Chapitre 42

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Amalie LeBlanc

     Les rayons de soleil qui illuminent ma chambre me tirent de ma nuit de sommeil. Je n'ai pas aussi bien dormi depuis un moment. J'ouvre doucement les yeux en pensant au rêve que j'ai fait cette nuit. Thomas à côté de moi, dans mon lit. Ses bras autour de moi. Ma tête contre son torse. Un bruit provenant de l'extérieur de ma chambre me fait me relever brusquement.

     Ce n'était pas un rêve ?

     Je pose mes pieds à terre et constate que je porte les mêmes vêtements que lorsque je suis rentrée, tard hier soir. C'est déjà ça. Puis mes souvenirs reviennent peu à peu. Nous, dans le canapé, devant Avengers. Ça veut dire que je me suis endormie ? Donc Thomas m'a porté jusqu'à mon lit. Est-ce qu'il a vraiment dormi avec moi ? Pour le savoir, je me lève et entre dans le salon. De l'autre côté de la pièce, je découvre une silhouette masculine blonde qui s'active dans la cuisine. Il est dos à moi, alors il ne remarque pas tout de suite ma présence. Il finit par se tourner et esquisse un sourire en m'apercevant.

     - Ça fait longtemps que tu m'observes comme ça ?

     Je sens mes joues légèrement chauffer.

     - Je...non. Je ne t'observais pas, je bafouille. Hmm, tu as dormi ici ?

     - Oui.

     Face à mon expression confuse, il ajoute.

     - Ça te pose un problème ?

     - Non, pas du tout !, je m'empresse de répondre alors que je m'approche.

     - C'est toi qui m'a demandé de rester, en fait.

     Son ton trahit sa nervosité. Ou du moins, c'est ce que je perçois comme de la nervosité.

     - Ah bon ?

     - Tu ne t'en rappelle pas ?, il me questionne, un sourire en coin.

     Pas vraiment, mais ce n'est pas pour me déranger. Même si j'aurais tout de même préféré me réveiller dans ses bras.

     - Tu prépares le petit-déjeuner alors ?, je renchéris.

     - Oui, je fais des pancakes !

     - Thomas Anderson qui cuisine ?

     Ma manière d'exagérer mon étonnement lui arrache un rire.

     - J'apprends. J'espère simplement ne pas avoir raté la pâte.

     Son air sceptique m'amuse alors que je sors une poêle.

     - On va bien voir, je lance.


     - C'est pas si mal, je m'exclame. C'est même plutôt bon !

     - La prochaine fois, aies l'air un peu moins surprise.

     Je ne peux retenir un gloussement alors qu'il s'attèle à la cuisson d'un nouveau cercle de pâte.

     - Peut-être que l'élève va dépasser le maître, il reprend en se tournant vers moi.

     - C'est bien d'y croire en tout cas.

     Mon ton espiègle lui provoque un sourire franc. Une vague de chaleur se répand dans mon corps à cette vue mais je tente de ne rien laisser paraître.

     - C'est toujours bon pour le mariage de ma tante ?

     - Bien sûr ! J'ai d'ailleurs une séance shopping cet après-midi avec ta sœur pour trouver une robe !

     Il hausse les sourcils avant de se tourner de nouveau dos à moi pour retourner le pancake dans la poêle.

     - J'ai hâte de voir celle que tu vas choisir alors.

     - Pour ça, il faudra attendre le jour J !

     D'un ton rieur, il répond.

     - Pourtant ce ne sont pas nous les mariés. Ça ne va pas nous porter malheur si je vois ta robe avant la cérémonie.

     La commissure de mes lèvres s'étire.

     - Je veux garder l'effet de surprise.

     Il lève les mains en signe de capitulation. Ce fameux week-end arrive à grand pas, et je reconnais l'appréhender. D'une part parce que toute la famille de Thomas et Sarah sera là, pas uniquement ses parents, et d'autre part parce que ça sonne la fin de ma présence à Los Angeles. Il me reste à peine un mois à passer à la Cité des Anges.

     Beaucoup de choses se sont passées ces derniers temps, et je m'imagine mal rentrer à New York et reprendre le cours de ma vie comme avant. J'ai le sentiment d'avoir trouvé ce que j'ai toujours cherché ici, et je ne parle pas de la ville. Une part de moi me souffle que c'est Thomas, mais il est plus facile d'ignorer ce qu'elle a à me dire. De toute façon, l'affection que je lui porte s'estompera une fois que nous serons éloignés. Je vais retrouver ma place à l'autre bout du pays, et j'espère obtenir le poste de Responsable Marketing dont Laetitia m'a parlé. C'est la raison pour laquelle je suis venue ici après tout. Parvenir à l'objectif que je me suis fixé il y a quelques mois devrait me réjouir bien plus que ça. Alors pourquoi penser à repartir en laissant tout ça derrière moi me serre le cœur ?

     - Tiens, régale toi !

     Thomas m'arrache à ma réflexion en déposant un nouveau pancake dans mon assiette, ainsi qu'une tasse de thé fumante. Il est définitivement l'homme idéal. Est-ce à cause de ça que je redoute autant l'idée de le quitter ?

Tu sautes, je sauteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant