Chapitre 28

607 124 90
                                    

James.

La réunion s'éternise. Je retiens les bâillements qui m'étreignent tandis que Bettina n'arrive pas à cacher les gargouillements de son estomac. Je me lève, un sourire aux lèvres et rassemble les dossiers devant moi après un coup d'œil appuyé sur ma montre.

— Je suis dans le regret de vous annoncer que je dois quitter cette réunion car j'ai extrêmement faim. Bettina, tu peux prendre ta pause.

La brune me lance un regard rempli de remerciement, tandis que je lui balance un clin d'œil et elle quitte la pièce sous les regards ahuries des hommes dégarnis en costard qui pensent que « parce qu'ils ont des actions dans le parc, qu'ils peuvent se permettre de bousculer notre pause déjeuner ». Je ferme les boutons de ma veste et reprend d'une voix plus douce :

— Nous reprendrons demain, même heure.

Chaque homme quitte la pièce et je m'affale sur le siège que je tourne pour avoir une belle vue sur le parc en perpétuellement mouvement. Bettina tape à la porte et dépose un en cas sur la table.

— J'ai fait des lasagnes hier soir, m'avoue-t-elle. Je me suis dis que tu n'allais pas prendre le temps de cuisiner, alors je me suis permise d'en prendre une part pour toi.

Je lui sourit.

— Tu devrais demander à la nounou de te faire quelque chose. Je ne pense pas qu'elle refuse, surtout si tu lui demandes gentiment et avec ton plus beau sourire. Tu les fait toutes craquer avec tes fossettes.

Je passe une main dans ma nuque gêné par ce compliment. Elle remarque mon trouble et lève les mains tout en les secouant.

— Ne croit pas que je te drague, ce n'est pas le cas ... Tu n'es pas mon genre, lâche-t-elle avec rapidité.

Je fronce les sourcils décontenancé par la tournure que vient de prendre la conversation.

— Enfin, tu es bel homme, très bel homme mais tu vois, je ne mange pas ce pain-là.

Décidément, je ne suis pas doué pour décrypter les signaux, que ce soit avec elle ou Klay.

— Tu es ... lesbienne ?

— Ouais et en couple depuis trois mois avec une beauté qui fait tourner les têtes.

Elle rigole, lance sur la table des couverts que j'attrape avant de piquer dans l'assiette qu'elle m'a préparée. Je ferme les yeux, m'imprègne totalement du goût des lasagnes et en profite pour discuter un peu plus avec Bettina. Je crois que je ne m'intéresse pas assez aux gens autour de moi. Je sais que ça peut paraître totalement égoïste, ou peut-être qu'ils se disent tous que le patron ne veut rien savoir de ses employés, mais ce n'est pas totalement la vérité. Je suis peut-être un peu fermé, souvent préoccupé par la peur de perdre les gens qui comptent pour moi. Je réalise que je devrais faire un effort pour aller au-delà de ma propre réserve et vraiment connaître ceux qui m'entourent. Mon emploi du temps bien chargé, les responsabilités qui pèsent sur mes épaules, le fardeau de la perte de Céleste ont contribué à façonner cette facette de ma personnalité.

***

Je profite de l'accalmie pour allumer la caméra de surveillance et espionner ce que font les filles. Depuis quelques jours, je résiste à l'envie de jeter un œil à la vidéo, parce qu'à chaque fois je sais pertinemment que quelque chose s'agite en moi dès que je la vois, elle ; Lucy.

Aujourd'hui, je les observe, un sourire niais sur mon visage alors que Lucy court après ma fille, qui lui fait des misères. Hier, Harper avait dessiné sur le mur et j'ai vu Lucy en train de frotter avec détermination le pan de mur. Ce qui me fait le plus rire, c'est que c'est justement l'un des rares que je laisse Harper utiliser comme toile. Mais ça, Lucy ne le sait pas et la voir nettoyer – avec sérieux – m'a beaucoup amusé. Boucle d'or se glisse derrière un rideau tandis que la nounou feint de ne pas la voir et prétend fouiller partout sauf là où la petite se cache.

Leurs rires résonnent dans la pièce, emplissant l'atmosphère de légèreté et de joie. C'est étrange comme ces moments de complicité apportent de la chaleur dans ma vie. Je me sens presque coupable d'être le spectateur invisible de ces instants de bonheur, mais je ne peux pas m'en empêcher.

Harper frotte ses yeux et Lucy comprend qu'elle fatigue et qu'il est l'heure pour elle d'aller faire la sieste. Elles disparaissent du champ de vision de la caméra et j'entends au loin la brune chantonner une chanson en français pour endormir Harper. Je ferme les yeux, me laisse également bercer par la mélodie.

Je me fais réveiller en sursaut par un bruit sourd. Lorsque j'ouvre mes paupières, je découvre Lucy qui balance un chapelet d'insultes à un jouet sur lequel elle a marché. Elle retire son collant – et merde ... – et s'installe sur le canapé. J'hésite à éteindre la caméra, lui laisser son intimité et surtout sa pause, au calme, mais je ne peux pas m'empêcher d'admirer la jeune femme. Elle lève sa jambe, regarde sa plante pour voir si elle ne saigne pas.

Je saisis mon téléphone, lui envoie en message. Je rêve de la taquiner, de la voir rougir, là- tout de suite.

« Vous êtes bien fragile, Mademoiselle Bellerose. Ce n'est qu'un jouet, pas un clou ! ».

Je regrette aussitôt d'avoir envoyé le SMS, alors je tente de le supprimer, mais il est déjà marqué comme « lu ». Je relève mon visage vers la caméra. Elle aussi. Elle fixe l'objet en fronçant des sourcils, puis se lève et je l'entends parler.

— C'est du voyeurisme !

Elle croise les bras sous sa poitrine qui remonte d'un cran – re merde ... – et moi je rigole, comme un con en envoyant un autre message.

« Je m'assure que vous vous occupez bien de la prunelle de mes yeux mais également, que vous suivez mes instructions à la lettre. Ce n'est pas le cas : Pas de robe ! »

— Je n'ai pas pris beaucoup d'affaires en venant à Londres et je travaille beaucoup trop pour m'acheter de nouvelles fringues. Je n'ai d'ailleurs pas encore eu mon salaire, fait-elle mine de râler.

« C'est une excuse bidon ! Mais bien. Si vous voulez, demain soir vous terminerez une deux heures plus tôt et avant de rentrer chez vous pour le weekend, vous passerez acheter quelque chose de convenable. »

Lucy s'agenouille, ramasse les jouets qui traînent au sol et saute sur son portable dès que celui-ci émet un petit tintement – signe de ma réponse. Sa bouche s'arrondit lorsqu'elle fixe la caméra alors que je l'entends marmonner un « Vous vous êtes fait étouffer par une robe dans votre enfance ou quoi, pour les détester à ce point ? ».

Grognon, elle reprend sa besogne et se penche pour récupérer quelque chose sous le canapé.

« Bon dieu, Lucy ! On voit presque vos fesses », osé-je.

Elle pose la peluche qu'elle a dans sa main, sur le canapé et lit mon message puis, elle se penche encore une fois en criant :

— Vous n'avez qu'a éteindre cette putain de caméra et me laisser bosser en paix !

Sans plus attendre, elle attrape les pans de sa robe et la tire en avant pour dévoiler sa dentelle.

J'écarquille mes yeux de surprise. Cette nana est incroyable ! Elle va me tuer.

Je balance mon téléphone sur le bureau et quitte mon observation quand la porte s'ouvre sur Jasper, mon ami de toujours.

Je balance mon téléphone sur le bureau et quitte mon observation quand la porte s'ouvre sur Jasper, mon ami de toujours

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Note de l'auteure :

Bon. Je ne peux toujours pas répondre à vos commentaires et ça me peine terriblement. Néanmoins, continuez de m'en mettre, j'adore lire vos réactions à chaud ♥

J'espère pouvoir bientôt prendre le temps de vous répondre à toutes.Love.Kate

Nightmare IslandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant