Thomas Anderson
- Oh allez Tom ! Depuis combien de temps tu n'as pas passé une soirée en bonne compagnie ?
Je lève les yeux au ciel. Mon meilleur ami se tient à l'entrée de mon bureau et attend une réaction de ma part alors que je laisse échapper un soupir de frustration.
- Pourquoi vous essayez tous de me caser ?
Eliott me toise puis fait quelques pas dans ma direction.
- Je cherche pas à te caser, il me lance en croisant les bras contre sa poitrine. Je veux juste te faire sortir et voir du monde, tu n'es pas obligé de t'engager tu sais.
Mon regard alterne entre mes mails et ses yeux verts. Il n'est définitivement pas décidé à me lâcher. Quand il a une idée en tête, il ne l'a pas ailleurs.
- Après je comprends tes parents, il poursuit. En 25 ans, tu ne leur as jamais présenté personne. Ils vont finir par croire que tu es gay.
Sa remarque me fait hausser un sourcil. Quand bien même ça serait le cas, ça m'est bien égal.
- Je dis juste que c'est sûrement pour ça qu'ils essayent de te pousser à sortir avec Katelyn. Elle est mignonne après tout.
- C'est pas la question, je rétorque. Je n'ai pas envie de sortir avec quelqu'un pour faire plaisir à mes parents !
Je sais que mes parents veulent le meilleur pour moi, mais je sais aussi qu'ils veulent assurer leur descendance, et avoir des enfants est bien la dernière chose à laquelle je pense pour le moment.
Je ne leur ai jamais présenté les filles avec qui je suis sorti car ça n'a jamais été assez sérieux pour qu'on en arrive là. Les quelques relations que j'ai eu n'ont pas duré plus de trois semaines, je n'ai jamais eu envie de m'engager plus. Et c'est sans compter mon père qui me sollicite tellement pour assurer le bon fonctionnement de l'entreprise familiale que ça me fait passer l'envie d'avoir quelqu'un dans ma vie.
- Ok oublie les filles, reprend mon meilleur ami, juste toi et moi.
- Pas de plan drague foireux ?, je lui réponds.
- Je peux rien te promettre.
Sa remarque m'arrache un rire. Eliott est mon meilleur ami depuis près de six ans. Alors qu'on suivait les mêmes cours de commerce à UCLA, on est devenu amis quand il a effectué un stage dans l'entreprise de mon père. Après l'obtention de nos diplômes, on a tous les deux intégré Pacific Wine Co. Depuis, mon père est mon patron et mon meilleur ami, mon collaborateur. Ce n'est pas non plus si désagréable. Je sais que je peux toujours compter sur la compagnie d'Eliott quand mon paternel me rend dingue. Mais mon meilleur ami a aussi son caractère. Une de ses activités préférées consiste à me charrier sur mon accent anglais, bien qu'il se soit estompé avec le temps. Il ne manque jamais une occasion de jouer de son charme dès qu'une femme entre dans son champs de vision. Heureusement, il est loin d'être un gros lourd et ne se montre pas insistant quand son interlocutrice lui exprime qu'elle n'est pas intéressée. Il est galant et courtois. Ce sont des qualités qu'il aurait d'après lui hérité de mes ancêtres anglais. Mais selon ses dires, étant donné que je ne suis qu'à moitié anglais, ça fait que je ne suis qu'à moitié galant et ça expliquerait pourquoi je ne reste jamais longtemps avec une femme. Je sais qu'il dit ça uniquement pour m'embêter, d'autant plus que ma mère m'a assez bien éduqué pour que je sois toujours respectueux. Mais pour lui, c'est la raison pour laquelle je n'ai personne dans ma vie, et ça n'a rien à voir avec le fait que je ne veux pas ouvrir mon cœur.
- Le boss vient d'ajouter une réunion cet après-midi, reprend Eliott, me ramenant à la réalité.
- Il ne s'arrête jamais, je soupire en pensant à mon père qui se plonge encore dans le travail à son âge.
- Il n'a pas envie de s'arrêter, poursuit mon collègue. En tout cas, pas tant qu'il ne te pense pas capable d'assurer la relève.
C'est le projet de mon père : me voir prendre la tête de Pacific Wine Co. Il est encore un peu jeune pour prendre sa retraite, mais il n'arrête pas de parler du jour où il me léguera fièrement la direction de l'entreprise familiale.
- Le jour où tu seras mon patron, tu pourras me donner une augmentation, ajoute Eliott.
Je laisse échapper un rire alors que je le chasse de mon bureau afin de me concentrer sur la tonne de mails qui s'est accumulée ce week-end.
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Tu sautes, je saute
RomanceAmalie ne s'attendait pas à se voir offrir une promotion au sein de l'agence new yorkaise pour laquelle elle travaille. Il n'y a qu'une condition, qu'elle accepte de passer quelques mois à Los Angeles pour s'occuper d'un dossier. Elle ne s'attendait...