Sept.

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Mégane

J'ai mal dormi. Enfin, si on peut appeler ça « dormir ». J'ai ruminé. J'ai ressassé mes erreurs.

Je lui ai donné mon vrai prénom.

Le babyphone grésille : j'ai oublié de l'éteindre hier soir avant d'enfoncer ma tête dans mon oreiller pour crier tout ce que j'avais besoin d'évacuer. Normalement, je suis censée l'allumer autour de 7h30, c'est à cette heure-ci que je prends la relève du père.

Je jette un œil au réveil quand le babyphone : 06h02. Prête à me lever pour préparer son petit-déjeuner, je suis arrêtée dans mon élan quand une voix jailli du petit appareil blanc, posé sur ma table de nuit. Mon cœur rate un battement. Je me fige.

— Harper, rendors-toi, c'est un peu tôt.

Frisson. Son timbre éraillé me ramène à cette soirée de débauche. J'ai honte, tellement honte. Alors, comme si ma couverture pouvait me servir de bouclier, je la rabat sur mon visage.

Après quelques minutes, je décide de me lever pour aller affronter mon nouveau patron. Je file dans la salle de bain pour me changer et je descends.

D'un léger coup de pied, j'ouvre un peu plus la porte de la cuisine pour entrer. Elle grince. Mes yeux tombent sur Greyson, assis à la table, sirotant son café dans son costume impeccablement ajusté. Il est beau. Vraiment beau. Comme ces gars dans les magasines qui posent pour les pubs des parfums.

Je réalise combien ma situation est désespérée. Cette image de lui vient titiller mes hormones à présent en ébullition, alors que j'avais un objectif en vue : lui parler, m'excuser ? Pas avoir envie de recommencer...

— Vous en voulez un ?

Je sursaute, sortie de mes pensées par sa voix, calme, douce. Je reste silencieuse, incertaine de savoir s'il s'adresse vraiment à moi.

— Un café ? répète-t-il.

Il lève ses yeux dans ma direction, arque un sourcil pour appuyer sa question. Et moi je bégaye. Pathétique.

— Euh ... N... non merci.

Voilà que je flippe. J'espère qu'une seule : qu'il a oublié mon visage.

En deux jours ? Ouais ben il faisait noir, il avait trop bu aussi et puis je suis certaine qu'il a enchaîné les conquêtes après moi.

— Ne restez pas planté là, Mégane. Ou devrais dire, Lucy ? Comprenez, je suis un peu perdu quant à votre identité.

J'écarquille grand les yeux.

Bon, c'est officiel, il se souvient parfaitement de moi. De nous. Probablement de mes gémissements. De mon anatomie. Des griffures que j'ai laissées dans son dos.

À cet instant, je donnerais n'importe quoi pour disparaître.

Je veux une baguette magique – une autre que la sienne, je précise.

Il ne le sait pas, mais au contraire de lui, moi, je n'ai pas réellement menti sur mon prénom.

— Harry ou James ? lâché-je à mon tour.

La commissures de ses lèvres s'étirent. C'est sexy.

On se calme. On. Se. Calme !

— James Harry Greyson, pour être exact miss Bellerose.

Je souffle profondément, mes joues s'enflamment alors que j'avance jusqu'au réfrigérateur. Je remplis mon verre de jus de goyave et m'assieds le plus discrètement et le plus loin possible de l'homme qui ne perd pas une seule miette de mes faits et gestes.

Nightmare IslandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant