Chapitre 18

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Mégane.

Finalement, ils n'ont pas pris le temps de déjeuner ce midi et se sont contentés de grignoter pendant leur réunion.

Harper saute joyeusement dans toutes les flaques d'eau qu'elle trouve, éclate de rire à chaque bond. Je ne l'ai jamais entendue rigoler aussi franchement, sauf peut-être lorsqu'elle est avec son père et qu'il se métamorphose en un papa complètement gaga.

J'ajuste mon chapeau sur ma longue chevelure brune et sors mon téléphone de la poche de ma veste pour prendre un cliché de la petite blonde, parapluie multicolore dans les mains et bottes jaunes, qui saute à pieds joints.

Toutefois, notre joyeuse escapade est interrompue par l'arrivée de James et crie au loin quelque chose d'incompréhensible. Son visage trahit un mélange d'inquiétude et de colère. Mes craintes se confirment, quelque chose ne va pas.

Je saisis la main de la petite et m'approche de mon patron, le cœur battant.

— Qu'est-ce que vous faites, bon sang !

Son ton sévère me surprend. Je recule d'un pas, abasourdie par sa réaction virulente. J'ouvre la bouche pour lui répondre, mais il ne me laisse pas le temps de répliquer quoique ce soit.

— Elle va tomber malade ! Vous êtes inconsciente, Lucy.

— Vous n'avez jamais fait ça, monsieur Greyson ? osé-je demander, tentant de tempérer la situation.

Sa mâchoire se contracte, son visage se crispe ; je sens qu'il retient à grand-peine une série d'insultes qu'il souhaite me lancer.

Ferme-la Mégane...

Je pose ma paume contre mes lèvres, muselle mes paroles que je regrette déjà. Je me suis laissée emporter. Mon patron est sur le point d'exploser et je me maudis pour avoir osé être moi et non ma jumelle.

— Attention à ce que vous dites, Lucy ! s'énerve-t-il.

Harper, prise au milieu de notre dispute, se met à pleurer. La tension entre son père et moi est palpable et la petite ressent inévitablement cette atmosphère tendue. Ma sœur m'a toujours répété que les enfants étaient des éponges émotionnelles, et là, devant nous, Harper en est la parfaite illustration.

Je prends une profonde inspiration, paumes face au sol, ferme les yeux l'espace d'un instant pour retrouver mon calme.

— Je serais ravie de discuter de ce sujet plus tard, celui de savoir si Harper a besoin de « s'amuser » comme tous les autres enfants de son âge, mais pas en sa présence, dis-je d'un ton plus posé.

James s'accroupit en tendant sa main en direction de la petite bouclette blonde, son visage marqué par la préoccupation, par le fort désir de la réconforter. Harper, les larmes aux yeux, tend ses bras vers son père. James la prend doucement et la petite se blottit contre lui, cherchant réconfort et sécurité dans ses bras solides. Il murmure des mots apaisants, caressant tendrement ses cheveux dorés.

Je me tiens là, à l'écart, me sentant soulagée que la tension ait diminué. Tout en observant cette scène touchante, je réfléchis à mes paroles impétueuses plus tôt. Peut-être avais-je été trop directive, trop impulsive. Je veux le bien de Harper, bien sûr, mais je dois apprendre à respecter les limites et les préférences de son père. Ce n'est pas moi qui gère l'éducation de la petite, ce n'est pas à moi de décider ce qu'elle a le droit de faire ou non. Et même si j'avais compris que James était très – trop – protecteur avec sa fille, je n'imaginais pas à quel point. Je réalise que s'il découvrait ma vraie identité, je serais dans l'obligation de fuir loin de lui : il ne me pardonnera jamais ... Je mets la sécurité de sa fille en danger et cette idée me froisse l'estomac.

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