Chapitre 36

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Les mots d'Alice tournaient en boucle dans ma tête. Tous ces mensonges, ces trahisons... Est ce qu'un jour, mes proches arrêteront de me mentir? Les larmes aux coins des yeux, la gorge serrée par l'émotion et l'horrible sensation d'avoir la poitrine comprimée, m'empêchant de respirer. J'avais déjà connu tout ça tellement de fois! Je ne voulais pas le revivre! Pourtant, c'était exactement ça que je ressentais en ce moment même. Je me sentais humiliée... Moi qui pensait savoir me protéger de tout ça... Moi qui pensait savoir distinguer les menteurs de mes amis... Moi qui pensait savoir en qui je pouvais faire confiance! Je m'étais trompée, et lourdement.

- Je suis désolée Alex... dit simplement Alice, d'un ton rempli de douceur.

Je ne voyais qu'une image déformée d'Alice, floutée par mes larmes.

- Me-me-merci de me l'avoir dit, parvins je à dire entre mes sanglots. Ce... ce n'est pas ta faute.

A peine avais je finit ma phrase que Léo débarqua dans le couloir.

- Qu'est ce qui se passe?

Je me retournai vers lui, incapable de répondre. Léo se liquéfia sur place en voyant l'état dans lequel j'étais.

- Alex... Qu'est ce qui ne va pas? demanda-t-il d'une voix blanche.

C'en était trop pour moi... Si je restais ici, j'allais encore plus sangloter, encore plus pleurer, encore plus m'effondrer. Il fallait que je parte d'ici et vite. Il fallait que j'aille à l'air libre. J'avais besoin d'air, maintenant.

Je baissai la tête, et le plus rapidement possible, me faufilai derrière Léo.

- Alex! Attends! cria Alice.

J'entendis vaguement Léo lui parler, mais je ne m'arrêtai pas. Je continuai à toute allure dans les couloirs, espérant m'éloigner le plus possible. Le sol défilait sous mes yeux, mes pas s'accéléraient et je ne savais toujours pas ou j'allais. Quand je me sentis assez loin du réfectoire, assez loin d'Alice et de Léo et assez loin de l'agitation, je m'arrêtai, le souffle court. Qu'est ce que j'allais faire maintenant? Je n'avais qu'une envie rentrer chez moi... Mais c'était impossible... Car ma maison était à présent l'endroit à éviter. Hors de question de revoir ma mère. Je ne voulais pas la voir, pas l'entendre. Pour qu'elle me dise quoi? Elle m'aurait servi des mensonges! Encore et toujours!

Epuisée, je me laissai glisser contre le mur.  Je ne savais pas ou était la sortie, et cela ne servait à rien de tourner en rond. Autant me calmer, toute seule, dans mon coin. Je fermai les yeux tandis que mes larmes roulaient d'elles mêmes sur mes joues. Je ne fis rien pour les stopper. A quoi bon? Autant extérioriser ma tristesse et ma colère...

Je n'arrivais toujours pas à y croire. Ma mère s'était foutue de ma gueule. Depuis toutes ces années, elle avait garder le secret, et plus récemment, elle avait continué à faire comme si de rien n'était. Même quand Greg lui avait dit que je faisais partie de l'Institut -car il l'avait forcément fait- ma mère avait continué à mentir. Elle avait fait semblant de croire à toutes mes excuses. Toutes ces fois ou j'avais prétendu être chez Lionel, Charlie ou Mélodie... Elle savait en réalité que j'étais avec les Elus.

Alors que je comprenais petit et à petit tout ce que cette révélation impliquait, j'éclatai à nouveau en sanglots. Je ramenai mes jambes contre mon ventre et lovai ma tête dedans. Assise en position foetale, j'essayai de calmer les tremblements qui secouaient mes épaules, en vain.

- Alex?

Je sursautai en entendant mon prénom, et relevai violemment la tête. Le garçon de l'autre jour se tenait devant moi -celui qui m'avait aidé à retrouver Alice et embrassé- dans un t-shirt vert foncé qui soulignait la couleur de ses yeux, un gilet noir et un jeans.

SortilègesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant