Amalie LeBlanc
J'ai passé mon dimanche à repenser à Thomas. Je ne sais pas pourquoi nos rapprochements occupent tant mon esprit, mais j'ai encore l'impression de sentir ses doigts parcourir mon dos. C'est sûrement dû au fait que ça fait près d'un an que je suis célibataire et que je suis probablement en manque de contact physique.
Je reporte mon attention sur la tonne de mails qui s'accumulent sur mon ordinateur pour tenter de penser à tout, sauf à ça. Le week-end est fini alors je dois me concentrer, et me poser des questions sur la nature de ma relation avec Thomas est bien la dernière chose dont j'ai besoin actuellement. De toute façon, il sait aussi bien que moi qu'aux yeux des autres, nous sommes ensemble et amoureux, mais qu'en réalité nous ne sommes que des amis.
Je réponds aux sollicitations de Laure et commence à prévoir avec elle vers quels distributeurs ou gamme de clients nous allons nous tourner. Je réfléchis également à la soirée de lancement que je dois préparer mais l'idée semble beaucoup moins m'enchanter quand je pense au fait que je vais devoir faire appel à Josh. Peut-être que je pourrais juste appeler Dan pour préparer tout ça, même s'il est à New York. Les deux hommes occupent de toute façon le même poste, et faut-il vraiment être sur place pour tout gérer alors que je suis là pour le faire ? C'est un point qui s'ajoute à ma to-do list et qui requerra mon attention à un autre moment.
Je perçois mon estomac qui crie famine mais je l'ignore encore un peu, n'ayant pas la motivation de me lever de mon bureau pour aller chercher à manger. Un jour, ma flemme me tuera c'est sûr. Ou c'est peut-être simplement une excuse pour ne pas croiser Josh dans les couloirs... Je préfère penser que c'est de la flemme. Je parcours les fiches produits que Maya, la cosméticienne de Douce Aurore, m'a envoyé en tentant de me concentrer sur ce que je lis.
- Tu n'as pas bougé depuis que je suis parti ?
Je ne relève pas la tête, sachant pertinemment à qui cette voix appartient. Je fais mine de continuer ma lecture en faisant abstraction de sa présence, mais il ne semble pas du même avis.
- Li, tu devrais manger quand même.
Je sers les dents et jette un rapide coup d'œil à ma montre. 14h37.
- Je te remercie Josh, mais je n'ai pas besoin que tu me le rappelles, je m'en sors très bien toute seule.
Il rebrousse chemin et je me dis qu'il s'est enfin décidé à me laisser tranquille. Mais il semblerait que je me sois trompée. Un quart d'heure après, il dépose un sachet Five Guys sur mon bureau et repart aussi vite qu'il est arrivé.
J'aurai bien aimé lui dire que je n'ai pas besoin qu'il me serve à manger, mais l'odeur du burger au bacon prend le dessus et je mets mon travail en pause pour le déguster. Alors que je savoure mes frites, un message attire mon attention. Thomas m'invite au bar avec ses amis demain soir. Je lui notifie que je viendrai avec plaisir, et il en profite pour me dire que ses amis m'ont adoré.
Ils ont été adorables avec moi. Je repense à la manière dont ils voulaient s'assurer que je tenais vraiment à Thomas et que je n'allais pas lui briser le cœur. S'ils savaient... Jouer la comédie n'est pas évident, surtout quand il s'agit de mentir à ses proches. Mais le fait que Thomas et moi soyons amis facilite la tâche. Nous avons une bonne entente naturelle, donc nous avons juste à rajouter les petites attentions physiques et le tour est joué. Ça semble même très facile dit comme ça. Mais lui et moi savons que cette histoire n'a pas d'avenir, du moins pas sur le plan romantique. Et le fait que je serai repartie à plus de 4 000 kilomètres dans quelques mois ne nous mettra pas dans la position délicate de devoir s'éviter ou agir comme si tout ça n'avait jamais existé. La fin de mon repas me force à me replonger la tête dans le travail et à quitter mon flot de pensées.
*
Je rentre de la soirée bar avec Thomas et ses amis alors que tout ce dont j'ai envie est de m'enrouler dans mon plaid et regarder les drames de Gossip Girl. Néanmoins, les températures élevées de ces derniers jours m'obligent à passer plus de temps avec mon ventilateur qu'avec ma couverture. Je remarque un appel en absence de ma mère, mais en prenant en compte le décalage horaire, il est cinq heures du matin en France. Je la rappellerai demain matin, pour ne pas la réveiller. Évidemment, elle n'aura pas besoin de savoir que je suis dans une fausse relation avec une connaissance de longue date, mais elle sera ravie d'apprendre que Madame et Monsieur Anderson les saluent, elle et mon père. Je repense à leur cuisine qui me manque. Je ne suis pas rentrée en France depuis un an et demi, et bien que cela me manque énormément, mes fiançailles avec Josh, ma rupture et mon poste à la Cité des Anges ne m'ont pas laissé le temps de penser à retourner à Paris. Mes parents pensent que tout se passe à merveille pour moi aux Etats-Unis, et ils sont fiers de voir leur fille réussir alors je ne veux pas qu'ils s'inquiètent pour le reste. Les drames de la vie de Serena et Blair suffisent à me faire relativiser les miens, bien que tout serait plus simple si j'habitais un penthouse dans l'Upper East Side.
Je me demande si cette idée de fausse relation était vraiment bonne. L'avantage, c'est que ça me fait sortir de chez moi et faire autre chose que travailler, mais est-ce que j'avais vraiment besoin de faire ça pour rester loin de Josh ? Est-ce que c'était mon but d'ailleurs, ou juste un moyen de le rendre jaloux ? J'empêche mon esprit d'ouvrir cette porte et me contente de déguster mes pâtes devant un Nate et une Serena amoureux. Comme quoi, l'amour existe toujours.
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Tu sautes, je saute
RomanceAmalie ne s'attendait pas à se voir offrir une promotion au sein de l'agence new yorkaise pour laquelle elle travaille. Il n'y a qu'une condition, qu'elle accepte de passer quelques mois à Los Angeles pour s'occuper d'un dossier. Elle ne s'attendait...