Thomas Anderson
- Oh, ma belle Amalie ! Que me vaut ce plaisir ?
La voix de mon père résonne dans le couloir alors que l'entente de ce prénom me provoque un sursaut. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle vienne jusqu'ici.
- Je viens voir votre fils ! Il ne serait pas terré dans son bureau par hasard ?
Sa douce voix se fait entendre à son tour et à le don de me détendre légèrement.
- Si, il ne l'a pas quitté de la semaine ! Je me demandais quand est-ce que tu allais venir l'en sortir !
J'entends son rire puis des bruits se rapprochent de plus en plus. Je reprends contenance et fait semblant d'être concentré sur mon ordinateur. Tout à coup, mon écran d'accueil parait très intéressant. Je sens la jeune femme s'immobiliser à l'entrée de mon bureau mais je n'ose pas lever la tête pour l'observer. J'ai passé ces derniers jours à ruminer les paroles absurdes que je lui ai lancé en regrettant. J'ai laissé la jalousie prendre possession de mon esprit alors que ce n'est clairement pas le genre de personne que j'ai envie d'être. J'avais prévu d'aller sonner à sa porte dans les prochaines vingt-quatre heures pour tenter de m'excuser, mais je n'aurai jamais pensé qu'elle viendrait jusqu'à moi d'abord.
- Hey, dit-elle finalement, n'osant pas s'approcher.
Je relève la tête pour la découvrir dans l'embrasure de la porte. Elle a l'air toute timide, jouant avec ses doigts, et j'ai l'impression de la revoir dix ans en arrière. Mais je sais pertinemment qu'aujourd'hui elle est une femme forte qui ne se laisse pas impressionner. J'ai eu l'occasion de le voir à plusieurs reprises... et de l'expérimenter.
- Hey, je lui dis en esquissant un sourire.
Elle semble se détendre un peu et se redresse avant de reprendre la parole.
- J'ai faim. On va dîner ?
Elle n'a pas besoin d'en dire plus. Je ferme mon ordinateur et me lève pour la suivre. Je salue mon père en passant et on regagne sa voiture. On s'installe dans sa Tesla en silence. L'ambiance n'est pas aussi tendue que ce à quoi je m'attendais, mais je n'aime pas sentir cette gêne entre nous. Je me suis comporté comme un abruti, et je compte bien arranger les choses. Elle démarre et s'insère dans la circulation. Elle ne m'a pas dit où on allait, mais je lui fais confiance. Alors que les notes de Birds résonnent, je réunis mon courage pour engager la discussion.
- Li, je voulais m'excuser pour l'autre jour.
Elle reste concentrée sur la route, profitant de la musique de son groupe préféré, mais je sais qu'elle m'écoute et qu'elle attend que je poursuive.
- Je ne pensais pas ce que j'ai dit, et je m'excuse. Sincèrement.
Son visage s'adoucit et elle tourne rapidement la tête vers moi, avant de reporter son regard sur la route.
- Moi aussi je suis désolée Tom.
Ma poitrine se desserre en découvrant qu'elle ne m'en veut pas. Je n'aurais pas lâcher l'affaire si ce n'avait pas été le cas, et je me serais accroché jusqu'à ce qu'elle me pardonne. Mais je suis soulagé de savoir qu'elle ne m'en tient pas rigueur.
- Ma semaine a été très ennuyante sans toi, elle murmure. C'est vraiment dur de t'en vouloir, tu sais ?
Elle m'arrache un éclat de rire face à sa moue boudeuse. Amalie a vraiment le don de rendre plus léger le moindre tracas.
- Alors, on va où ?
- Surprise, tu verras bien !
Je me retiens d'insister, sachant qu'elle est tellement têtue qu'elle ne me donnera même pas un seul indice.
On sort d'un restaurant français au bord de la plage et je ne peux m'empêcher de m'exclamer :
- C'était vraiment délicieux !
Son doux sourire affole mon rythme cardiaque alors que je suis content d'avoir retrouvé mon amie.
- Enfin, pas aussi bon que quand c'est toi qui cuisine, mais pas mal, j'ajoute.
Un rire se glisse entre ses lèvres alors que ses yeux noisettes m'observent.
- Tu as encore de la place pour un dessert ?, elle m'interroge.
- Toujours.
Je paye le glacier et on rejoint le bord de l'océan. Je pose mon regard sur elle et je la découvre en train de déguster sa glace à la vanille. Son visage est beaucoup plus serein, et je préfère largement la voir comme ça que contrariée.
- Pourquoi tu me fixes comme ça ?
Elle me tire de ma contemplation et son expression confuse m'amuse.
- Je me disais juste que ta sale tête m'avait manquée ces derniers jours.
- Je sais, je fais souvent cet effet là.
Je rigole alors qu'elle se met de la glace sur le nez.
- Oh t'es pas possible ! On dirait une enfant, je souffle.
Je me sers de ma serviette pour l'essuyer alors que notre proximité ne me laisse pas indifférent. Je recule d'un pas et tente de ne pas me laisser décontenancer.
- Voilà, c'est mieux comme ça.
Elle me scrute en silence. Je peux deviner en la regardant qu'il y a quelque chose qu'elle ne me dit pas. Mais on vient à peine d'arranger les choses entre nous, je n'ai pas envie de créer de nouveau un fossé entre elle et moi.
- Merci, elle murmure.
On reprend notre marche en silence. Le soleil s'est couché il y a peu et des étoiles commencent à se découvrir dans le ciel.
- C'est magnifique, n'est-ce pas ?
Amalie suit mon regard et contemple les astres à son tour.
- On ne les voit pas aussi bien, à New York.
Je reporte mon attention sur elle. Elle parle rarement de New York. Pourtant, je sais que c'est une ville qu'elle affectionne tout particulièrement. J'ai l'impression qu'elle n'en parle pas car ça la projette à son départ qui approche. C'est quelque chose qui ne m'enchante pas, mais je sais qu'il va falloir finir par en discuter. Pour l'instant, je me contente de profiter de sa présence à mes côtés et du calme de cette soirée.
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Tu sautes, je saute
RomanceAmalie ne s'attendait pas à se voir offrir une promotion au sein de l'agence new yorkaise pour laquelle elle travaille. Il n'y a qu'une condition, qu'elle accepte de passer quelques mois à Los Angeles pour s'occuper d'un dossier. Elle ne s'attendait...