Chapitre 10

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Amalie LeBlanc

     Que je l'accompagne à déjeuner chez sa famille ? Voilà une demande à laquelle je ne m'attendais pas. Je pense à la présence de Katelyn à ce repas. D'un autre côté, ça me parait normal de jouer le jeu pour lui si il accepte de le faire pour moi. C'est pour ça que je réponds :

     - D'accord.

     Des fossettes se dessinent sur ses joues alors qu'il sourit. Il fixe un point vague, semblant réfléchir.

     - Si on le fait, il faut le faire bien.

     Je lui demande des précisions, cherchant à savoir où il veut en venir.

     - Il faut qu'on se mette d'accord sur certaines choses, pour que ça paraisse plus crédible.

     Sur ce point, il n'a pas tort.

      - Comme sur le "comment".

     Cette fois-ci, c'est lui qui m'interroge du regard.

     - Comment on s'est mis ensemble.

     - Oh !, il s'exclame. Et bien...un peu après t'être séparée de...Joshua c'est ça ? On a repris contact, puis on s'est rapproché et on s'est mis ensemble après s'être vus au centre commercial l'autre jour.

     On a notre "comment". Mais avant que j'ai le temps d'ouvrir la bouche, il ajoute.

     - On peut même dire que tu étais secrètement amoureuse de moi au lycée.

     Je tente de dissimuler le tressaillement qui parcourt mon corps. Je me doute que c'est un élément qu'il crée pour que notre "histoire" paraisse crédible, mais à cet instant, je me demande s'il est possible qu'il ait remarqué le faible que j'avais pour lui à l'époque. Je cache l'expression de surprise qui menace d'habiller mon visage alors que je parviens à formuler quelques mots.

     - Et pourquoi ça ne serait pas toi qui était secrètement amoureux de moi au lycée ?

     - Toutes les filles étaient à mes pieds, il répond un sourire en coin. Ça aurait pu être ton cas aussi.

     Si tu savais. Je suis terrifiée à l'idée qu'il ait conscience de mon coup de cœur pour lui, mais ce qu'il dit a une grande part de vérité. La plupart des filles, et même quelques garçons, tombaient d'admiration face à son regard sombre et son sourire à l'adolescence. Et ça m'agaçait. Je n'étais pas la seule personne qui espérait être remarquée par Thomas, et il pouvait avoir n'importe qui s'il le voulait. Alors la meilleure amie de sa petite sœur n'avait aucun intérêt. Ça doit sûrement être encore le cas aujourd'hui d'ailleurs. Mais je n'ai aucune envie qu'il s'imagine des choses.

     - D'accord mais on a qu'à dire que c'est toi qui m'a fait une belle et grande déclaration parce que tu es tombé éperdument amoureux de moi quand on s'est retrouvé.

     Il laisse échapper un grognement.

     - Pourquoi toutes les femmes rêvent d'une grande déclaration romantique ? On est pas Rose et Jack.

     - Tu viens vraiment de faire une référence à Titanic ?

     Il sort un simple "bah quoi ?" alors que je ne lâche pas son regard, un rictus collé aux lèvres.

     - C'est juste que Titanic est un très bon exemple en termes de déclaration d'amour.

     Il me toise à son tour, un air interrogateur animant son visage. Je laisse échapper un gloussement alors qu'il me questionne.

     - Tu as vu Titanic au moins ?

     J'hausse les épaules alors qu'il semble interloqué.

     - Ce n'est pas un crime, je me défends.

     - On regardera Titanic alors, comme ça tu sauras de quoi je me suis inspiré pour ma déclaration.

     Je sens mes joues chauffer alors qu'il ne me lâche pas du regard.

     - Tu vois d'autres choses ?, je lui demande.

     - Il va falloir tenir cette histoire un petit moment pour que mes parents y croient. Dans quelques semaines, on simulera une rupture. Mais en attendant, il va falloir que ça paraisse réel.

     - Réel du genre ?

     - Qu'on se voit de temps en temps, que tu passes me chercher quand je finis le travail pour que mon père le voit, que tu m'accompagnes dès que j'ai un évènement familial. Il y a mes potes aussi...

     Je prends en compte ce que cela implique au fur et à mesure qu'il me fait part des conditions de notre "fausse relation". Je me demande si c'est vraiment une bonne idée, mais je prends conscience que c'est toujours mieux que d'avouer la vérité à Josh.

     - Et tes potes ?, je l'incite à poursuivre.

- Il faudra que ce soit réel pour eux aussi. S'ils crament, surtout Eliott, ça ne marchera pas.

     - Et pour Sarah ?

     Il fronce les sourcils.

     - Comment ça pour Sarah ?, il rétorque.

     - Je sais pas si tu es capable de mentir à ta sœur, mais moi je suis incapable de mentir à ma meilleure amie. C'est bien la seule qui se rendrait compte de la supercherie.

     Il paraît prendre ma remarque en compte, se demandant si c'est une bonne ou une mauvaise idée.

     - Elle pourrait toujours nous couvrir si jamais on a besoin, j'ajoute.

     - D'accord, mais elle a pas intérêt à faire de gaffes, il répond finalement en soupirant.

Tu sautes, je sauteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant