Quatre.

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Mégane

Lundi matin ; seul le son tonitruant de ma valise qui roule sur les pavés, accompagne mon avancée vers ma destination.

— Harper dort encore, alors ne faites pas de bruit s'il vous plaît, chuchote sa grand-mère qui m'ouvre la porte.

Il est sept heures trente et je suis agréablement surprise de constater que la petite pile électrique n'est pas du genre à se lever aux aurores. Madame Greyson m'accompagne jusqu'à l'étage sous les toits, où se trouve mon petit appartement privé.

Il a l'air incroyablement confortable, même s'il est de taille modeste. Il coche toutes les cases pour devenir le meilleur appartement que j'aurais jamais osé rêver d'avoir un jour.

Mes yeux s'émerveillent devant la décoration soignée de la pièce. À ma droite, un lit sur un tapis moelleux blanc, légèrement dissimulé derrière une petite palissade en bois. J'avance vers lui et dépose ma valise à ses côtés. En face, une grande télévision, à sa gauche, une baignoire ovale m'invite presque à plonger à l'intérieur : elle promet des heures de relaxation.

En me retournant, je découvre un bureau élégant, accompagné d'une bibliothèque en bois et en gris anthracite – c'est harmonieux. Puis, à ma droite, derrière un mur discret, se trouvent les toilettes, parfaitement intégrées à l'ensemble. Cet endroit est un véritable petit paradis, et je me sens chanceuse de pouvoir y résider.

— J'espère que cet espace vous convient. Vous partagerez seulement la cuisine familiale et le jardin extérieur. Tâchez de ne pas être présente en même temps que monsieur Greyson, il aime manger en paix et surtout seul.

Je comprends. Ce mec baigne toute la journée dans l'effervescence du parc. Un peu de repos est mérité.

— Aucun problème, dis-je doucement.

Penny me tend le babyphone allumé que je récupère.

— Je vais donc vous laisser. Faites comme la dernière fois et tout se passera très bien, Lucy. Je vous ai également dressé la liste des choses à faire et des recommandations pour éviter de trop bousculer les habitudes de la petite. Elle se trouve sur le frigo. Bonne journée et bon courage mademoiselle Bellerose.

Avec douceur, je ferme la porte et vais directement jeter un œil à la liste. Ladite liste se déplie jusqu'à atterrir jusqu'au sol.

— Oh bordel ! Elle m'a prise pour cendrillon ou quoi ?

Je commence à lire les ennuyeuses recommandations telles que : ouvrir les rideaux de sa chambre pour laisser passer la lumière naturelle. Il est obligatoire de murmurer quand je m'adresse à la petite dans son espace privé. Mais également des prescriptions presque médicales pour son petit déjeuner : purée de banane (bio), lait tiède dans son biberon préféré ( celui avec des animaux dessus), le tout avant 8h00.

Le baby phone grésille, l'alarme est déclenchée, le cauchemar commence. Je prends une grande inspiration, prête à affronter ce qui m'attend dans la tanière de la petite tornade. Et dès que je me sens prête, je m'élance et fonce droit dans la gueule du loup.

Je gratte sur le bois de la porte et entre avec douceur dans la chambre de Harper. La petite fronce les sourcils et commence à pousser des cris stridents. Je m'approche, mais recule aussitôt, prise d'un réflexe lorsque l'odeur nauséabonde d'un macabé en décomposition me prend à la gorge.

— Quelle horreur ! Harper, pesté-je.

La petite se met à rire et sautille dans son lit à barreaux. Elle tend les bras dans ma direction pour que je la sorte d'ici. Je l'attrape, elle tire sur mes longs cheveux bruns.

Nightmare IslandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant