Chapitre 15

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Thomas Anderson

     - Je repars demain. J'aurai aimé rester plus longtemps mais ça sera pour une prochaine fois !

     J'observe Amalie échanger avec sa responsable en sirotant une coupe de champagne. C'est vrai que le domaine d'expertise de ma fausse petite-amie est loin du mien, mais Laetitia semble apprécier le travail d'Amalie. Ce n'est absolument pas ce qu'elle prévoyait de faire au lycée, mais elle semble bien s'en sortir. Enfin c'est ce que je suppose étant donné qu'elle est ici.

     - Bon, je vais vous laisser profiter de la soirée, mais si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite surtout pas à m'appeler.

     Ma cavalière remercie sa patronne, et cette dernière s'éclipse pour aller à la rencontre d'autres invités.

     - Et du coup du marketing ?, j'interroge Amalie.

     - Oh, et bien oui, elle me répond presque dans un sursaut.

     - Ce n'est pas ce que tu prévoyais de faire à la base, non ?

     Ses yeux me scrutent. Ma question semble avoir remué quelque chose en elle.

     - Non, en effet, elle reprend finalement. C'est mon frère qui m'a donné envie de faire ça.

     En y repensant, je me rappelle que son frère était parti étudier le marketing à Dublin lorsqu'Amalie est entrée au lycée, à Londres.

     - Et toi, le vin du coup ?

     Je la toise à mon tour. C'est vrai que ce n'est pas ce que j'imaginais au lycée non plus.

     - Je suis les pas de mon père.

     Cette réponse sort automatiquement. Aucun de nous ne semble vouloir s'étaler sur le sujet, alors on profite simplement de la vue du rooftop et des coupes de champagne le temps que cette soirée dure.

*

     - Si ce n'était pas l'idée d'Amalie je te tuerai, tu le sais ça ?

     Ma sœur m'adresse une œillade meurtrière.

     - Ce n'est que l'histoire de quelques semaines, puis ce n'est pas comme si on sortait vraiment ensemble.

     Je tente de me défendre sans succès. Je sais que c'est un combat perdu d'avance avec Sarah.

     - Mais pourquoi tu fais croire ça aux parents ? Tu penses vraiment qu'ils vont tomber dans le panneau ?

     - J'espère bien. C'est tout le but en fait.

     Un nouveau regard noir m'est adressé alors que je m'aplatis sur ma chaise.

     - Je veux juste que papa et maman arrêtent d'essayer de me pousser dans les bras de Katelyn, je reprends en soupirant.

     - Et donc ta solution, c'est de faire croire à tout le monde que tu sors avec ma meilleure amie ?

     - Tu as une meilleure idée peut-être ?, je rétorque.

     Elle soupire à son tour. Elle semble partagée entre la compassion et la colère. C'est vrai que ça aurait pu être quelqu'un d'autre que sa meilleure amie, mais quand Amalie a débarqué chez moi pour me demander mon aide, elle a été autant la solution à mon problème que je l'ai été au sien. Puis c'est l'occasion de passer du temps avec elle autrement que par le biais de Sarah, et c'est loin de me déplaire.

     - On peut compter sur ta discrétion ?, je lance.

     Elle reste silencieuse. J'entendrai presque les rouages de son cerveau tourner.

     - C'est pour de faux ?

     J'hoche la tête de haut en bas pour acquiescer.

     - Tu me promets que tu ne tomberas pas amoureux d'elle ?

     Je cambre les sourcils et un rire menace d'émaner.

     - Thomas je suis sérieuse.

     - Pardon, je réponds. Ça n'arrivera pas.

     J'affirme que ça n'arrivera pas, mais je ne peux pas le lui promettre. Ma réponse semble tout de même la satisfaire.

     - Je sais que t'as toujours été doué pour te mettre dans des situations débiles, mais je pense que tu as battu ton record là.

     Je ne relève pas sa remarque. Elle reste ma sœur et la chose qu'elle préfère c'est se payer ma tête. Je la laisse faire parce que je sais que si je réplique, elle sera capable de dire la vérité sur Amalie et moi, et c'est un risque que je ne veux pas prendre.

     On finit de déjeuner alors que je ressasse ses paroles. "Tu me promets que tu ne tomberas pas amoureux d'elle ?" Mes sentiments pour Amalie se sont estompés depuis le lycée, et notre amour est tout ce qu'il y a de plus fictif. Alors pourquoi quand ma sœur me parle de son travail, je ne parviens pas à être attentif à une seule de ses paroles, repensant au marché que j'ai passé avec sa meilleure amie ?

     - Dis le si je t'ennuie avec mes histoires , me elle sort de mes pensées.

     - Non pas du tout, c'est vrai que ces acteurs d'Hollywood oublient que sans vous, il n'y aurait pas de films.

     - Tu m'étonnes, quelle bande de starlettes !

     Je pouffe à sa remarque. Sarah a beau adorer travailler dans le cinéma, je sais que sa patience a des limites et que lorsque les acteurs se comportent comme des divas, ça la rend dingue. Heureusement qu'elle est douée sinon elle n'aurait pas tenu longtemps dans ce milieu.

Tu sautes, je sauteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant