Chapitre 39

241 10 1
                                    

Thomas Anderson

     Je réduis l'espace qui sépare le visage d'Amalie du mien pour ne laisser que quelques centimètres. Je promène mon regard de ses yeux hazel à ses lèvres rosées. Est-ce que je suis capable de faire ça ? Est-ce qu'elle en a envie autant que moi ?

     Je n'ai pas le temps de me poser plus longtemps la question que la sonnette de son appartement retentit, me ramenant immédiatement à la réalité. La distance qui nous séparait s'agrandit considérablement alors que je me racle la gorge. Elle s'apprête à se lever alors que je l'interromps.

     - Laisse, j'y vais.

     Je m'empresse de me lever et me dirige vers la porte. Je maudis intérieurement la personne qui nous a interrompu. Je soupire discrètement en ouvrant et resserre ma prise sur la poignée lorsque je découvre l'homme qui se tient sur le palier.

     Lorsqu'il m'aperçoit, il me dévisage. Le culot.

     - Qu'est-ce que tu fais là ?, il me demande.

     J'étouffe un rire. Pardon ?

     - Je te retourne la question, je lâche d'un ton sec.

     - Je viens voir Amalie.

     Evidemment, c'est lui qui nous a interrompus. J'aurais dû m'en douter. Je tente de me contenir alors qu'une petite silhouette brune se glisse à mes côtés.

     - Josh, mais qu'est-ce que tu fais ici ?

     Sa voix traduit sa surprise. Elle ne s'attendait pas à le voir, mais elle ne semble pas enchantée. Bien que ça n'a pas l'air de la déranger non plus.

     - Je voulais m'assurer que tu allais bien, comme tu n'étais pas là aujourd'hui.

     - C'est gentil de ta part, mais ça va.

     Il l'observe avec insistance. Il doit probablement s'attendre à ce qu'elle s'ouvre à lui. Comment il peut encore oser se pointer après tout ce qu'il lui a fait endurer ? Je glisse mon bras dans le dos de la jeune femme.

     - Je voulais, hum... Je voulais te parler Li.

     Je ne peux empêcher mon corps de se tendre. Mais qu'est-ce qu'il veut, bon sang ?

     - Ce n'est pas trop le moment Josh, elle souffle.

     - S'il te plaît Li, il faut que je te parle.

     - Elle t'a dit que ce n'était pas le moment.

     J'ai le droit à une œillade noire de la part de "l'invité surprise". Je ne sais pas ce qu'il cherche à faire, mais il est loin de me faire peur. Il reporte son attention sur ma copine. Il la supplie du regard, et cette dernière cède.

     - On se voit plus tard ?, elle me dit en se tournant vers moi.

     Je soutiens son regard, tentant de la dissuader, mais je sais que c'est peine perdue.

     - Tu m'appelles si tu as besoin de quoi que ce soit.

     - Promis.

     Elle tente de me rassurer. Ça ne me plait pas de la laisser avec ce tocard mais je n'ai pas le choix. Je pose mes lèvres sur son front avant de me glisser entre elle et ce Joshua. Je ne manque pas de le fusiller du regard au passage. Je me retiens de le mettre en garde, parce qu'on est à côté d'Amalie. Mais si elle n'avait pas été là, je ne me serais pas gêné de lui dire ce que je pense de lui.

     Je sors de l'immeuble et me résous à rentrer chez moi à contre-coeur. Je me console en me disant que s'il y a quoi que ce soit, je ne suis pas loin. Mais si ça ne tenait qu'à moi, ce type n'aurait même pas osé se présenter à sa porte.

     Je ne comprends pas comment il espère encore pouvoir la récupérer après tout ce qu'il a fait. La tromperie est une chose, mais vouloir l'éloigner de ses amis ? Lui reprocher des choses qui ne sont pas de sa faute ? Comment peut-il dormir la nuit ?

     Je n'ose même pas imaginer tout ce que Li a dû encaisser. Ni comment elle supporte le fait de se trouver à nouveau dans la même pièce que lui. Alors le voir sur le pas de sa porte après avoir passé la journée à souffrir à cause de son ventre, avec tout ce qu'il a pu lui dire, n'en parlons pas.

     Je traverse les deux blocs qui nous séparent et rentre dans mon appartement. Tout paraît calme, étrangement calme. Je ne peux pas m'empêcher de me demander ce que cet abruti doit bien avoir d'aussi important à dire à Li pour débarquer chez elle comme ça. Plus j'y pense, et plus ça me fout en rogne.

Tu sautes, je sauteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant