de Tartaglia mais laissa sa main dans la sienne, ne voulant pas s'éloigner de cette chaleur réconfortante.

« C'est... des cicatrices... des cicatrices du passé... »

Le jeune homme se mit à faire des petits ronds avec son pouce sur sa main et releva la tête vers lui.

« Tu sais, on a tous nos cicatrices, si tu veux m'en parler je suis là. »

Ses mots étaient lourds de sens. Tartaglia ne savait que trop bien ce que ça faisait de devoir porter des traces indélébiles, ses yeux étaient un peu humides, surement juste une poussière, rien de bien grave. La main du plus vieux se resserra sur la sienne, comprenant le message de détresse caché sous cette proposition.

« Merci »

Une larme coulait sur le visage fin de Zhongli. Le simple mot qu'il venait de prononcer voulait tout dire. Il avait rencontré beaucoup de gens, beaucoup avait voulu le tuer, beaucoup avait voulu s'attirer ses faveurs et beaucoup avait voulu son pardon mais peu avait été présents sans arrière-pensée, juste là pour lui et non pour l'Archon géo, même s'ils étaient qu'une seule et même personne. Et, par tous les Archons, qu'est-ce que ça le soulageait d'avoir le roux simplement à ses côtés, là pour le soutenir sans condition. C'était dans ses moments-là qu'il se disait qu'il y avait peut-être une chance pour qu'un jour, il puisse l'aimer sans limite et se faire aimer en retour.

Ils continuèrent à se promener un peu plus longtemps, dans un silence confortable qu'aucun n'avait envie de briser. L'air était doux pour un soir d'hiver, la brise se faufilait leur donnant d'agréables frissons, puis, fatigués, ils rentrèrent chez eux.

Zhongli avait envie de dormir pour une fois. Et il avait bien apprécié le réveil de ce matin, aux côtés du roux. Ce dernier venait tout juste de se glisser dans les draps du lit. Timide il s'approcha :

« Zhongli ? T'as l'air crevé, viens dormir. S'exclama Tartaglia tout en tapotant la place à côté de lui.

- Si tu le dis... »

Il s'installa donc aux côtés du roux qui se tournait vers lui avec un sourire enfantin.

« Je pensais que tu étais insomniaque. Commença-t-il sur un ton taquin

- Eh bien, t'avoir avec moi est épuisant.

- Ça c'est parce que je suis tellement génial que je te contamine avec ma bonne humeur et que t'as pas l'habitude parce que t'es tout le temps ronchon !

Zhongli souriait calmement. Tartaglia savait parler et égailler le cœur des gens

- Dors, ou tu vas être fatigué demain. »

Sur ces mots, après quelques plaintes pas très plaintives de Tartaglia, les deux colocataires s'endormirent, inconsciemment dans les bras l'un de l'autre.

***

Il était sur une plage qu'il ne reconnaissait pas. Le soleil tapait sur sa peau dénudée. L'eau de mer qui montait et descendait chatouillait ses pieds nus. Ses longs cheveux bruns étaient détachés, flottant dans le vent, s'emmêlant et lui caressant le dos de temps à autres. Zhongli fixait l'horizon, les douces vagues lui léchant les pieds. Tout était paisible, calme, le seul bruit qui régnait était celui de la mer et des mouettes qui criaient au loin.

Il portait une simple chemise blanche ornée de tournesols, un short bleu ciel et un chapeau de paille. Ses chaussures -des tongs- pendait mollement dans sa main. Le soleil était haut, midi était passé et aucun nuage ne pointaient le bout de son nez. Le sable fin glissait entre ses orteils dans une douce caresse.

Un bruit vint briser ce paisible tableau, quelqu'un criait son nom. Un jeune homme au loin courrait vers lui, il s'approchait de plus en plus et son corps lui criait de le rejoindre. Paradoxalement, ses pieds ne voulaient pas bouger, il resta encré dans le sable à regarder cet inconnu se rapprocher.

Une frimousse joyeuse et une tignasse rousse incoiffable se détachait et malgré le fait qu'il ne voyait son visage, chaque fibre de son corps aurait pu reconnaitre ce jeune homme entre milles.

Tartaglia courrait vers lui joyeusement en criant son prénom.

Arrivé jusqu'à lui, il sauta dans ses bras, le faisant presque tomber. Il réussit à le réceptionner en soutenant son corps avec ses bras. Les jambes du fatui s'enroulèrent autour de sa taille ses mains prirent son visage en coupole.

« T'aurais pu venir m'aider, puisque c'est comme ça, t'es mon prisonnier maintenant ! Commença Tartaglia sur un ton mi-boudeur mi-amusé

- ...

Son cerveau voulait parler, lui répondre mais sa bouche ne fonctionnait pas.

- Allé, fait pas cette tête, promis je suis un gentil méchant ! »

Sur ces mots, avec un sourire attendri, Tartaglia se pencha vers lui et couvrit son visage de baisers. Ils étaient doux et légers, il avait à peine le temps de profiter de la sensation de ses lèvres chaude sur sa peau qu'il était de nouveau enseveli sous une autre avalanche de cajoleries. Il ne touchait pas à sa bouche, l'évitant, la contournant de toutes les manières possibles, la laissant se languir. Comme des papillons, ses baisers ne s'attardaient pas, voletant à tous les endroits possibles. Après avoir entièrement recouvert son visage -tout en évitant soigneusement sa bouche- le jeune homme se stoppa. Son partenaire le regardait avec des yeux emplis d'amour, toujours dans ses bras. Il sourit et prononça une phrase que Zhongli n'entendit pas, comme brouillé par le bruit de l'océan. Mais il en avait plus que compris le sens alors son corps se mit en route tout seul, il avait allumé un interrupteur, sa conscience comme spectatrice et prononça :

« Moi aussi je t'aime »

Ses lèvres fondirent enfin sur les siennes, réchauffées par le soleil. Elles avaient le gout sucré des glaces et du bonheur.

Anyway - zhongchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant