Thomas Anderson
- Je n'ai rien dit hier, mais tu ne peux pas rester ici dans cet état mon fils. Rentre chez toi.
La voix de mon père me fait lever la tête alors que j'ai recommencé à fixer le vide, comme je l'ai fait la veille. Je n'ai pas la tête à travailler, mais il y a trop de choses à faire pour que je rate des jours. Bien que je ne fasse pas grand chose.
- Tu as essayé de l'appeler ?
- Plusieurs fois. Mais elle n'a pas répondu, je soupire.
- Je peux te dire une chose ?
Je lui fait un signe de la tête alors qu'il continue.
- Tu crois qu'entre ta mère et moi ça a toujours été le grand amour ? Moi aussi j'ai fait des erreurs, et j'ai dû ramer pour me faire pardonner. Ta mère ne m'a pas facilité les choses non plus. Mais quand on aime quelqu'un, ça vaut le coup.
Mon père est loin d'avoir tort. Mais il ne sait toujours pas que notre relation de ces derniers mois n'était qu'une mise en scène. Enfin, officiellement en tout cas. Mon silence s'éternise alors mon paternel reprend.
- Sarah m'a dit qu'elle repartait quand même à New York.
J'acquiesce d'un signe de la tête.
- Tu ne veux pas essayer de la retenir ?
- J'ai essayé, mais elle ne répond pas au téléphone. Je ne vois pas ce que je peux faire de plus.
Le regard brun de mon père me toise.
- Tu es passé chez elle ?, il m'interroge.
- Je ne suis pas sûr qu'elle ait très envie de me voir...
- Je t'ai connu plus déterminé, fils.
Mes yeux se perdent de nouveau dans le vague.
- Prends quelques jours. Rentre et pense à ce que je t'ai dit. Tu devrais être chez elle à lui parler plutôt que de ruminer ici. Mais si c'est comme ça que tu as envie de t'y prendre...
J'arque un sourcil.
- Va te reposer et reviens dès que tu te sentiras mieux, il m'ordonne.
- Mais on a beaucoup de choses à faire, je m'exclame.
- Eliott est déjà sur le coup, il m'assure. Maintenant arrête de te chercher des excuses et file.
Je me lève et il me tape sur l'épaule avant que je sorte de mon bureau. Je regagne ma voiture et m'insère dans la circulation. Je n'arrête pas de me demander ce que je dois faire. Je finis finalement par me garer en bas de chez Amalie et vais sonner chez elle. Je reste sans réponse alors je finis par appeler ma sœur. Elle a à peine décrocher que je lance directement :
- Tu sais où est Amalie ?
- Tu t'es enfin réveillé !
Je me retiens de râler.
- Sarah, sérieux !
L'intonation de ma voix traduit l'urgence de la situation.
- Son avion décolle bientôt. Elle doit déjà être à l'aéroport. Tu ferais mieux de te dépêcher si tu ne veux pas la rater.
- Merci beaucoup frangine !
- Et Thomas, ne merde pas cette fois.
Cela ressemble plus à une menace qu'à un encouragement.
- Ce n'est pas mon intention.
Je raccroche et m'empresse de retourner à ma voiture.
*
Je n'arrive pas à croire que je suis arrivé trop tard. Son avion a décollé à la seconde où j'ai mis un pied dans l'aéroport.
J'ai espéré la voir. J'ai espéré qu'elle ait décidé de ne pas prendre ce vol. J'ai attendu une heure en faisant les cent pas. Mais rien. Elle est partie. Je l'ai appelé des dizaines de fois. Mais rien. Je ne peux pas croire que je l'ai perdue. Je ne peux pas l'avoir perdue.
Et pourtant, j'ai été aussi lâche qu'au lycée.
Je n'étais déjà pas capable d'aligner deux mots quand il s'agissait de lui parler à l'époque. Je ne lui ai jamais dit qu'elle me plaisait quand j'en avais l'occasion. Et j'ai reproduit la même erreur.
Je me haïs intérieurement.
Je suis désolé Sarah, j'ai de nouveau merdé je crois.
J'ai laissé un message vocal à Amalie dans un dernier espoir. Elle pourra toujours l'écouter une fois arrivée à New York.
De retour chez moi, je m'affale dans mon canapé et ressasse ces derniers jours. Je ne sais pas ce que je peux faire de plus cette fois-ci. Mais peut-être que nous n'étions pas fait l'un pour l'autre et c'était la manière qu'a utilisé l'univers pour nous le montrer.
Mais je refuse de croire à cette théorie.
Je ne peux pas croire qu'Amalie et moi ne soyons pas faits l'un pour l'autre.
Je ne veux pas croire que les mois qui viennent de s'écouler ne voulaient rien dire.
Je l'aime.
Je n'ai plus peur de le dire.
Et je ne veux pas en rester là.
Amalie et moi, ça ne peut pas être fini avant même d'avoir commencé.
Je ne laisserai jamais une chose pareille arriver.
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Tu sautes, je saute
RomanceAmalie ne s'attendait pas à se voir offrir une promotion au sein de l'agence new yorkaise pour laquelle elle travaille. Il n'y a qu'une condition, qu'elle accepte de passer quelques mois à Los Angeles pour s'occuper d'un dossier. Elle ne s'attendait...