Chapitre 10

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James.

Je prends une grande inspiration.

— Bonsoir à tous et merci d'être présents à cet événement. Avant de débuter, j'aimerais qu'on puisse tous avoir une pensée pour mon père à cette date d'anniversaire macabre.

Il y a un an, jour pour jour, mon père mourait de son cancer et me léguait tout le parc – ainsi que toutes les emmerdes – comme si je n'avais pas déjà suffisamment à gérer, avec la perte de ma femme l'année précédente et ma fille qui avait besoin de moi plus que jamais. Heureusement, ma mère et Bettina sont là pour m'épauler, elles tiennent le navire à flot et ça me fait du bien d'avoir des gens sur qui compter.

Ne reste plus qu'à garder la nounou d'Harper malgré notre relation furtive et torride le week-end dernier qui a bien failli tout compromettre. Désormais, je réalise que mes escapades, anonymes dans l'ombre du club, ne sont plus une option. À partir de demain, ma vie sera scrutée et exposée au grand jour, ce qui signifie que je dois faire preuve d'une prudence extrême, surtout dans le domaine des relations personnelles. L'approche « masqué » n'est donc plus au programme.

— Permettez-moi de me présenter : James Harry Greyson. Officiellement, depuis une semaine, je suis devenu le fier propriétaire de Nightmare Island. Je sais que pour vous, cela fait déjà un an, mais en réalité, le processus de succession a été beaucoup plus complexe que prévu, avec son lot de complications et d'imprévus.

Je lève mon verre de champagne, suivi pas tous les convives.

— Je compte sur vous pour continuer à faire vivre le parc.

J'inspire. Il est temps de dévoiler un peu de moi, de ma vie.

— Il y a un peu plus de deux ans, j'ai vécu une tragédie qui a ébranlé ma vie. J'ai perdu ma femme, Céleste, lors de l'accouchement de notre fille Harper. Sa perte a été déchirante et pour échapper à ce gouffre de douleur, j'ai plongé dans le travail. C'est alors que j'ai créé le club « Lucifer », un moyen de fuir, de m'occuper l'esprit, de ne pas penser à ce que je ressentais vraiment. L'année dernière, mon père nous a quittés. C'était un coup dur de plus. Mais, je remercie chaque jour ma mère, qui a été une véritable épaule sur laquelle je pouvais me reposer, ainsi que Bettina Templeton. Elle a géré tant de choses en coulisses et a joué un rôle crucial dans le parc. Aujourd'hui je fais d'elle ma nouvelle collaboratrice.

Je regarde Bettina, en bas de la scène, qui semble surprise par ces révélations. Sans un mot, je tends la main pour l'inviter à me rejoindre. Elle monte les petits escaliers et se place à mes côtés. Un câlin chaleureux et reconnaissant s'ensuit.

— Mademoiselle Templeton était déjà une employée dévouée de Nightmare Island, mais désormais, elle occupe le poste qui reconnaît pleinement son travail acharné... ainsi que le salaire qui lui est dû.

L'assistance réagit par un rire spontané, l'atmosphère se détend et tous applaudissent.

— Nightmare Island est un lieu unique. C'est bien plus qu'un simple parc d'attractions. C'est un lieu de magie, de découvertes et d'aventures inoubliables. Cette saison d'Halloween promet d'être la plus spectaculaire que nous ayons jamais offerte. Que cette nuit marque le début de notre saison d'Halloween. Embrassez la magie, l'horreur, et surtout, l'amusement. Nightmare Island vous ouvre ses portes pour vous faire vivre des aventures exceptionnelles, pour partager des rires, des cris et des frissons. C'est une période où tout est permis, où le réel se mêle à l'irréel, où les cauchemars prennent vie.

Je marque une pause et sourit à toutes les convives.

— Alors, préparez-vous, car le cauchemar commence ici, ce soir ! Merci à tous de nous rejoindre, et que cette saison d'Halloween à Nightmare Island soit mémorable !

L'applaudissement chaleureux des invités retentit. Je descends de la scène, serre quelques mains amicales et prends part aux discussions mais mes yeux sont inlassablement attirés par la belle brune à la robe dorée. D'ailleurs, très bon choix de tenues. J'aime les petits volants qui habillent le tissu.

Nos regards se croisent furtivement, le mien reste plus longtemps happé par sa silhouette. Lucy a ce « je ne sais quoi  » qui ne laisse personne indifférent. Et son sourire est vraiment beau et sincère. Elle éclate de rire quand l'un des garçons de son nouveau groupe d'amis, lui chuchote quelque chose à son oreille.

Est-ce son petit ami ? Impossible, je les ai vu traîner ensemble samedi soir dernier et après elle m'a sauté dessus – ou c'est moi ? Je ne sais plus mais en tout cas elle en avait autant envie que moi.

La soirée bat son plein, l'excitation de l'ouverture d'Halloween se fait sentir dans l'air. Lucy et moi continuons de nous croiser, nos regards se mêlent parfois dans des échanges muets, chargés de cette tension inexplicable qui s'est créée entre nous.

Tout à coup, je ressens le besoin irrésistible de m'approcher d'elle, d'aller lui parler. J'approche du groupe, mais à peine ai-je le temps d'ouvrir la bouche que Victoria – la croqueuse d'hommes – lance quelques mots à mon intention.

— Monsieur Greyson, super discours.

J'incline doucement la tête pour la remercier. Lucy se retourne dans ma direction et me fixe, un sourire mutin sur ses lèvres rouges.

— Vous avez réussi à vous débarrasser de votre fan club armé de flash?

Je ne peux m'empêcher de sourire à sa remarque.

— Oui, et heureusement. Je ne suis pas très à l'aise devant les caméras.

— Oh que oui ça se voyait... Enfin, je veux dire par là que... tente-t-elle de se rattraper.

Je lève la main pour la faire taire. J'apprécie la franchise de cette nana.

— Vous avez raison Lucy, j'étais crispé mais je vais m'améliorer avec le temps et l'habitude...

— Vous êtes parfait, continue Victoria encore en chasse.

Je sais qu'elle a des vues sur moi. Elle est plutôt jolie mais un poil trop... insistante. Et puis, je ne couche pas avec mes employées – Lucy n'était pas encore mon employée, pas totalement du moins. Sans parler du fait que même s'il m'arrive d'avoir quelques aventures, ce n'est pas habituel. En deux ans, j'ai dû coucher avec six ou sept femmes tout au plus, dans un moment d'égarement, comme avec Lucy l'autre fois.

— Personne ne l'ai, ajouté-je en jetant encore un long regard sur miss Bellerose.

Regard qui ne passe pas inaperçue car le gars qui rigolait avec elle précédemment se met à tousser puis, il tend une main vers moi.

— Mike Jones, je bosse en tant que vigil dans le parc.

Je saisis la poigne qu'il me tend, avec fermeté, un message implicite dans mon regard : « Ne t'approche pas trop de la Nanny, mec. ».

Bien que, techniquement, je n'aie pas réellement mon mot à dire sur ce sujet.

— Enchanté, monsieur Jones.

Les autres jeunes se présentent tour à tour. Ils font tous partie de mon équipe, et je me rends compte avec un brin de frustration que je ne connais pratiquement personne. Cette soirée sert aussi à combler cette lacune, à rencontrer les visages qui travaillent pour moi. 

 

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