4- La nature de l'homme

2.7K 99 126
                                    

Néra Fores

Je me stoppais net, cette masse n'était pas assez dure pour que ce soit un mur, mais tout de même.

Alors quoi un corps ? Ma pensée se confirma lorsqu'en relevant mes yeux vers la source de mon arrêt, je fus intercepté par deux pupilles bleus. Ces pupilles bleus. Mais cela ne dura pas longtemps car je commençais à me souvenir de quelque chose, d'un léger détail. Et j'espérais vivement faire erreur.

Pour vérifier cette pensée qui m'était soudainement venue à l'esprit, je pris l'initiative de faire deux pas en arrière, me décollant ainsi de son corps contre lequel j'étais encore compressé, et de tourner la tête à gauche.

Mes yeux s'écarquillèrent et mes joues commencèrent à prendre une toute autre teinte en comprenant que n'avais pas fait erreur. Nous étions bien dans les toilettes pour filles.

Je posais alors un nouveau regard sur lui ou plutôt sur son corps, le toisant de bas en haut. Ceinture à moitié bouclée. Non. Chemise encore ouverte. Si. Cheveux ébouriffés. Il ne vient quand même pas de de...

-Ne me dit pas que tu viens de... je m'arrêtais dans la formulation de ma phrase, comprenant que je venais de dire à voix haute le fond de ma pensée et je repris plus calmement, enfin bref tu m'as comprise, laisses moi passer maintenant, t'es sur mon chemin.

Je détestais montrer quand j'étais gêné par une situation. En vrai je détestais montrer ce que je ressentais en général. Mais là, face à lui et cet instant, je me sentais soudainement vulnérable et ma gêne devait sûrement être plus que remarquable, ce qui avait d'ailleurs, l'air de bien le faire rigoler. Connard.

-Malheureusement je n'ai pas compris ou vous vouliez en venir professeure. Pourriez vous être plus explicite, me dit-il d'un ton provocant et rempli de sous-entendus.

Je ne m'y attardais pas et le bousculais pour rentrer dans les toilettes, furieuse. Je me retrouvais alors nez à nez avec la demoiselle avec il a... exercé cette activité physique peu catholique, si je puis dire, qui, en me voyant pris immédiatement la fuite. Ce qui me fit, à mon tour, rigoler.

-Tu as très bien compris ou je voulais en venir, arrête de jouer au plus con avec moi tu n'as pas besoin de ça pour l'être, je dirais même que tu as ta place bien au chaud sur le podium. Quelle chance, toutes mes félicitations ! dis-je sarcastiquement en m'approchant des lavabos pour tenter de faire partir les taches de café qui me collaient au corps

Mais plus je frottais, plus j'avais l'impression qu'elles s'étalaient. Je n'étais de toute évidence pas la seule à le remarquer puisqu'un rire qui ne m'appartenait pas retenti dans l'espace que nous partagions. Je le sentais se rapprocher dangereusement de moi, ses pas grattaient millimètre par millimètre l'espace qui nous séparait encore, jusqu'à ce qu'il se trouve presque collé à moi, à mon dos. Je n'y prêtais pas pour autant attention, trop concentré sur ma tâche, qui s'avouait être plus compliqué que prévu.

-Et arrête de m'appeler « professeure » c'est trop bizarre, je te rappelle qu'on a le même âge, dis-je en soupirant, lasse de ce surnom.

Voyant que mes tentatives pour enlever ces traces de café étaient belles et bien vaines, j'abonnais et me retournais, prête à partir pour rejoindre ma salle de cours, déjà bien trop en retard pour mon premier jour. Mais à l'instant où je voulais déloger ma place,je me retrouvais soudainement plaquée entre le lavabo et celui que je redoutais inconsciemment, deux bras s'étaient callés de part et d'autre de mon corps, m'empêchant toute fuite possible.

-Mais qu'est-ce qu'il te prend, je suis déjà hyper en retard, je sais que toi et les études ce n'est pas vraiment l'amour fou mais tu n'as pas besoin de gâcher la scolarité des autres, dis-je d'un ton plus énervé que je ne l'aurais voulu.

Whispers from beyondOù les histoires vivent. Découvrez maintenant