Chapitre 35

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James.

Ai-je tenté d'embrasser Lucy ? Très certainement. M'a-t-elle foutu un phénoménal râteau ? Complètement. Mais je ne le prends pas aussi mal que je le devrais. Je crois même que je lui en suis reconnaissant.

Qu'est-ce qui m'a pris, bon sang !

Je réajuste le col de ma chemise, me redresse dans le train et admire Lucy qui s'extasie comme une enfant de cette visite du parc en train.

— Tu sais que, normalement, ce train n'est pas fait pour visiter les lieux mais pour aller plus rapidement d'un point à un autre ?

Lucy hoche la tête avec dynamisme, un grand sourire qui éclaire son visage.

— C'est mon attraction préférée, lâche-t-elle devant mon visage dépité.

Elle se met à rire et reprend son observation en montrant du doigt les décorations qu'elle trouve sublime.

Une fois le grand tour terminé et les minutes perdues écoulées, nous arrivons au terminus du train. Il nous a mené face à la grande roue. Lucy attrape ma main, me tire entre le cimetière pour rejoindre la file d'attente.

— C'est la dernière attraction, après je t'emmène voir la parade et le spectacle final, la préviens-je.

— Une parade genre... Comme à Disneyland ?

J'opine du chef, me délecte des étoiles qui brillent dans ses yeux ravit.

— Enfin, il n'y a pas de princesses ou de princes. C'est une version Halloween.

C'est notre tour. Nous montons et nous plaçons l'un en face de l'autre dans la nacelle en forme de cercueil qui décolle du sol en un rien de temps. L'éclairage reflète sur la peau de Lucy et fait danser des ombres flamboyantes sur son visage. Ses yeux marrons, son nez si délicat, son grain de beauté sous son œil droit, sa bouche pulpeuse et ses quelques tâches de son sur sa peau caramel, sont un délice pour mes yeux. Cette femme est si belle et je crois que ça me fait un mal de chien d'admettre qu'elle me plaît plus qu'elle ne le devrait.

Les pensées de Céleste s'immiscent doucement dans mon esprit, comme un parfum de tristesse qui flotte dans l'air. La vision de la grande blonde au sourire éblouissant, aux yeux d'un bleu profond comme l'océan, se superpose à celle de Lucy, sa polarité opposée. Elles sont si différentes, et pourtant, je ne peux m'empêcher de penser qu'elles auraient pu être de très bonnes amies.

Lucy, avec son dévouement pour les autres, sa force de caractère, sa capacité à s'émerveiller de chaque petit détail de la vie, n'hésite pas à montrer ses craintes et ses vulnérabilités, tout comme ma défunte femme. Elles se ressemblent plus qu' on pourrait le croire.

Je reste ainsi silencieux à contempler sa beauté, à me perdre dans un imaginaire où j'accepte d'avancer et de laisser partir Céleste. Dans ce songe, la nounou de ma fille ne m'aurait pas repoussé ce soir-là, et nos lèvres se seraient scellées dans un tendre baiser. Cependant, je suis contraint de me contenter de ce qu'elle est prête à partager, car de mon côté, je ne peux pas lui offrir davantage. Mon âme reste meurtrie par la perte de Céleste, la douleur qui a suivi sa disparition, la difficulté de surmonter ces épreuves, de remonter la pente et quand je pense y arriver, une autre pensée m'envahit : je ne veux plus avoir d'enfant. Je m'interdis de priver une femme de ce bonheur, d'autant plus si elle a fait de sa passion pour les enfants son métier.

À travers chaque geste, chaque étreinte, Lucy agit comme une baume sur les cicatrices de mon cœur. Elle m'assiste dans la prise de conscience que la vie peut perdurer, même en l'absence de la mère d'Harper. Lucy me rappelle que l'amour peut renaître de la douleur, que l'espoir peut surgir des cendres du passé. Cependant, tout ce qui restera de cette relation sera ce précieux enseignement, car dans quelques semaines, Lucy reprendra sa route loin de nous.

***

Les danseuses se trémoussent, les vampires jouent avec leur poche d'hémoglobine, les zombies nous régalent de leur marche boiteuse, tout est parfait et la brune à côté de moi ne vous dira pas le contraire.

Je glisse ma main délicatement dans le creux de ses reins, portant mon regard vers le firmament. Soudain, la première fusée colorée perce la nuit. Elle s'élève gracieusement, éclate en une multitude d'étoiles dorées qui parsèment le ciel d'une pluie lumineuse. Le visage de Lucy s'illumine, empli de joie, alors qu'elle contemple l'éblouissant spectacle aux mille couleurs qui danse dans l'obscurité.

Le brune pose délicatement sa tête sur mon épaule et nous restons ainsi jusqu'au bouquet final.

Puis le parc se vide, les visiteurs rejoignent leur hôtel pour se reposer, tandis que les autres rentrent chez eux, retrouver leur lit douillet.

En sortant, nous croisons encore une fois la route de Mike. Elle lui raconte avec enthousiasme notre soirée en évoquant les frissons et les rires que nous avons partagés dans ce dédale sombre de ruelles hantées. Bien sûr, elle omet de mentionner notre petite aventure secrète dans le placard à balais. Mais elle n'oublie pas de souligner avec amusement le bouton malicieusement actionné au milieu des zombies.

Mike me fixe soudain et je crois déceler un brin de jalousie orner ses iris. Puis il sourit, tend sa main dans ma direction et lâche un :

— Bien, il semble que Lucy se soit vraiment amusée ce soir. Vous avez perdu contre les zombies mais vous semblez avoir gagné quelque chose de plus précieux.

J'attrape sa poigne et je comprends ce qu'il a voulu dire avec finesse : il pense que nous étions en compétition pour le cœur de Lucy.

Était-ce vraiment le cas ?

***

Lucy retire ses chaussures, avance sur la pointe de pieds, de peur de réveiller Harper.

— Tu veux quelque chose à boire ? proposé-je en me dirigeant dans la cuisine.

Elle hoche la tête, commande un grand verre d'eau fraîche qu'elle boit d'une traite avant de plonger son regard intense dans le mien, un sourire mutin sur son visage.

— Sauna, James, ordonne-t-elle, impatiente comme une enfant à qui l'on promet une surprise.

Je termine à mon tour mon verre, m'approche de la sortie en prenant sa main. Elle m'emboite le pas jusqu'à ma chambre. Chambre qu'elle n'a jamais vu puisqu'elle avait interdiction d'y mettre un pied.

Nous entrons, puis j'ouvre la porte au fond de la pièce qui donne sur une salle de bain possédant un sauna.

— Oh mon Dieu ! Je pensais que tu plaisantais, avoue-t-elle en pénétrant dans l'espace carrelé.

— Tu veux l'essayer ?

Je sais très bien où cette proposition va nous mener, elle le sait aussi et ne prend même pas plusieurs secondes pour réfléchir qu'elle est déjà en train de déboutonner son pantalon pour le faire glisser le long de ses cuisses et offrir à la vue, la parfaite vision de son corps dans un bodie. 


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