Nightmare Island

Chapitre 45

Mégane.

Je rentre, claque la porte avec colère et monte les escaliers rapidement, ma sœur sur mes talons. Je tourne la clé dans la serrure, m'enroule en boule dans la couverture et pleure sans relâche.

Une petite voix résonne derrière le bois, une voix suppliante, une de celle que je ne souhaite pas entendre, là, tout de suite. Alors je bouche mes oreilles, lui demande de déguerpir, de me laisser tranquille, je lui crie que tout est de sa faute, que je veux la paix.

Mais Lucy n'écoute pas. Elle saisit le double de la clé et entre alors que moi je rêve de lui balancer mon poing dans sa figure.

— Qu'est-ce qui se passe, Még ?

Je ne réponds pas, mais elle insiste, me repose la question. J'entends un bruit de béquille taper le sol dans un parfait tempo, puis sens le lit s'affaisser, sa voix se rapprocher, son parfum se diffuser autour de moi.

— Laisse-moi tranquille.

— Non, Mégane. On doit parler. Je veux comprendre. Même si ça veut dire que je dois encaisser les coups. Je suis prête, m'affirme-t-elle.

Depuis mon retour, raccompagnée par la police, je boude clairement ma jumelle. Elle sait ce qui s'est passé car les hommes en uniforme lui ont posé des questions sur Jérôme, sur leur relation, sur la plainte.

Trois jours plus tard, j'ai reçu cette lettre de mise à pied par James et mon cœur s'est brisé en mille morceaux. Et ce matin, je me suis ruée chez lui pour avoir des explications.

James a été ferme.
James a été dur.
James n'a pas été empathique, m'a menti en me regardant droit dans les yeux : notre baiser ne voulait rien dire et il le sait très bien.

Je comprends ce qu'il a dû ressentir. Mais Jérôme n'est pas mon ex, je ne savais pas qu'il était réapparu dans la vie de ma sœur, qu'il a été violent avec elle. Elle aurait dû tout me dire et nous aurions réglé ce problème rapidement et sans mêler la petite Harper à toute cette merde.

Lucy se penche, pousse la couchette qui recouvre mon visage, le regard suppliant.

— Insulte-moi, crie-moi dessus, mais parle-moi !

Je me relève, souffle, essuie mes larmes, lui balance tout avec véhémence et rage.

— Tu es responsable ! Si aujourd'hui James ne veut plus de moi, si lui et Harper ont été en danger, si j'ai failli mourir, si j'ai le cœur en miette, tout ça, c'est entièrement de ta faute !

Ma sœur opine silencieusement.

— Il a raison, jamais tu aurais dû accepter ce job de nourrice alors qu'un taré d'ex te courait après. Qu'est-ce qui t'as pris !

Son visage devient livide. Elle peine à respirer normalement, à me répondre. Mais elle le fait, dans un murmure presque inaudible et de sa voix tremblante.

— Je suis désolée.

— Un pardon ne résout pas tout, Lucy.

— Je sais. Est-ce que tu veux que j'aille lui parler ?

— Hors de question, il ne doit jamais savoir ! gueulé-je. Lui aussi a assez souffert, ne rajoute pas une autre connerie. Je veux rentrer en France.

Lucy se met à pleurer, s'excuse encore, se sent responsable et se lève pour sortir de la chambre en me proposant de m'apporter un plateau repas. Je ne la retiens pas, même si j'aimerais lui demander de me rejoindre dans le lit de l'enlacer, lui pardonner tout parce que c'est ma sœur et que je l'aime. J'aimerais qu'on se promette de ne plus jamais rien se cacher, de tout se dire, toujours.