Chapitre 26

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James.

Enfin de retour à la maison, je sors les valises du coffre, les pose à l'entrée et m'effondre sur le canapé pendant que Lucy est partie coucher ma fille qui s'est endormie dans la voiture.

— Sacré week-end, me dit-elle en me rejoignant.

Je l'admire dans sa robe noire, ses collants toujours décorés. Aujourd'hui, ils mettent particulièrement ses jambes en valeur avec le trait noir qui remonte derrière ses mollets et ses cuisses. Lucy, s'installe à mes côtés et je ne me rends pas compte de suite que j'ai naturellement passé mon bras derrière sa nuque, que ma main repose sur son épaule. Elle ne dit rien, mais elle me toise, les yeux brillants.

— Un film, ça te dit ? m'entends-je lui proposer.

— Tant que ce n'est pas un film d'horreur, ça me va.

Un sourire mutin s'étire sur ses lèvres quand un souvenir rejaillit dans son esprit.

— Tu avais finalement l'air d'apprécier, la taquiné-je.

Elle réprime un rire et pose sa tête contre mon torse. Tout ça paraît soudain naturel : mon bras qui l'entoure, ses cheveux qui valse sur ma chemise, nous deux dans le canapé après avoir couché Harper. Je m'ébroue mentalement et attrape la télécommande.

— Film d'action ?

— Parfait !

Il lui a suffi d'une vingtaine de minutes pour qu'elle s'endorme, sa tête toujours sur moi, sa main doucement posée sur mon ventre. Je ne peux pas voir son visage mais je chéris cette proximité. J'ai érigé des barrières autour de ce genre de tendresse depuis la perte de Céleste. C'est un territoire interdit que j'ai peur de fouler, car m'attacher à quelqu'un m'effraie au plus profond de mon être. Je refuse de perdre encore quelqu'un à qui je tiens. Je ne m'en remettrais pas. De plus, je refuse d'avoir un autre enfant. Lucy aime les gosses, la preuve, c'est son métier, alors, notre relation ne pourra jamais aller plus loin. Jamais ...

Un pincement survient dans ma cage thoracique.

Mon premier et seul amour à disparu subitement, Elle était là et l'instant d'après, son teint si frais est devenu livide, son rire s'est tue, ses yeux bleus se sont fermés. Je me suis retrouvé seul avec une enfant qui me rappelait constamment que Céleste n'était plus de ce monde. Je n'arrivais pas à regarder ma propre fille, j'évitais de m'occuper d'elle.

J'ai été un père affreusement absent, mais je lui en voulait d'être ici, présente dans ma vie, car si nous aurions décidé de ne pas avoir d'enfant, ma femme serait encore avec moi. Ce souvenir me donne envie de vomir. Il m'a fallu quelques mois pour réaliser que les sourires d'Harper étaient comme des baumes pour mon cœur brisé, que sa voix chantonnante était une mélodie d'espoir, que je l'aimais plus que tout et qu'elle était mon pansement, ma fille adorée.

Je sais que Céleste serait fière de notre petite boucle d'or, elle qui n'a eu que quelques précieuses secondes pour la voir avant de fermer les yeux pour de bon sur notre monde. Pourtant, je me souviens qu'elle avait souri, même alors qu'elle savait qu'elle allait nous quitter. Une brûlure intense étreint mon corps, juste , dans mon cœur.

Je paierais cher pour danser une dernière fois avec elle, pour sentir son parfum dans mes draps, pour entendre son rire, pour la voir jouer avec Harper. Céleste aurait fait une mère parfaite, j'en suis certain.

Putain de vie ...

J'essuie discrètement une larme qui a perlé, dévoilant le tourbillon d'émotions qui m'habite. Mes pensées retournent vers la brune endormie à mes côtés, celle qui, sans le savoir, a réussi à apaiser un peu plus ma douleur. Lucy...

Nightmare IslandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant