Chapitre 15

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Je relevai la tête de mon oreiller et regardai mon téléphone . Mon réveil sonnait déjà depuis vingt minutes mais je le repoussai de cinq à chaque fois . Aujourd'hui , c'était la rentrée . Ce moment tant attendu et tant redouté à la fois. Quand on ne sait pas encore vraiment si on est heureux de retrouver ses amis ou déprimé de recommencer les cours . Pour ma part , le choix était vite fait. Je me décidai enfin à me lever et courus presque jusqu'à la douche pour me réveiller complètement . Je la pris quasiment froide et en deux minutes, montre en main . Dehors , il faisait déjà chaud , alors qu'il n'était que sept heures trente-cinq . Je m'habillai d'un jeans et d'un t-shirt blanc ample et me fis un chignon négligé dont mes boucles brunes s'évadaient . Je mis une couche de mascara et un peu d'anti-cernes , décidant qu'il valait mieux me maquiller que de me transformer en zombie . Je ne mis pas ma veste en jeans , il faisait beaucoup trop lourd . Saisissant mon sac brun à frange , j'engloutis rapidement un bol de céréales , pris de quoi manger à midi et m'assurai d'avoir tout ce qu'il me fallait pour cette rude journée . Ma mère était déjà partit travailler , mais elle m'avait promis d'être là pour le diner . Elle voulait que je lui raconte en détails cette première journée de cours . Je savais que c'était important pour elle , de me montrer qu'elle s'intéressait à moi et de me poser toutes ces questions débiles sur la rentrée des classes , que toute mère digne de ce nom pose .


Alors que je rangeai mon bol au lave vaisselle et m'apprêtai à sortir , je reçus un sms . J'hésitai quelques instants avant de regarder . Et si c'était Jake ? Ces derniers jours , j'étais devenue complètement parano , imaginant Jake surgir à n'importe quel instant dans ma chambre ou m'épiant dans la rue . Dès que je recevais un sms ou un appel , je priai pour que ce ne soit pas lui . Et heureusement , ça ne l'était pas . C'était Lionel .


"Prête?"


C'était une sorte de rituel . Tous les matins , Lionel passait me prendre en moto pour aller jusqu'à l'école . Ma mère avait eut un peu de mal à l'accepter au début . Elle faisait sans cesse des crises de panique et m'ordonnait de ne plus jamais monter sur cet "engin destructeur" , comme elle l'appelait . Mais au fur et à mesure , elle avait finit par s'y habituer . Le fait que ce soit Lionel qui conduise jouait pour beaucoup . Je connaissais Lionel depuis les maternelles . C'était mon ami d'enfance . À une époque , je restai sans cesse avec lui et Victor . C'était bien avant que je ne connaisse Charlie et Mélodie . Ils étaient mes deux confidents , et alors qu'en grandissant Victor était devenu mon petit copain , Lionel était devenu comme mon frère . Puis Victor avait suivi son père , qui voyageait sans arrêt pour le boulot , en Australie ; et nous nous étions séparés. Lionel et moi n'en avions été que plus proches car il dut me consoler de l'absence du troisième membres de notre bande . Entre lui et moi , ça n'avait jamais été que des liens fraternels et aucun de nous deux n'en voulait plus . En gros , ma mère considérait Lionel comme son propre fils et lui vouait une confiance aveugle . Elle savait très bien qu'il faisait passer ma propre sécurité avant la sienne .


Je sortis de chez moi , le sourire aux lèvres . Lionel était sur le trottoir d'en face, adossé sur sa moto , un casque en main . Je traversai la rue et courus dans ses bras .


- Lionel ! m'exclamai je en lui faisant un gros bisou sur la joue . Tu m'as tellement manqué !


Il rit et ce son me réchauffa le coeur . Il me serra contre lui et me rendis ma bise .


- Toi aussi , Rex .


J'ébouriffai ses cheveux bruns , un peu trop long et rigolai . Rex , c'était le surnom ridicule qu'il m'avait donné ; il y a de ça des années . Je me souvenais très bien de ce mercredi après-midi que nous avions passé au cinéma . Nous étions aller voir un film de dinosaures pour faire plaisir à Lionel et une sale petite gamine n'arrêtait pas de parler , lancer du popcorn dans la salle et de crier que le film était nul . Certes , c'était vrai , mais ce n'était pas une raison pour le hurler et déranger tout le monde . Personne n'avait bronché , pas même ses parents qui avaient semblé plus terrfiés par leur fille de huit ans que par les dinosaures du film . Après vingt minutes insoutenables et plusieurs demandes explicites mais gentilles de ma part pour que cela cesse , je n'en pouvais plu . Je m'étais retournée vers la petite fille et lui avais dit plus agressive que jamais , que si elle ne la bouclait pas rapidement , le méchant T-Rex du film allait venir la bouffer et que cela ferait tellement mal qu'elle préférerait mourir immédiatement plutôt que de vivre une seule seconde de plus . Alors que ses yeux s'étaient agrandis par la peur , j'avais porté une ultime touche finale en la faisant sursauter . Elle avait finit en pleurs et sans aucune remarque face à mon attitude puérile , les parents étaient sortis avec leur fille . Ensuite , toutes les personnes de la salle m'avaient applaudie et avaient crier des "Hourra" ou des "Merci" , avant de se concentrer à nouveau sur le film . Depuis , Lionel m'appelait Rex , non seulement en référence au dinosaure qui m'avait permis d'effrayer l'enfant ; mais aussi à cause du prénom que l'on donnait aux méchants chiens .

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