Nightmare Island

Chapitre 29

Mégane.

Je termine le rangement de la pièce, vais dans la cuisine me chercher un café et me pose dans la salle de bain, à même le sol, afin d'éviter d'être épiée. Je savais qu'il y avait des caméras de surveillance, Lucy m'avait prévenu, mais de là à ce qu'il regarde encore, ça me sidère. Il n'a clairement pas confiance en moi, et je ne sais pas trop comment je dois le prendre. Je bois une gorgée de ma boisson, me brûle la langue, grogne de frustration.

— Il me surveille !

— C'est écrit dans le contrat, il n'y a rien de surprenant, Mégane, déclare ma sœur à l'autre bout du téléphone.

— Je comprends pourquoi les autres ont démissionné.

Il y a un silence de l'autre côté de la ligne, puis ma sœur lâche un long soupir.

— Écoute, je sais que ce job est compliqué, mais il paie bien et c'est temporaire. Tu as besoin de cet argent et moi de l'expérience qu'il offre, alors n'oublie pas pourquoi tu es là. Tu as déjà survécu à bien pire.

À mon tour de laisser échapper un soupir d'exaspération.

— Attends ! Tu ne comptes tout de même pas démi...

— Non non ! la rassuré-je. Mais quand même, tu te rends compte ? Harper enchaîne les crises, mes horaires sont dingues, je n'ai même pas l'impression de me reposer la nuit parce que je rêve de cette gamine ! Je suis H24 dans cette maison et heureusement que je rentre du vendredi au dimanche chez toi, parce que ça ne donne clairement pas l'impression de déconnecter. Dormir sur son lieu de travail est une plaie. En plus de ça, James est tellement canon qu'il faudrait que je me crève les yeux pour arrêter de baver sur lui à chaque fois que je le croi...

Je me stoppe consciente de ce que je suis en train de déballer à ma jumelle.

Je dois arrêter de parler de lui.

— Tu touches avec les yeux Mégane ! Je te préviens !

— Oui oui, je t'ai dis, je ne le vois presque jamais. Il est absent. Ce mec passe à côté de la vie de sa fille...

Bon ouais, ma façon de me rattraper n'est pas vraiment élégante et cool vis à vis de lui. James essaie le plus possible d'être présent pour sa fille et surtout, je sais que c'est temporaire ; nous sommes dans la saison la plus importante pour le parc et c'est ce pourquoi, James m'a embauchée – enfin ma sœur pour être plus précise, alors que moi je suis en train de lui mentir... De leur mentir.

Ce constat attise encore plus ma colère, alors que je déverse ma rage contre ce foutu job, les caméras et la pauvre petite blonde qui n'est qu'une petite fille en manque d'attention. Je sais tout ça et pourtant je me voile la face sur les vraies raisons de mon accès d'ire.

Je ne suis qu'une menteuse.

Mais vous comprenez pas vrai ?
J'ai couché avec lui deux fois et c'était tellement bon que je suis prête à recommencer des centaines de fois, même si ça veut dire « mettre en péril l'avenir de ma sœur ». C'est égoïste, je sais.

Mon cœur fait une embardée.
Une larme coule le long de ma joue, une de celle qui est impossible à retenir.
Je suis vraiment très fatiguée.

Mais je suis aussi très effrayée qu'il découvre, à la caméra, le pot au rose ou l'arnaque que je suis en train de lui offrir sur un plateau d'argent : ma fausse identité.

La sonnette retentit. Je me lève d'un bond, raccroche avec ma sœur et me jette sur la porte pour renvoyer le malotrus qui sonne alors que la petite dort. Mais je me retrouve face au visage amical de Jasper.