Tu sautes, je saute

Chapitre 7

Thomas Anderson

     Mes amis sont pliés de rire, attirant quelques regards sur nous. Ma situation a l'air de bien les amuser. J'ai peut-être agi sur un coup de tête en faisant passer Amalie pour ma copine, mais j'aurai au moins aimé un peu de soutien de la part de mes potes.

     - Dites moi quand vous aurez fini de rire, je râle en portant ma bière à mes lèvres.

     - Pardon ! C'est juste que de tous les trucs débiles que tu as fait, ça c'est probablement le pire.

     Jordan fait mine d'essuyer une larme au coin de l'œil alors que je lève les yeux au ciel.

     - Avoue que c'était pas l'idée la plus brillante que tu ais eu, renchérit Aaron.

     Il lève les mains en signe de résignation face au regard assassin que je lui assène. Je ne peux pas totalement les blâmer de se moquer non plus. C'est vrai que ce n'était pas la chose la plus judicieuse que j'ai pu faire durant ma courte existence.

     - Je comprends toujours pas pourquoi tu t'obstines à repousser Katelyn, reprend Jordan. Elle est gentille. Et clairement pas désagréable à regarder, il ajoute avec une intonation lourde de sens.

     Il m'offre quelques haussements de sourcils pour appuyer ses propos. Un grognement résonne dans le fond de ma gorge.

     - Si elle vous plait tant que ça, vous n'avez qu'à sortir avec elle.

     Jordan et Aaron soufflent, alors qu'Eliott soutient mon regard. Il n'a pas besoin de parler pour que je sache ce qu'il a en tête. Tout ceci ne part pas d'une mauvaise intention, mais je ne suis simplement pas intéressé et je ne comprends pas l'obstination de mes proches à vouloir me pousser dans ses bras.

     - Ça te détendrait vraiment d'avoir quelqu'un, souffle Aaron. Tu pourrais sortir avec elle, l'emmener dîner ou aller au cinéma.

     - Pourquoi faire ?, je réponds dans la foulée.

     - Tu n'as pas envie d'avoir quelqu'un dans ta vie ? Savoir que tu n'es jamais seul, que cette personne t'attend tous les soirs, et que tu sais que tu te réveilleras à ses côtés le matin.

     C'est la chose la plus absurde que j'ai entendue de la journée.

     - Je te remercie Aaron, mais j'ai déjà des potes et ça me suffit amplement.

     - Compte pas sur nous pour t'attendre le soir.

     La remarque de Jordan m'arrache un gloussement.

     - Ce que je veux dire, reprend Aaron après lui avoir asséné un coup de coude, c'est que ça te ferait du bien d'avoir quelqu'un sur qui t'appuyer. Autre que nous.

     Ses paroles traversent mon esprit alors que je ne comprends pas son acharnement à vouloir me faire découvrir la vie d'un homme amoureux.

     - Rah, depuis qu'il est en couple on dirait qu'il vit sur un petit nuage, fait remarquer Eliott.

     - T'es jaloux ?, je taquine mon meilleur ami.

     - Moi qui pensais que vous étiez matures.

     Aaron roule des yeux à son tour avant de nous observer tour à tour après sa remarque.

     On forme le même groupe depuis la fac, et mes amis m'ont toujours apporté le soutien nécessaire, c'est pour cela que je n'ai jamais ressenti le besoin d'avoir quelqu'un dans ma vie.

     Jordan est le caractère fort. Il a toujours une blague ou une remarque pas toujours intelligente à faire. Même s'il fait preuve de la même empathie qu'une huître, il sait toujours comment changer les idées après une mauvaise journée. Pour lui, les études supérieures ne rimait pas avec diplôme et révision, mais avec fête et alcool. Il est l'exact opposé d'Aaron. L'argentin a un grand cœur. Il sait écouter et a toujours les meilleurs conseils.

     Et c'est sans compter Eliott. Il sait presque tout de moi et je n'ai pas eu besoin de lui expliquer qui était Amalie, il était déjà au courant. Mais comme moi, il a été surpris qu'elle se trouve à Los Angeles. Et je sais qu'il ne va pas me lâcher tant que je ne lui ai pas présenté.

     De toutes les femmes qui ont croisé ma route, Amalie est probablement la seule pour qui j'ai eu de réels sentiments. Ces sentiments se sont dissipés avec le temps, jusqu'à ce que mon meilleur ami me fasse remarquer le sourire idiot qui orne mes lèvres quand j'ai évoqué ma rencontre inattendue avec la brune. J'ai souligné le fait qu'à l'époque, elle ne me laissait pas indifférent, mais mon meilleur ami n'a pas manqué de relever que c'était sûrement toujours le cas aujourd'hui.

     Mes potes sont déjà partis sur un autre sujet de discussion alors que je repense à toute cette histoire. Je n'ai pas encore reçu d'appel de ma mère, mais ça ne saurait tarder, et je n'ai aucune idée de ce que je vais bien pouvoir lui dire.