Jamais Deux sans Toi

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Alors que Xiangling essayait de le ramener à la raison, Chongyun ne pouvait s'empêcher de prêter plus attention à l'homme élégamment assis à quelques centimètres de sa personne, l'air pensif. Sa vie n'avait cessé de n'être qu'illusion et il avait l'impression, une fois de plus, que tout ce bonheur qu'il recevait n'était qu'un mauvais rêve. Seulement, il aurait beau se pincer une centaine de fois le résultat ne ferait que confirmer que tout ceci était bien réel. Une réalité qui faisait à présent intégrante de sa nouvelle routine de vie. Une nouvelle routine qu'il n'avait pas pris le temps de correctement assimiler. Xingqiu était plein de surprises et de secrets. Des secrets que Chongyun essayait de ne pas découvrir par lui-même car il savait ce que faisait cette sensation de trahison à la découverte d'une information qu'il n'aurait pas dû savoir. Il espérait alors simplement que Xingqiu aurait un jour le courage et la confiance nécessaire pour venir lui en parler de son propre chef.

« Xingqiu a déjà tué quelqu'un. »

Se rappeler de cette phrase meurtrie rendait le cœur de Chongyun extrêmement lourd et peiné. Il détestait ça. Il détestait devoir inconsciemment se méfier de n'importe qui même de ceux qu'il estimait comme son entourage le plus proche. C'était plus fort que lui, et depuis l'accident qu'il y avait eu avec Xingqiu et ce Fatui, cette vieille conversation qu'il avait à peine entretenu avec l'aîné de la famille Feiyun lui revenait sans cesse. Ça ne pouvait être un simple hasard et son côté extrêmement rationnel le savait, cependant son cœur refusait de s'aventurer dans cette zone-là, de peur de s'y pénétrer trop profondément pour revenir en arrière.
Anxieux, Chongyun posa doucement sa main sur sa poitrine et commença des séries d'inspirations et d'expirations profondes pour calmer les palpitations incontrôlés de son cœur. Devant lui, Xiangling n'avait toujours pas bougé. Le visage déformé par l'inquiétude, son regard rouge de tristesse ne l'avait pas quitté une seule fois des yeux. Chongyun n'y avait malheureusement jamais prêté attention mais sous ces rayons de soleils ne se cachaient qu'une énorme peine que la jeune femme n'osait partager à personne. Il ne s'était jamais rendu compte de la douleur que Xiangling avait dû accumuler depuis tant d'années sans jamais réellement extérioriser sa détresse.

— Xiangling, je suis désolé.

Les mots étaient simplement sortis de ses lèvres, Chongyun n'avait pas réfléchi. Mais il ne regrettait rien. Il le pensait réellement, il était désolé pour Xiangling. Sa culpabilité n'aurait cessé de le ronger s'il n'avait pas osé sortir ces trois mots de la manière la plus sincère qu'il voulait que ces simples enchaînements de lettres soient.
L'expression de la jeune femme s'adoucit, visiblement étonnée de ces aveux soudain. Des traces grisâtres décoraient ses joues, laissant facilement penser au passage de quelque larmes sur cet endroit-là, tandis que son cœur s'apaisait. C'était-elle déjà tenue face à Chongyun afin de parler si ouvertement ?

— Je suis désolé d'être l'ami que personne ne voudrait avoir, continua le jeune homme sous le regard attentif de son amie. J'ai toujours pensé à moi mais je n'ai jamais été attentif à ton propre bonheur. Je sais qu'il est peut-être trop tard pour s'en soucier mais... comment est-ce que tu te sens ?

À cette simple question, Chongyun avait décidé de poser ce regard plein de sincérité à Xiangling. Il ne voulait pas être le "mauvais ami", il voulait être Chongyun. Juste Chongyun. Xiangling ne répondit rien pendant un long moment, prise de court par tout ce qu'on venait de lui dire si franchement. Celle-ci savait qu'on attendait d'elle une réponse, seulement, pas même un son n'osait sortir de ses lèvres. Son corps ainsi que ses pensées semblaient s'être soudainement figés, comme si cette question, que la jeune femme avait attendu depuis tant d'année, était en fait ce qui l'effrayait, bien plus que d'être oubliée. Ses poumons se remplirent à nouveau d'air, puis, avec tous le courage qui lui restait de la journée, Xiangling chuchota presque ces mots simples.

LIYUE. { Xing-Yun } - [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant