Chapitre 47

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5 mois plus tard.

James.

Jasper enfonce délicatement quelques billets dans le string d'une danseuse exotique et s'affale sur le canapé, tout en prenant plaisir à regarder le spectacle qui se déroule devant ses yeux, sur la barre en métal.

La femme enchaîne les figures avec force et sensualité. La barre tourne, la fille se retourne, cale le creux de sa jambe sur le fer, laisse retomber l'autre pour s'équilibrer et pousse son corps en arrière. Elle tournoie quelques secondes dans cette position, puis se relève avec la seule force de ses abdos pour enchaîner.

— Je vais chercher une deuxième bouteille.

Bettina, sa petite amie et mon pote opinent, les yeux toujours rivés sur la belle en sous-vêtement.

Je me penche sur le bar, tapote celui-ci de mes doigts en attendant de pouvoir attirer l'attention d'un serveur. Une ombre se place à côté de moi et une voix féminine résonne, libérant un courant électrique dans tout mon corps.

— Vous m'offrez un verre, James Harry Greyson ?

Je me tourne et l'image qui se matérialise devant moi, me glace le sang. Mégane est là, ses cheveux bruns lâchés qui retombent et dansent sur ses reins, sa bouche pulpeuse, son grain de beauté sous son œil. Elle est accoudée au bar d'une posture décontractée, mais son regard angoissé montre le contraire. Elle manque d'assurance, a peur de ma réponse.

— Még...

— Je m'appelle Mégane Bellerose, enchantée.

Je n'ai pas le temps de parler, qu'elle se présente, comme si nous nous rencontrons pour la première fois.

— Mégane, soufflé-je enfin.

Je suis content de la revoir, mais j'ai encore cette boule au ventre quand je sais que depuis tout ce temps elle a menti sur son identité et son métier. Je lui ai accordé ma confiance.

Mégane lève sa main pour m'arrêter.

— Je suis française, couturière. Je confectionne toutes sortes de robes, mais depuis peu je me consacre aux déguisements pour enfant. Depuis que j'ai rencontré une petite blonde qui voulait être une citrouille.

Alors c'est elle qui a fabriqué le sublime déguisement d'halloween d'Harper ? J'ai aucun mal à l'imaginer derrière une machine à coudre, concentrée à la tâche, un bout de langue sortant de sa bouche comme une enfant, comme quand elle laçait contentieusement les chaussures de ma fille.

— Je suis vraiment effrayée par Halloween, continue-t-elle.

— Écoute...

— Laisse-moi finir ! J'ai révisé devant mon miroir des millions de fois sans trouver les mots justes, alors laisse-moi essayer une dernière fois.

Je hoche la tête. J'ai aussi envie de savoir ce qu'elle a à me dire. J'ai terriblement envie d'écouter le son de sa voix qui m'a manqué, de voir ses lèvres bouger, les mêmes que j'ai embrassé et que je rêve de croquer entre mes dents.

— Lorsque j'étais ado, on faisait du porte à porte avec une amie et un gars déguisé en clown nous a couru après avec sa tronçonneuse. On pensait qu'il rigolait, que c'était juste pour faire des blagues. Mais quand il m'a attrapée et que je suis tombée, j'ai vu dans son regard que ce n'était pas un jeu. Heureusement, la police est arrivée. On nous a appris que c'était un fou qui était recherché pour avoir déjà fait des blessés ce même soir. Je n'ai jamais raconté ça à personne, je ne voulais pas revivre cette scène...

Mon cœur palpite à une vitesse folle. J'imagine la peur qu'elle a dû ressentir, ce qu'elle a vécu.

— Le deuxième fois où j'ai cru mourir c'était à Nightmare Island quand l'ex de ma sœur m'a trouvée. C'est à moi qui voulait du mal, pas à Lucy. J'ai détruit sa vie et il voulait détruire la mienne. Ce même soir, j'ai appris qu'il avait poussé ma sœur dans les escaliers. Ce fût un sacré choc, tu sais.

Nightmare IslandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant