Chapitre V

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Après avoir bien profité de la vue, le roux se leva et décida de se mettre en route mais alors qu'il sortait de l'auberge une silhouette familière se dessina, quelques mètres plus loin, dans la direction de Liyue. Un homme grand, avec de longs cheveux bruns attachés en catogan et une tenue orange et marron. Tartaglia compris exactement qui il était, c'était son inconnu. Il hésitait entre courir et le rattraper ou bien faire comme si de rien était et le suivre discrètement.

Finalement la tentation de lui parler fut plus forte, et il partit au petit trot pour le rejoindre. Arrivé à sa hauteur, aucun mot ne sortait de sa bouche, l'inconnu venait de caler une mèche de cheveux derrière son oreille d'un geste, certes commun, mais extrêmement gracieux. Le roux ne savait pas si c'était dû à son allure, à sa manière de bouger ou à ses doigts longs, fins et graciles. Sa bouche était entre ouverte dans un 'O' discret, un peu plus et il bavait.

Zhongli marchait tranquillement pour retourner à Liyue et alors qu'il se recoiffait d'un geste machinal, il entendit un raclement de gorge près de lui.

Le jeune homme roux sur lequel il avait basé son plan se trouvait juste à côté de lui marchait d'un air innocent un peu perdu. Gêné, le jeune exécuteur s'adressa doucement au plus grand :

« Bonjour...

- Bonjour, vous-êtes ? »

Tartaglia pensait à se pendre, il n'était vraiment mais vraiment pas à l'aise. D'habitude, parler à des inconnus n'était pas la chose qui le dérangeait le plus mais un je-ne-sais quoi l'intimidait chez cet homme. Zhongli, lui aussi, était dans une position du moins embarrassante. Comment aborder sa cible sans paraitre snob ou forceur en étant assez à l'aise avec lui pour qu'il veuille bien lui rendre ce tout petit petit minuscule service, celui de lui servir de faux conjoint ?

La dernière fois au restaurant, il n'avait pas eu le temps de bien le voir, trop gêné par son regard brulant, mais maintenant, il le voyait clairement. Ses cheveux roux en bataille, ses quelques mèches tirants sur le blond, ses yeux bleus ternes qui brillaient et s'éclaircissaient comme le ciel à certains moments, ses boucles d'oreilles dépareillées et son haut qui laissait entrapercevoir le bas de son ventre.

Le roux, toujours fasciné par la beauté de son nouveau compagnon de route, répondit sans vraiment réfléchir, du tac au tac :

« Je suis Tartaglia, enchanté, et vous ?

- Zhongli, de même. Continua le brun sur un ton détaché.

- C'était vous au restaurant ? »

Tartaglia posait la question, il savait la réponse. Évidement que c'était lui, comment pourrait-il l'oublier ?

« Oui, merci pour l'addition.

- Oh, avec plaisir, j'avais quelques moras en trop, ça me faisait plaisir de les utiliser pour vous. »

Zhongli, peu surpris par le ton charmeur de son acolyte, profita du silence paisible qui régnait entre eux. Silence que le fatui brisa :

« Au fait, vous habitez à Liyue ?

- Oui, depuis longtemps. Et vous ?

- Pareil, sauf que je viens juste d'arriver et je connais pas trop le coin. Oh et pas la peine de me vouvoyer, ça me rend vieux et je n'aime pas avoir des rides avant l'heure. Dit Tartaglia d'un ton dramatique tout en simulant grossièrement un évanouissement. »

Son interlocuteur, amusé par la situation et l'attitude de drama queen du roux, esquissa un petit sourire. Ce qui n'échappa pas à l'homme habillé en gris. En effet son rythme cardiaque s'était très légèrement accéléré et, il ne savait pas du tout pourquoi mais il était un peu plus intimidé.

Zhongli, quant à lui, avait tout de suite pensé que s'il se trouvait vieux, alors il était une antiquité prête à être mise à la poubelle. Mais il avait réussi à lui faire esquisser un sourire, et ça, ce n'était pas rien. Il continua sur le même ton charmeur :

« Eh bien, si vous, ah pardon, si tu ne connais pas les alentours, tu rates quelque chose...

- Vraiment, on m'a dit que Liyue était une ville ravissante, mais je dois reconnaitre que je suis un peu perdu.

- Peut-être aurais tu besoin d'un guide ? »

Comprenant ou Zhongli voulait en venir, il acquiesça en souriant. Le brun était satisfait. Il venait de trouver la parfaite raison de revoir et donc par extension, de se rapprocher du roux. Il proposa alors :

« Demain vers 18h30 devant la guilde des marchands ? »

Ses heures de travail seraient terminées et il savait exactement ou la guilde se trouvait, il acquiesça donc, heureux de pouvoir son bel inconnu. Mais penser à son travail lui rappela un élément important : il avait promis à la secrétaire générale de la banque du nord de lui rendre son rapport ce soir. Il ne pouvait pas se permettre de rendre son tout premier dossier en retard, surtout dans cet environnement malsain. Les heures avaient défilé depuis qu'ils étaient partis mais s'il ne se hâtait pas, non seulement il serait en retard mais en plus il devrait bosser dessus cette nuit. Et ça, c'était hors de question.

« Je vais devoir vous laisser, j'ai un rapport à rendre et je risque d'être en retard... »

Zhongli le salua calmement puis il fila à la vitesse de la lumière vers la ville portuaire.

Tartaglia venait d'arriver. La lumière du soleil commençait à doucement décliner. Il rentra dans le bâtiment et rédigea son rapport avec efficacité. Avant de retourner à sa chambre d'auberge, il n'oublia pas de prendre sa seconde mission qui l'attendait bien sagement pour la lire entièrement.

La secrétaire avait remarqué le dossier dans les mains de l'exécuteur et s'adressa à lui d'une voix claire :

« Excusez-moi monsieur, mais vous n'avez pas le droit de sortir des documents appartenant à la banque du Nord. »

Quelques peu surpris, il s'était retourné. Il n'avait jamais aimé les secrétaires. De son point de vue, elles étaient froides, dépourvues de tact. De plus, celle-ci lui manquait grandement de respect, et elle le faisait exprès. Alors, de façon à assoir son autorité, il répondit d'un ton sans appel :

« Très bien, vous êtes une secrétaire stagiaire à ce que je vois, on ne vous a surement pas prévenue de ma mutation, je suis désolé, je me présente, Tartaglia, 11ème exécuteur des fatuis, enchanté de faire votre connaissance

Il pouvait paraitre aimable de l'extérieur, mais l'intéressée avait bien compris que c'était tout le contraire. Énervée d'être traitée de stagiaire, elle répliqua :

- Non, j'ai bien été prévenue de votre venue, et cela ne change rien à la règle : les documents ne doivent pas sortir de la banque. Ce n'est pas votre mutation qui va changer quoi que ce soit. »

Tartaglia, qui voulait rentrer 'chez lui' le plus rapidement possible, décida de clore cette discussion sans queue ni tête.

« Eh bien, madame Kachawkawolski, commença-t-il en prenant bien soin d'écorcher son nom, à partir de maintenant, comme je suis la plus haute autorité dans cet établissement, vous n'avez plus besoin de défendre cette stupide règle puisque vous êtes virée. Et vous autres qui regardez votre supérieur réprimander votre collègue, prenez soin à modifier cette règle. Dorénavant, personne ne peut sortir de documents de la banque du Nord sauf ordre contraire d'un exécuteur, termina-t-il, satisfait de sa prestation »

De retour dans sa spacieuse chambre d'hôtel, il décida de commander à manger. Il prit un restaurant au pif et demanda pour un bol de ramen, aussi choisit au hasard. Sa journée avait été épuisante mais heureuse, il avait pu fixer un rendez-vous avec Zhongli, qui définitivement allait être un meilleur coup l'homme de l'autre soir. Il ne lui restait plus qu'à l'attraper dans ses filets, ce qui, d'après le sourire amusé qu'il lui avait lancé plutôt ne serait pas impossible. 

Anyway - zhongchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant