Chapitre 24

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Amalie LeBlanc

     Je dépose des tomates dans mon panier alors que je réfléchis à ce que je vais bien pouvoir me préparer ce soir. Au détour du rayon snacks, j'aperçois une tête blonde familière.

     - Anderson !, je m'exclame alors qu'il se tourne face à moi, étonné.

     - Amalie ? Je ne m'attendais pas à te croiser ici.

     - Dans l'épicerie à côté de chez moi tu veux dire ?

     - Elle est aussi à côté de chez moi, il ajoute.

     La coïncidence nous amuse. Il est vrai que nous habitons à deux blocs l'un de l'autre, donc il n'est pas étonnant que nous nous croisions finalement. Thomas reste quelques secondes à m'observer alors que j'analyse le contenu de son panier.

     - Des pâtes, des chips et des sodas, vraiment ?, je le taquine.

     Il rigole alors qu'il mime l'innocence.

     - Tu sors avec une française je te rappelle, notre relation est censée être basée sur la bonne nourriture.

     Mes allusions l'amuse et il s'empresse de me répondre.

     - Je ne suis pas un grand cuisinier tu sais, je n'ai pas le savoir-faire français.

     Je lève les yeux au ciel en riant.

     - Rendez-vous à seize heures chez moi. Et amène une bouteille de rouge...ou deux, je lui dis.

     Il semble chercher ses mots, ne s'attendant probablement pas à ma proposition.

     - D'accord, on se voit tout à l'heure alors.

     Il me sourit et se dirige vers la caisse alors que je le salue. Je dresse une liste de ce qu'il va nous falloir dans mon esprit et je parcours les rayons pour être sûre de ne rien oublier.

     A seize heures tapantes, on sonne à ma porte. Je traverse le séjour et ouvre à mon invité. Il entre avec deux bouteilles dans les mains et découvre mon lieu de vie.

     - C'est ici le cours de cuisine particulier ?, il plaisante. Sympa la vue.

     Son regard parcourt des baies vitrées qui laissent apparaître Los Angeles.

     - Aller, on a du travail, je lui indique en attrapant une des bouteilles.

     - On commence par quoi ?

     Il semble réellement décider à s'appliquer, et je salue son sérieux. Je sors la viande du frigo et il m'observe avec attention, attendant les premières instructions.

     - Si tout se passe bien, ce soir on aura un bon bœuf bourguignon.

     - Tu es bien ambitieuse Li.

     Je tente de ne pas laisser transparaître que le fait qu'il m'appelle "Li" ne me laisse pas indifférente et me concentre sur notre repas.

     - Je suis fille de cuisiniers Tommy, j'ai appris à cuisiner avant même de savoir marcher.

     Il esquisse un sourire alors que je lui tends un couteau et lui demande d'émincer le bœuf, idéalement sans se couper un doigt. Il rit à ma remarque alors qu'il me signale qu'il ne sait peut-être pas cuisiner, mais qu'il sait se servir d'un couteau comme il faut. J'attends de voir. Je m'occupe des carottes et des pommes de terre, que j'avais préalablement épluchées. Je suis impressionnée de voir à quel point Thomas prend la tâche vraiment à cœur et s'applique à couper des morceaux de même taille.

     - Et maintenant cheffe ?, il m'interroge après avoir fini sa tâche.

     - Maintenant, on va faire revenir les oignons et les lardons avec un peu de beurre.

     Il me scrute, tentant de saisir chacun de mes mouvements pour pouvoir les répéter lorsqu'il préparera lui-même ses repas. J'ajoute ensuite la viande et lui montre comment la faire revenir à feu vif. Il paraît sceptique au fait qu'il puisse réussir à faire ça de lui même, mais je lui assure qu'il lui faut juste un peu de confiance. Je lui indique alors d'ajouter les carottes et les pommes de terre au mélange, ainsi que les champignons. Je verse à mon tour le vin sur la préparation.

     - Normalement, on utilise du vin de Bourgogne, je lui notifie, mais on va dire que ça fera l'affaire.

     - Sachez mademoiselle LeBlanc que le vin de Pacific Wine Co est excellent.

     - Je n'en doute pas, mais ça ne vaut pas le vin français, je rétorque.

     - Je vais te prouver le contraire.

     Pendant que je sel et poivre, Thomas ouvre la seconde bouteille et verse une partie de son contenu dans les verres à vin que je lui ai sorti.

     - À mon tour de t'apprendre quelque chose, il dit en me tendant le verre.

     Je place le couvercle sur la cocotte afin de laisser mijoter notre repas avant d'attraper ce qu'il me tend.

     - Pour reconnaître un bon vin, il commence en observant le contenu de son verre, comme celui que l'on fait, il ajoute en me jetant un regard, il faut d'abord l'observer et le sentir.

     Mon visage se couvre d'une expression sérieuse, prêtant attention à chacune de ses paroles.

     - Tu peux observer ce qu'on appelle la robe, il poursuit. C'est l'apparence et la couleur du vin. Là, on a un vin d'un rouge intense avec un bel éclat de disque.

Tu sautes, je sauteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant